Quand on pense guitariste bodybuildé italien, on pense forcément à Luca Turilli. Un des deux piliers de Rhapsody Of Fire, avec son ami de toujours, le claviériste Alex Staropoli, peut exulter : il est de retour après quelques troubles juridiques non élucidés avec le label Magic Circle Music de Joey DeMaio (Manowar). The Frozen Tears Of Angels, le nouvel album qui arrive début mai, reprend toutes les caractéristiques musicales des Italiens, pour la plus grande satisfaction des fans. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, le disque est plus que jamais rempli des rythmiques motorisées de ce bon vieux Luca que l'on retrouve le sourire aux lèvres au moment de parler de son nouveau bébé.
Que peux-tu nous dire sur les quatre dernières années ? En effet, aucune information ne filtre mais il semblerait que vous soyez au milieu d'un gros imbroglio juridique...Luca Turilli : C'est justement pour cela que je ne peux malheureusement rien dire à ce sujet. En effet, nos avocats nous ont expliqué que tout ce que nous pouvons dire dans la presse pourra être retenu contre nous. Rien n'a avancé concrètement et la situation légale est toujours identique au message que nous avions posté sur notre site Internet.
Parlons du disque, The Frozen Tears Of Angels, alors ! Tu as le droit d'en parler ?
Luca Turilli : (rires) Absolument ! Tout ce que tu veux !
Sur The Frozen Tears Of Angels, on peut entendre un morceau, l'excellent « Reign Of Terror », qui contient du chant extrême à la manière de « When Demons Awake » sur Power Of The Dragonflame. Pourquoi avoir décidé de ramener ce type de chant maintenant ?
Luca Turilli : Nous avons toujours aimé cela. Nous avions pour idée de sortir un album, Rhapsody In Black, totalement dans ce registre dark. Nous voulions faire un disque musicalement proche du metal extrême mais sans les paroles sataniques et méchantes que je déteste. Rhapsody est un groupe positif et nous ne changerons pas ! Je voulais utiliser le metal extrême pour faire le bien et montrer une autre facette de ce style que je qualifierai de « holy rage of the angels » ! « Reign Of Terror » est en plein dans cette idée. Je trouve ça génial d’entendre Fabio chanter et crier sur des textes aussi purs. Il y a du coup un grand contraste qui se dégage. Maintenant que nous sommes chez Nuclear Blast, j’espère que nous aurons l’occasion de revenir sur les idées que nous avions pour ce projet Rhapsody In Black.
Vous auriez tout de même pu sortir ce disque quand vous en aviez parlé initialement, après Power Of The Dragonflame, non ? En effet, vous n’étiez alors pas encore en train de batailler juridiquement…
Luca Turilli : C’est vrai mais il y a toujours un problème. A ce moment-là nous avions beaucoup de musique à sortir et un artiste ne peut jamais tout sortir d’un coup. Si une année, nous avons dix albums à faire paraître, il faut les prioriser. Un artiste peut difficilement sortir les disques en fonction de son inspiration puisqu’il doit se plier aux contraintes des plannings des maisons de disques. Nous avions un album live, un DVD et des projets solo à sortir donc Rhapsody In Black n’a plus été présent dans nos priorités. Mais cela pourrait changer...
Revenons à The Frozen Tears Of Angels. Quand est-ce que ce disque a été enregistré ? Est-ce que les problèmes rencontrés par le groupe ont rendu les sessions difficiles ?
Luca Turilli : Nous avons enregistré deux mois à partir de septembre 2009. Nous allons nettement plus vite maintenant qu’il y a quelques années pour enregistrer, produire et mixer nos albums en collaborer avec Sasha Paeth. Nous avions mis du temps pour venir à bout de Symphony Of Enchanted Lands Part One ! Ça paraît dingue maintenant ! Nous devrions aller encore plus vite désormais car Alex et moi ouvrons nos propres studios en Italie. Je pense que nous pourrons viser un mois et demi. Cela me paraît être le délai incompressible pour éviter de ressortir du studio avec un EP (rires).
The Frozen Tears Of Angels me semble aussi un peu plus direct et fortement orienté sur les guitares. C’est peut-être pour cela qu’il vous a pris un peu moins de temps…
Luca Turilli : Non, je ne suis pas complètement d’accord. En fait nous avons gagné du temps sur le mix car nous n’avions pas d’orchestre sur ce disque. Mixer les éléments symphoniques d’un orchestre et le metal d’un groupe peut se révéler long et difficile. Sasha Paeth a dû réaliser de vrais miracles pour des albums comme Symphony Of Enchanted Lands Part II ou Triumph Or Agony. Les seuls claviers ne posent pas autant de problèmes. Quand au style musical, il est, comme toujours, entièrement dicté par ce que j’essaie de décrire avec la saga narrative. Nous sommes à un moment très sombre et lyrique. Nous en apprenons plus sur le « Dark Secret » et sa quête… Dans la saga de l’épée d’émeraude il y avait aussi une quête, d’ailleurs. Jusqu’à présent nos albums ont souvent été très descriptifs dans la narration des événements. C’est le cas encore sur quelques titres de The Frozen Tears Of Angels mais globalement je dirais qu’il est plus introspectif. La musique s’en ressent. Nous nous focalisons sur les émotions des personnages et les paysages glacés et nordiques des terres qu’ils découvrent. C’est très excitant ! C’est vrai, du coup, qu’il y a sans doute plus de guitares rythmiques qui me font penser à des groupes comme Crimson Glory sur le morceau-titre. D’ailleurs, The Frozen Tears Of Angels est dédié à notre ami Midnight… Crimson Glory a toujours réussi à avoir un son à la fois froid et épique en même temps. Mon but ici était vraiment de rajouter un maximum de rythmiques froides, blanches, bleues et glaciales. Je trouve d'ailleurs que la pochette du disque représente bien cette volonté.
Est-ce qu'il y a toujours cette dualité au sein de votre tandem de compositeurs avec Alex qui reste plus conservateur et toi qui pousse pour un peu plus de modernité ?
Luca Turilli : Oui ! D'ailleurs, tout ce que je viens de te décrire sont des idées que je voulais pousser (rires). Si les gens ont écouté mon album Dreamquest, ils savent vers quoi j'aime m'orienter naturellement. Mais Alex a encore fait du super travail sur les aspects plus orchestraux. Au final, on tient un équilibre proche de la perfection.
En interviews, Alex et toi parlez encore souvent de l'album Symphony Of Enchanted Lands Part II. Est-ce à vos yeux, l'album de référence du groupe ?
Luca Turilli : C'est le premier album pour lequel nous avons eu un gros budget. Enfin c'était un budget normal pour beaucoup de groupes mais pour nous qui étions habitués à Limb pour nos quatre premiers albums c'était beau (rires) ! Nous voulions à tout prix utiliser cet argent au mieux et faire quelque chose qui repousse tout ce que nous avions enregistré jusque là. C'est pour cela que nous avons décidé de faire un album... apocalyptique (rires) ! Nous voulions mettre un maximum d'éléments symphoniques et réaliser une œuvre proche d'une bande originale de film. Il est très long et bourré d'influences progressives ce qui nous a valu pas mal de comparaisons avec Dream Theater ! Je crois que c'est un album qu'on adore ou qu'on déteste car pour certaines personnes ça peut faire trop. Pour nous, c'était l'album idéal après avoir vu la trilogie du Seigneur des Anneaux au cinéma.
La musique de Rhapsody Of Fire est extrêmement liée au concept de la saga qui se déroule d'un point de vue narratif. The Dark Secret Saga est la deuxième trame narrative après celle de The Emerald Sword Saga. Comment comparerais-tu les deux ? As-tu appris certains trucs avec l'écriture de l'histoire des quatre premiers albums qui te sont utiles aujourd’hui ?
Luca Turilli : La première saga se contentait presque exclusivement de décrire les événements relatés. Pour la seconde saga, je voulais plonger davantage dans l'esprit des personnages et comprendre leurs motivations. Du coup, tout est plus dark (rires). En effet, chaque personne a des penchants sombres, des peurs et des envies malhonnêtes. Je pense que les paroles ont gagné en sérieux également car elles sont plus profondes.
Rhapsody Of Fire – The Frozen Tears Of Angels
Nuclear Blast
www.rhapsodyoffire.com
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