Opération reset pour Staind après un décevant The Illusion Of Progress où l'on avait du mal à reconnaître les auteurs de Outside, It's Been Awhile et autres tubes en puissance. L'album éponyme revient à des fondements nettement plus rugueux que l'interlude post grunge proposé il y a trois ans et ce n'est pas plus mal. Mike Mushok, guitariste extrêmement sous-estimé, toujours en retenue, nous a accordé quelques instants d'interview pour marquer le coup de ce nouveau départ.

Vous avez déclaré pour que pour la première fois de votre carrière, vous deviez respecter une deadline pour la livraison de Staind et que cela avait influencé la musique. Peux-tu nous expliquer en quoi exactement ?
Mike Mushok : Ce fut un album difficile à faire. Nous avons perdu notre batteur en cours de route, Aaron était en train de promouvoir son disque solo et il y avait cette fichue deadline. Tout cela a contribué à nous rendre la vie dure. Je pense que la deadline a été imposée par le label car il voyait d'un mauvais oeil le disque solo d'Aaron et voulait s'assurer que notre chanteur était en studio en train de bosser sur du Staind et pas en train de faire autre chose ! Nous avons bossé jusqu'au dernier jour mais nous avons réussi à faire ce disque ! Les paroles sont bonnes, l'agressivité est là et musicalement le disque tient la route. Nous avions composé une bonne partie des chansons avant d'aller en studio donc le défi était surtout de les enregistrer en un minimum de temps. Mais il y a eu des moments durs en studio, certainement les plus durs que j'ai connus à ce jour ! Cela a même eu des répercussions sur d'autres aspects de ma vie.

Aaron a été, comme tu l'as dit, très pris avec sa carrière solo. Est-ce que par moments vous avez dû le seconder davantage que d'habitude et lui « rappeler son rôle » au sein de Staind ?

M. M. : Oh oui ! Quand en plus nous nous sommes séparés de notre batteur avec qui nous jouons depuis environ quinze ans ce n'est vraiment pas facile. Peut-être que certaines personnes arrivent à supporter ce genre de choses mieux que moi. Personnellement, ça m'affecte beaucoup...

Staind est nettement plus agressif que The Illusion Of Progress. Est-ce que cela est dû aux circonstances de l'enregistrement ou est-ce que les chansons étaient déjà écrites comme cela à la base ?
M. M. : Nous sommes arrivés en studio déterminés à faire un disque agressif et heavy. Tous les riffs que j'avais font partie du « Staind agressif ». Nous avions beaucoup de chansons et toutes celles (ou presque) qui ne répondaient pas à notre critère heavy n'étaient pas incluses sur le disque. Tu sais, nous avions exactement la même approche sur The Illusion Of Progress mais j'avais également quelques morceaux dans une autre veine et c'est justement ceux-là qu'Aaron a aimés et que nous avons bossés. J'adore The Illusion Of Progress. En plus, cet album nous a permis d'évacuer certaines chansons et ainsi nous focaliser sur notre coeur de métier et faire l'album que tu entends aujourd'hui.

Et vos fans ? Est-ce qu'ils vous poussaient à faire un disque comme Staind ou est-ce qu'il préférerait le groupe plus imprévisible auteur de The Illusion Of Progress ?
M. M. : Je crois qu'ils sont contents que nous soyons revenus à ces sonorités. Mais le plus important est que nous soyons fidèles à nous-mêmes. Nous avons toujours fait ce dont nous avions envie. En 2011, nous avions envie de retrouver les sensations de nos débuts et nous nous sommes demandés ce que nous voulions faire en tant que groupe.

Certaines personnes ont été très virulentes vis à vis du groupe en réaction à The Illusion Of Progress. Est-ce que tu as lu certaines déclarations ? Est-ce que cela a affecté le groupe ?

M. M. : Je ne lis pas ces trucs. Evidemment j'en ai entendu parler car Aaron se tient au courant de ces choses-là. Je fais la musique que j'aime et j'ai de la chance que les gens accrochent aussi. Mais ça reste quelque chose d'égoïste à la base. Quand on commence à écrire pour plaire à d'autres personnes ou pour essayer de se greffer à leurs goûts, ça tourne mal.

Peux-tu me parler de la chanson Wannabe qui est dôtée d'un texte assez marrant et d'un chant en partie rappé ?
M. M. : C'est une des premières chansons que nous ayons faites pour l'album. Mais elle est passée par pas mal de stades intermédiaires car il y avait toujours quelque chose qui clochait dans les couplets ou dans le refrain. Les paroles, elles, ont été écrites à la toute fin des sessions. Quand Johnny K, notre producteur, nous a dit qu'Aaron était en train de rapper sur ce titre je pensais qu'il déconnait ! A ce moment-là je ne pensais pas du tout que ça fonctionnerait car le titre n'avait pas du tout été écrit dans cette optique ! Il m'a fallu quelques jours mais j'ai fini par accrocher à ce morceau. Je trouve même que c'est un des meilleurs de l'album même si je n'ai l'habitude ni du rap ni des textes humoristiques. Il y a un peu d'agressivité aussi mais ça passe finalement au second plan. A mon avis, les fans vont soit adorer soit détester cette chanson mais elle ne va laisser personne insensible.

Mis à part le rap et l’humour, il y a d’autres trucs que tu aimerais faire en « one shot » avec Staind à l’avenir ?

M. M. : Je ne sais pas trop… Nous suivons un chemin au gré de nos envies. Nous n’avons pas une liste de choses à faire avant la fin de notre carrière. Wanabee contient un autre truc inédit : une collaboration. En effet, il existe une autre version du truc où Snoop Dogg rappe avec son propre texte. Le rendu est vraiment super mais nous n’avons pas pu boucler le titre à temps pour l’inclure sur le disque. Ca sera vraisemblablement inclus sur la version japonaise…

Comment est-ce que Staind a rencontré Snoop Dogg au départ ?
M. M. : En fait, quand Aaron a eu l’idée de Wanabee il pensait utiliser un vrai rappeur pour les parties concernées. Le nom de Snoop Dogg est rapidement venu à l’esprit. Nous sommes allés vers lui et il a accepté. Nous ne l’avons même pas rencontré. Nous lui avons juste envoyé le morceau et il a fait son truc. Je crois que nous l’avons rencontré une fois par le passé, au show de Metallica – Icon, il me semble… Aaron a dû lui parler car ils ont un amour commun : l’herbe (rires).



Staind - Staind
Roadrunner
www.staind.com 
Staind se met au rap