Parfois tout ce dont on a envie c’est d’un bon vieux disque de death/black metal pour se défouler. A ce jeu-là, Otargos est plutôt fort. Les Frenchies ont concocté l’année dernière un Apex Terror brutal et technique. Alors que le groupe est en pleine préparation de son successeur, nous avons parlé à son leader, chanteur et guitariste, Ulrich "Dagoth" Wegrich pour nous familiariser avec son univers.
Les gens ont peut-être oublié mais à l'origine Otargos était un groupe de black metal ! Comment les choses ont-elles évolué depuis 2001 ?
Ulrich "Dagoth" Wegrich : Le groupe a effectivement pas mal évolué depuis 2001, il a suivi tout simplement l’évolution de la mentalité de ses membres, et notamment la mienne. A l’époque j'étais un ado à fond dans le black métal traditionnel et tout le folklore qui l'accompagne... Les années ont passé et je me suis formé ma propre vision des choses. Tout naturellement ma musique et mes textes ont suivi. A présent je ne considère plus Otargos comme un groupe de black metal, j'ai fait le tour du registre, j'ai besoin d'explorer d'autres univers.
Votre dernier album studio est sorti il y a un peu plus d'un an. Avec le recul, comment l'analyses-tu ?
U. D. W. : Je reste assez satisfait du résultat final, je pense que c'est un bon album qui offre pas mal de choses, mais peut-être un peu trop. J'ai laissé libre cours à mes inspirations pour écrire. Je pense que le prochain album sera un peu plus "axé" sur un thème musical. Apex Terror était surtout pour moi le moyen de présenter le "nouveau" Otargos. Nous entamons une nouvelle ère, j'avais besoin de sortir de l'image black metal, j'étouffais musicalement au sein de cette scène.
On sent davantage de travail que par le passé dans les compositions, notamment grâce à la présence de guitares plus heavy et d'une production au top. Ce sont des éléments qui manquaient à Otargos jusqu’à présent ?
U. D. W. : Manquaient... je ne sais pas, mais sur Apex Terror j'ai simplement laissé libre cours à mes inspirations sans m'enfermer dans un registre particulier, chose que je faisais trop souvent quand je composais par le passé. Ca reste néanmoins toujours influencé black metal, mais plus moderne et plus varié. Je bosse actuellement sur le prochain album, cette fois l'ambiance générale sera beaucoup plus sombre et death metal.
Conceptuellement, y a-t-il quelque chose qui se cache derrière Apex Terror ?
U. D. W. : Tout a fait, c'est un univers très futuriste et post apocalyptique qui mélange SF, cosmologie, cataclysmes cosmiques et races extraterrestres. La Terre et ses habitants au milieu de tout cela ne représente rien et ne sert à rien. J'ai toujours été inspiré et passionné par Warhammer 40K et la SF, j'en fais désormais les axes principaux de mes textes.
Comment se déroule l’écriture au sein du groupe ?
U. D. W. : Je compose les trois-quarts des morceaux et des textes, isolé chez moi. Je propose ensuite mon boulot au reste du groupe. Je recueille les avis et propositions de tout le monde puis retravaille les morceaux en fonction. Lorsqu'on est tous OK on se met chacun à les bosser de son coté. Le groupe a toujours fonctionné comme ça, donc on continue !
Quelles sont les guitares qui ont été utilisées en studio pour Apex Terror ?
U. D. W. : J'ai utilisé une ESP HORIZON FR II de 2005, montée en Seymour Duncan SH4/SH1. C'est la config d'origine du modèle. Ces micros sonnent d'enfer ! J'ai très longtemps été accroc aux EMG 81 comme beaucoup de metalleux, mais je me suis rendu compte à force de tests et de comparaisons (et d'achats !) qu'ils manquaient de coffre. Evidemment c'est un avis purement subjectif, il n'y a pas de micro meilleur qu'un autre mais seulement différent. Tout est question de goût ! Quoiqu'il en soit, sur cette ESP les Duncan mettent vraiment la lutherie en valeur, le grain est à la fois gras, violent et chaud, sans pour autant manquer de précision. C'est une machine de guerre en toute situation ! Le Floyd est tout simplement parfait, je peux le maltraiter régulièrement à coup de dive bombing sans que rien ne bouge ! Pour gagner en puissance et en cohérence nous avons décidé d'enregistrer toutes les parties de guitares avec le même instrument.
Tu t'intéresses à l'évolution du matos et à ce que tu pourrais utiliser pour un prochain album afin d'encore améliorer votre son ?
U. D. W. : A vrai dire je m’intéresse plus au matos pour le live car en studio on peut la plupart du temps trouver sur place mieux que ce qu'on a chez soi. Et, soyons honnête, le boulot de l'ingé son y est pour beaucoup aussi ! Je suis partisan du son "réaliste" sans aller utiliser cinquante têtes différentes mixées après re-amping. Une tête d'ampli, doubler (jouer deux fois, et non pas copier/coller) les pistes de guitares avec un son légèrement différent pour moi est bien plus efficace. Pour Apex Terror chaque guitare a été jouée sur une EVH 50W, un coup sur le canal High Gain, un coup sur le canal Crunch. Pour le live, à présent je privilégie l'aspect pratique, j'ai lâché l'affaire avec les têtes d'ampli de cinquante kilos... comme beaucoup de guitaristes. Maintenant pas mal de marques proposent des modèles 15/20w, largement suffisants à mon goût, dans un format réduit. En ce moment j'utilise une Laney IRT Studio, c'est en fait un pré-amp en rack avec un étage de puissance de 15w. Je couple ça avec une OD808, et une Boss NS-2. Je suis vraiment content du résultat. C'est lourd, moderne, ni trop gras, ni trop sec.
Tous genres confondus, quels sont les guitaristes qui te servent de modèles ?
U. D. W. : Sans hésiter, Dave Murray de Maiden, Trey de Morbid Angel, Jeff (RIP) de Slayer et bien évidement Slash ! Ce sont les guitaristes qui m'ont réellement inspiré et donné envie de jouer. Ils ont chacun un style particulier et incomparable.
Il y a aussi la partie chant qui est essentielle pour toi à gérer. Comment entretient-on sa voix lorsqu'on doit régulièrement être en forme pour les "growls" ?
U. D. W. : C'est malheureusement pas mal de sacrifices. Je dois faire attention à ne pas boire d'alcool avant les concerts... ni après d'ailleurs si le lendemain on enchaîne. C'est un choix, je préfère assurer vocalement parlant et me restreindre plutôt que m'amuser au détriment de la qualité du chant. Par le passé je pouvais faire les deux mais plus maintenant. Le show pour moi est plus important que la fiesta. Cela dit, je me rattrape largement les périodes ou l’on n’a pas de concert (rires)
Vers quels horizons souhaites-tu aller sur le prochain album ?
U. D. W. : Sept morceaux sont déjà retenus. Pour info donc, ça sonne beaucoup plus death et glacial avec toujours quelques influences black et thrash assez old school. On essaye d'introduire aussi des arrangements un peu nouveaux pour Otargos. Concernant les thèmes, on reste dans la lignée qu’Apex : cosmos, aliens, invasion, destruction... On aimerait enregistrer ça l'été prochain...
Otargos – Apex Terror
Listenable Records
www.otargos-terror.com
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