Alors qu’il était un des groupes de metal européens les plus influents à l’arrivée du troisième millénaire, Stratovarius a lentement mais sûrement sombré. A cause de problèmes internes, d’abord. Et de musique décevante, ensuite. Au moment où nous les croyions morts et où toute l’attention s’était portée sur Revolution Renaissance, le combo où officie désormais Timo Tolkki, arrive Polaris. Emmené par un soliste qui ne nous fait pas spécialement regretter l’ex-tyrannique leader, le nouveau line-up revient aux premiers amours de Stratovarius – Visions n’est pas loin – et devrait reconquérir un public dispersé dans les concerts de Hammerfall, Sonata Arctica et autres DragonForce. Timo Kotipelto, le chanteur, revient pour nous sur ces moments troubles.
Ce n’est un secret pour personne, Stratovarius a vécu pas mal de moments difficiles avec son line-up ces dernières années, depuis la sortie d’Elements Part II. Sans revenir sur tous les événements extra-musicaux et les tensions entre les membres, est-ce que tu as sérieusement pensé à un moment que c’en était fini pour vous ?Timo Kotipelto : C’est un truc qui traînait dans l’air, c’est évident. Cela ne date pas uniquement des sessions de notre nouvel album. Quand j’ai reçu le fameux e-mail en octobre 2007, je crois, où en gros on comprend que tout est fini. Timo Tolkki avait de nouvelles idées en tête et il voulait prendre un nouveau départ, bla, bla, bla… Quelques semaines auparavant il avait signé un contrat solo avec une maison de disques sur la base des chansons que nous avions jouées tous ensemble et sur lesquelles nous avions investi beaucoup de temps et d’argent. Dans notre esprit, elles constituaient le nouvel album de Stratovarius ! Quand ce genre d’événements vous tombe dessus, il est assez difficile de garder le moral, plus rien n’a d’importance… Evidemment, des tensions avaient déjà eu lieu par le passé mais nous n’avions encore jamais pensé que tout pourrait s’arrêter. Toujours est-il qu’après la réception de l’e-mail, j’ai contacté Jens Johansson, Jörg Michael et Lauri Porra et je leur ai dit que malgré tout je voulais continuer à jouer de la musique avec eux. A ce moment-là, nous ne savions pas vraiment quel genre de musique nous allions pouvoir faire. Nous ne savions même pas si ça serait sous le nom de Stratovarius ou non ! Mais tu sais, la musique et le chant sont les seules choses que je maîtrise donc je n’avais pas vraiment d’autres plans en tête (rires). Il fallait juste finaliser les « détails », comme trouver un guitariste supplémentaire et écrire des chansons (rires). Il y a seulement un an, nous n’avions rien de tout cela. Nous n’avions pas de futur (rires) ! Finalement, le fait que les choses se sont très bien arrangées relève du miracle.
Il est vrai que vous avez trouvé un super guitariste, Matias Kupiainen, pour prendre la place de Timo Tolkki. Dans quel état d’esprit étiez-vous quand il vous a rejoint ? Cherchiez-vous à recréer le plus fidèlement possible le son initial de Stratovarius ou est-ce que vous vouliez explorer de nouvelles pistes musicales avec lui ?
Timo Kotipelto : Déjà, je tiens à dire que j’avais rencontré Matias deux ans plus tard mais à ce moment-là j’ignorais qu’il était aussi doué à la gratte. Lauri avait vu une émission de télévision à propos de guitar heroes et Matias était le premier à jouer. Evidemment, Lauri a été très impressionné et le lendemain il m’appelle et me dit qu’il a trouvé le nouveau guitariste pour le groupe ! Il avait tout : la technique et la présence. Je l’ai rencontré par la suite et c’est là que je me suis rappelé que je l’avais déjà vu. Je lui ai proposé de rejoindre nos rangs et il a dû réfléchir trois secondes avant de répondre un enthousiasmant « ok » (rires). Cela a été facile pour nous car nous n’avons pas dû faire passer d’auditions ou placer de la publicité un peu partout. Bien entendu, j’ai dû vérifier s’il connaissait notre musique. Il n’avait que les albums Episode et Visions. Il n’avait pas spécialement suivi ce que nous avions fait par la suite. Il a de grosses affinités avec le metal progressif mais il sait également jouer d’autres trucs. Il a amené pas mal d’idées sur notre disque, notamment pour le premier morceau « Deep Unknown » qui va nous servir de clip.
Matias est bien plus jeune – il a vingt-cinq ans – que les autres membres du groupe. Est-ce que cela a une quelconque incidence sur vos rapports ?
Timo Kotipelto : Il n’a que cinq ans de moins que Lauri. Mais c’est vrai que Lauri a environ dix ans de moins que moi (rires). Tout ceci n’a finalement pas beaucoup d’importance car Matias est quelqu’un qui a la tête sur les épaules. Il n’a peut-être que vingt-cinq ans mais il est assez mature. Ce qui était important également est qu’il ait le même sens de l’humour que nous. Nous sommes tous assez barges dans le groupe et il y a trouvé sa place ! C’est un super remplaçant pour Timo Tolkki.
Est-ce que Stratovarius se sent aujourd’hui comme un nouveau groupe ?
Timo Kotipelto : Oui, dans un sens. Mais ce qui est encore plus important est que je ressens la même chose qu’au moment où j’ai rejoint le groupe il y a quatorze ou quinze ans. J’ai une sérieuse envie de bien faire à nouveau. Nous avions bien failli tout perdre donc nous sommes plus heureux que jamais de pouvoir jouer sous la bannière de Stratovarius.
Pour les concerts c’est également un nouveau départ maintenant que Tolkki a quitté le navire ?
Timo Kotipelto : Bien sûr ! Nous ne pouvions pas donner autant de concerts que nous voulions car Tolkki n’aimait pas ça. Nous allons maintenant jouer dans des pays où nous ne sommes encore jamais allés ! C’est hyper excitant.
Avec le départ de Tolkki, vous allez perdre pas mal de fans, au moins dans un premier temps. De plus, le précédent album était assez catastrophique et votre fanbase s’est réduite en conséquence. Allez-vous donc continuer le groupe si Polaris est un échec commercial et/ou critique ?
Timo Kotipelto : Il est évident que l’aspect commercial ne peut pas être occulté complètement. Nous verrons ce qu’il se passe mais en l’état actuel des choses nous voulons vraiment continuer. Tout n’est pas une question d’argent, il y a une grande part de plaisir. Nous prenons plus de plaisir que jamais au sein du groupe actuellement alors il serait assez stupide de s’arrêter pile à ce moment-là, non ?
Stratovarius - Polaris
Ear Music
www.stratovarius.com
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