Pas besoin d'attendre le Prix Nobel de Bob Dylan pour affirmer que le folk est intemporel. Reuben Hollebon et toute la nouvelle vague anglaise l'ont bien compris. Mais l'artiste originaire de Norwich a quelque chose de différent, sans doute imputable à son passé dans la production. Pas étonnant de retrouver un son léché sur son premier album, Terminal Nostalgia. S'il n'affiche pas encore une originalité qui le fera émerger d'une scène un peu encombrée, il peut compter sur une sensibilité prometteuse. Rencontre avec un jeune artiste qui en veut.

Peux-tu te présenter à nos lecteurs qui ne te connaitraient pas ?

Reuben Hollebon : Je suis un auteur-compositeur originaire de Norwich en Angleterre. J'ai passé pas mal de temps dans la musique à enregistrer des groupes ou des orchestres et à assister un compositeur. En fin de compte, j'ai réalisé que j'étais obsédé par les compositions. Je me suis donc entraîné à devenir meilleur. Chanter m'a vraiment aidé. J'ai sorti mon premier album et je travaille déjà au second. De plus, je passe autant de temps que possible à jouer de la musique avec d'autres musiciens également.

Ton premier album, Terminal Nostalgia, est sorti au printemps. Comment décrirais-tu cette aventure ?

R. H. : Elle est encore en cours. Sortir un disque n'est pas une procédure fixe. Je me fais porter et c'est un peu étrange même su tout va pour le mieux. Je suis un fan de musique avant d'être un musicien et je crois que cela permet à cette aventure de garder sa fraîcheur.

Rétrospectivement, y a-t-il certains aspects dont tu n'es pas satisfait concernant Terminal Nostalgia ?

R. H. : C'est comme pour n'importe quel plat que l'on prépare : ce n'est pas parfait mais la perfection n'existe pas. J'essaie de ne pas me prendre la tête avec cela trop souvent. Il faut d'ailleurs qu'on se prenne moins souvent au sérieux de manière générale…

Tu as été pas mal impliqué en tant que producteur ou ingénieur du son sur la musique d'autres artistes. A quel point est-ce que ce même travail diffère lorsqu'il s'agit de tes propres compositions ?

R. H. : A mes yeux la seule différence concerne l'intention. Quand je fais de la musique je bosse avec ceux qui respectent et qui parfois remettent en cause mon intention. Cette démarche est profondément ancré dans mon disque. Je dois faire de même pour les autres qui me demandent de collaborer avec eux. De la musique de qualité, bien pensée, doit être une représentation centrée sur l'artiste. Si ce n'est pas le cas, je pense que la musique ne « parlera » à personne.

Le titre de ton disque provient d'une citation de Kurt Vonnegut. Lorsque tu l'as lu, il t'avait tout de suite semblé approprié pour ta musique ?

R. H. : En fait, cela paraphrase une citation. Les deux mots vont extrêmement bien ensemble. Il est possible d'extrapoler et de trouver beaucoup de signification à ces mots. Trouver un titre est assez facile mais un titre qui dure et qui marque, c'est déjà un peu plus challengeant. 

Est-ce que la guitare est ton premier instrument ? Comment es-tu venu à la musique au départ ?

R. H. : J'ai effectivement commencé par la guitare. Toutefois, je me suis rapidement intéressé à la table de mixage. La guitare est montée en puissance les années suivantes. J'avais même considéré faire des études de médecine à un moment jusqu'à ce que je me mette en tête d'aller embêter les mecs d'un studio pas loin de chez moi pour qu'ils m'apprennent les ficelles du métier. Un drôle de hasard, à base d'un ingé-son avec une gueule de bois et une version plus jeune et arrogante de moi, m'a propulsé dans le rôle d'ingénieur du son. Je me suis pas mal focalisé là-dessus pendant un certain temps. Mais l'envie de faire des propres chansons a été trop forte en définitive…

Quand as-tu ressenti d'écrire ta propre musique pour la première fois ?

R. H. : Je ne sais plus exactement. La première fois qu'il m'a semblé écrire quelque chose de bon était un Noël solitaire lorsque toute ma famille était ailleurs. Ce jour-là, j'avais écrire douze embryons de chansons plutôt prometteurs. Deux d'entre elles figurent maintenant sur mon premier album.

Quelles les trois chansons de Terminal Nostalgia que tu conseillerais à quelqu'un qui veut comprendre les différentes facettes de ta personnalité musicale ?

R. H. : Faces montre à quel point la production peut soutenir la musique et jusqu'où on peut aller avec quelques tours et de la batterie. Ca parle du fait qu'il ne faille pas forcément chercher une zone de confort dans la personnalité des gens mais quelque chose de plus « intriguant ». Fields, For Fields n'est pas un morceau immédiat. Toutefois, son enregistrement l'était plutôt. Il aura fallu cinquante-trois minutes entre les prises et le mixage. Come Back Early est la seule apparition de l'amour non-platonique sur l'album. Ses paroles et sa texture mettent l'accent sur le sentiment calme et inconfortable qu'est l'amour. Une certaine dissonance et un accordage original représentent bien à quel point il est difficile de mettre un doigt sur une émotion.

Quelle importance accordes-tu à la scène ?

R. H. : C'est un autre aspect du même monde. Mais le live permet d'interpréter la musique différemment à chaque concert. En acoustique, seul, on peut jouer avec différents tempo ou mesures. Avec l'appui d'un groupe et d'éléments électro, tout ce qui doit rester intact est le fil rouge avec la chanson d'origine. Les tournées c'est génial et j'aimerais pouvoir faire cela constamment. C'est au choix soit un job incroyable soit la vie d'un vendeur itinérant exceptionnel. Les deux me vont (rires).

Dans les années à venir, vas-tu accorder autant d'importance à la musique des autres ou vas-tu te concentrer davantage sur la tienne ?

R. H. : J'espère pouvoir continuer à faire les deux. Il y a trop de gens avec qui j'aimerais pouvoir collaborer. Il y a aussi de nombreux talents parmi les jeunes musiciens de Norwich. Je souhaite aussi pouvoir m'impliquer dans le Music District de Fort Collins au Colorado. Ma musique est quant à elle une nécessité. Il faut encore que j'apprenne et que j'écrive davantage. Pas forcément uniquement concernant la musique. La plupart des choses nécessaires à la musique viennent d'ailleurs. Je ne sais même pas où je serai pour composer. Peut-être sur les côtés du Norfolk ou ailleurs en Europe. Comme le dit un de mes bons amis il faut se laisse porter et ne rien s'imposer…

  

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 www.reubenhollebon.com

Interview Reuben Hollebon - Terminal Nostalgia