Stéphan Forté : Tout simplement parce que je n’ai pas vraiment eu le temps de m’y consacrer pleinement. Adagio a été la priorité numéro une pendant ces dix dernières années, et déjà que je suis long pour composer, si jamais en parallèle je m’étais remis à ma carrière solo, Adagio n’aurait sorti que deux albums (rires). Mais l’envie n’a fait que s’intensifier, et là j’ai pensé que c’était le moment, donc dès que Archangels In Black est sorti, je m’y suis mis à fond.
En dehors des progrès techniques que vois-tu de différent dans ton approche de l'exercice au bout de ces 15 ans ?
S. F. : Je pense de façon différente. La musique à pris le pas sur la technique pure, et le travail de l’interprétation et de la musicalité est devenu primordial. J’ai l’impression de m’exprimer de façon de plus en plus intime avec ma guitare et dans mes compositions, et c’est vraiment un grand pas en avant je pense dans ma vie de musicien.
Y a-t-il un meilleur public pour un disque comme The Shadows Compendium aujourd'hui qu'il y a 15 ans ou est-ce "seulement" ta notoriété qui te permet de le sortir ?
S. F. : Très franchement, j’en sais rien, je peux juste dire que je suis vraiment surpris par le succès de cet album en quelques semaines, alors que je n’en attendais aucun, le but étant uniquement de sortir un album sans compromission aucune, faire vraiment ce que j’entendais dans ma tête sans me dire « t’es taré, ca ne va jamais vendre... » J’ai la chance d’avoir aussi pu le sortir dans des conditions meilleures que si je l’avais sorti sur un label instrumental comme Shrapnel, ou d’autres. Le fait d’être dans Adagio me permet de sortir un album instrumental avec une bien meilleure médiatisation que s’il était resté dans le cadre uniquement instrumental.
Dans quelle mesure tes albums « chantés » avec Adagio ont eu une influence sur The Shadows Compendium ?
S. F. : Au niveau de la liberté des structures. Dans Adagio, je suis limité à seulement quelques mesures pour m’exprimer vraiment avec ma guitare, même si j’en conviens la guitare est très présente. Dans The Shadows Compendium, je n’ai aucune retenue, ni stylistique, ni temporelle. Je fais absolument ce que je veux, et ça c’est absolument énorme. Adagio est majoritairement axé sur le chant et l’efficacité des titres, donc, je me concentre sur ces points lorsque je compose, la guitare ne doit pas passer au premier plan.
Propechies Of Loki XXI est une ancienne composition. Pourquoi est-ce la seule que tu as voulu récupérer dans les tiroirs, les autres étant des titres composés depuis 2 ans ?
S. F. : Parce que la première version de Prophecies avait été enregistrée de façon très anarchique, et que je voulais la ressortir mais enregistrée dans de bonnes conditions. Pas mal de fans aiment ce titre et j’ai pensé que c’était la bonne opportunité pour le réenregistrer.
Y a-t-il des morceaux que tu as hésité à garder pour Adagio ?
S. F. : Non, même si effectivement, en modifiant un peu la structure, certains auraient vraiment pu coller avec Adagio. Mais si jamais j’avais fait comme ça, je ne m’en serais pas sorti....
Peux-tu nous détailler le matos que tu as employé sur The Shadows Compendium ? Y a-t-il des différences avec Archangels In Black, le dernier Adagio ?
S. F. : Alors, au niveau guitare, ma LÂG signature 7 cordes la S1000SF. Amplis, Mesa Boogie Mark V pour les lead et Dual rectifier pour les rythmiques. La Mark V est boostée par une pédale MXR GTOD et la rectifier par une TS9. J’ai aussi utilisé le plug LINE 6 Pod Farm 2 pour certaines guitares et certains effets.
Comme souvent sur les albums de « guitar heroes », il y a des guests. Pourquoi faire appel à des invités sur The Shadows Compendium plutôt que chez Adagio ?
S. F. : Parce que je voulais inviter mes amis sur mon album, une fois de plus, ici je n’ai aucune limite, donc aucun inconvénient à rajouter des mesures si nécessaires. Ca fait longtemps que je voulais partager quelques mesures avec Jeff, Mattias et Glen. Derek et Daniele, je ne les connaissais pas personnellement, mais étant fan de leur jeu, je leur ai demandé via Facebook, et ils ont gentiment accepté.
Peux-tu dire un mot sur les interventions de chacun ? Jeff Loomis.
S. F. : Nous avons eu une vision très proche de la partie solo, et le solo est basé sur un échange entre nous deux. Son solo est génial, du pur Loomis (rires).
Matthias Eklundh.
S. F. : Lorsqu’il m’a envoyé son solo, il m’a dit : « Ahem Stéphan.... heu... j’ai fait un truc qui va sûrement te paraître vraiment vraiment trop barré, mais en ce moment je suis vraiment dans la musique indienne, et voila ce que la partie m’a inspiré. J’adore le solo, mais si tu n’aimes pas, tant pis, dis moi.... » J’ai donc écouté, et j’ai trouvé ça absolument énorme ! C’est vraiment novateur, et on reconnaît la patte Mattias direct !
Glen Drover.
S. F. : Le solo de Glen est beaucoup plus traditionnel mais vraiment cool
Derek Taylor.
S. F. : Monstrueux ! Je ne peux rien dire d’autre, je suis ultra fan !
Daniele Gottardo.
S. F. : Bien barré, super touché, hyper musical, j’aime vraiment beaucoup aussi.
As-tu écouté l'album de Plug-In - Hijack ? Si oui, qu'en penses-tu ?
S. F. : J’ai entendu un titre vite fait sur Facebook et j’ai adoré. Faut vraiment que j’écoute l’album.
A quoi peut-on s'attendre sur le nouvel album d'Adagio ?
S. F. : Un retour aux sources, un retour à Underworld croisé avec le Adagio plus récent, celui d’Archangels In Black.
Stéphan Forté - The Shadows Compendium
Listenable
www.myspace.com/stephanforte