En mars dernier, nous vous présentions The Decline!, un groupe de punk rock français. Finissons l'année avec Slim Wild Boar, side project de Kévin Gourdin officiant dans les deux formations. Mais si on entend quelques relents punk sur intelligemment nommé Tales From The Wrong Side Of Town, Slim Wild Boar est avant tout un projet rock / country / folk où les multiples facettes de son géniteur prennent leur envol. Alors comment mêle-t-on dans un ensemble cohérent Johnny Cash, Leonard Cohen, Nick Cave et les ambiances musicales à la Tarentino ? Réponse avec Kévin Gourdin.
Peux-tu nous présenter le groupe, ses origines, ses motivations, tout ça ?Kévin Gourdin : Le projet Slim Wild Boar est au départ la bande originale qu'un pote m'a commandée pour son court-métrage. Celui-ci n'ayant jamais vu le jour (le court-métrage hein, pas mon pote), les morceaux, tous enregistrés dans mon deux-pièces rennais sur un quatre-pistes, sont devenus mon premier album : The Lovesick, The Guilty & The Drunk. Depuis, deux musiciens m'ont rejoint : The Forsaken Shadow à la guitare électrique et Skinny Kid aux diverses percussions et à la batterie. L'idée étant de revisiter toutes les musiques « racines » du rock 'n' roll tel qu'on le connait aujourd'hui (blues, country, folk, rockabilly...) et d'en faire un truc qui a sa propre identité.
Entre nous, Slim Wild Boar ça ressemble plus à un surnom de footballeur américain qu'à un nom de groupe non (rires) ?
K. G. : Oui mais c'est toujours mieux que mon vrai nom, qui ressemble plus a un pseudo d'acteur porno, non ?
Il se dégage une vraie ambiance nord-américaine de la musique, entre Johnny Cash et Leonard Cohen, le tout en acoustique. D'où te vient cet amour et cette faculté à t'approprier des codes étrangers à notre culture ?
K. G. : Ma mère étant irlandaise et mon père fan de jazz, j'ai baigné dans un environnement musical plutôt anglo-saxon. Et l'anglais est mon "autre" langue maternelle, ce qui explique que son utilisation ne pose pas de problème. Quant à la faculté à s'approprier les codes de musiques qui nous sont pourtant étrangères, elle est la prérogative de ma génération ainsi que des suivantes. C'est à dire ces générations qui ont en un clic sur un ordi accès à une somme incroyables de sons et de modes d'expression.
Quels genres de retours as-tu eu des Etats-Unis sachant que tu as bossé avec plusieurs labels américains ?
K. G. : En effet, nos deux premiers disques (un album et un 45 tours) ont été édités par des labels américains et nos morceaux passent régulièrement dans certaines émissions de radios indépendantes là-bas. A ce que j'en ai compris, certains américains aiment cette façon que les Européens ont de revisiter leurs codes, de jouer une musique sans trop la respecter. Là où ils peuvent parfois être puristes quand il s'agit de country par exemple, nous la jouons avec notre ressenti, sans s'inquiéter de ce qu'en diront les garants du style.
Comment qualifierais-tu le travail de la guitare sur Tales From The Wrong Side Of Town notamment par rapport aux précédentes productions ?
K. G. : Nous avons vraiment bossé dans la même direction que lors des derniers enregistrements : une guitare acoustique faisant office de rythmique et servant de soutien au chant et une guitare électrique pleine d'effets (reverb, tremolo et parfois distorsion) qui tourne autour et donne de l'ampleur et de l'intensité dramatique à l'ensemble.
Où souhaites-tu amener Slim Wild Boar à terme ?
K. G. : Aucune idée, je ne fais pas de plans ni de projets, si ce n'est faire ce que je veux et être entendu. La question c'est surtout où mes projets musicaux, que ce soit The Decline ou Slim Wild Boar vont-ils m'amener ? Aux quatre coins du monde et à un épanouissement artistique et personnel, j'espère !
On sent aussi un background punk, un peu comme dans la musique de Nick Cave. En même temps c'est normal vu que tu participes aussi au groupe The Decline... Les influences punk réapparaissent forcément dans tout ce que tu fais ?
K. G. : Ce n'est pas vraiment calculé mais c'est une évidence, même si ce n'est pas un projet punk, Slim Wild Boar a une façon de faire punk, que ce soit sur scène en terme d'énergie scénique, en studio ou nous avons privilégié la spontanéité et l'authenticité à la perfection. Et même en ce qui concerne la démarche globale, très « Do It Yourself » et indépendante.
Mis à part avec ces deux projets, as-tu d'autres idées musicales non assouvies ?
K. G. : Oh oui, plein ! J'aimerais faire une bande originale de film pour de vrai cette fois-ci et aussi élaborer un projet country / hip-hop un peu à la Buck 65 mais en plus énervé et revendicatif.
Columbia sort le 3 décembre l'intégrale des albums de Johnny Cash sur le label, dont une large pelletée totalement inédite en format CD (une vingtaine il me semble) ? Tu l'ajoutes sur ta liste de Noël ?
K. G. : Oui, oui et re-oui, entre une nouvelle guitare, une bouteille de Whisky et un billet d'avion pour le Mexique !
As-tu assisté au retour sur scène des Pogues à l'Olympia ?
K. G. : Malheureusement, je suis souvent moi même à faire des concerts, ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour aller en voir. Mais, mon petit doigt me dit que nos routes vont se croiser un de ces jours avec les Pogues. L'occasion pour moi de rencontrer ma première vraie idôle : Shane Mac Gowan.
Slim Wild Boar - Tales From The Wrong Side Of Town
Beast Records
www.slimwildboar.com
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