Jeff Loomis : (me coupant) Oui, ça fait - quoi ? - cinq ans, je crois. Nous cherchions à faire les choses différemment sur The Obsidian Conspiracy. Nous aurions très bien pu faire This Godless Endeavor Part II mais nous avons décidé d'aller dans une autre direction et de rendre les morceaux plus « écoutables », un peu moins complexes et un peu plus catchy à l'oreille. C'était le postulat de départ. Je pense que ça nous donne les cartes pour faire quelque chose de solide en termes de concerts. C'est légèrement nouveau pour nous donc nous verrons ce qu'il va se passer ! Nos attentes sont importantes pour ce disque donc espérons que tout se passe bien.
Tu parles de la possibilité que vous auriez eu de réaliser This Godless Endeavor Part II. Ce serait vraiment ce disque de Nevermore que tu choisirais si vous deviez composer une suite d'un de vos albums ?
J. L. : Je pense que oui. Tu sais c'est un de mes préférés. Nous avions mis beaucoup d'énergie dans sa conception. Les chansons étaient très bonnes sur cet album. Je ne sais s'il y aurait vraiment pu y avoir une seconde partie car Steve Smyth avait écrit une partie de la musique. Nous aurions en tout cas pu faire une variante de ce disque, bien loin de ce qui est proposé sur The Obsidian Conspiracy. Si les gens sont familiers avec notre parcours, alors ils savent que nous essayons toujours de changer ce que nous faisons disque après disque. Comme c'est une nouvelle voie, je ne sais pas trop comment les gens vont réagir quand ils découvriront la musique.
C'est important à tes yeux d'avoir la reconnaissance des fans ou de la presse voire des deux ? Ou est-ce qu'en fin de compte l'album est un succès quoiqu'il arrive ?
J. L. : Ca fait toujours plaisir de recevoir de bonnes critiques mais ce n'est pas tout le temps possible. Il faut savoir accepter cela quand on se lance dans la musique. The Obsidian Conspiracy a déjà été critiqué négativement par quelques personnes mais cela fait partie de la vie ! Comme tu l'as sous entendu le plus important est que le groupe soit content de ce qu'il a réalisé et c'est le cas actuellement. Personnellement, je crois avoir fait du bon travail et je suis également très content des compositions. Et si les fans abondent alors c'est encore « plus mieux » (rires) !
The Obsidian Conspiracy a été enregistré en, septembre et octobre de l'année dernière et il ne sort que maintenant. Que s'est-il passé pour que sa sortie soit si tardive ?
J. L. : Nous avons raté la deadline du label à cause de lignes de chant qui n'ont pas été faites à temps. Nous sommes restés un peu plus longtemps que prévu en studio. Nous voulions terminer proprement l'album donc pas question de se satisfaire d'un résultat moyen. Par ricochet, tous les plannings ont été bousculés et il a fallu attendre assez longtemps pour que l'album sorte en magasin.
Le prochain arrivera donc rapidement (rires) ?
J. L. : Il nous reste encore un disque à faire pour Century Media donc espérons que nous n'aurons pas besoin de cinq ans pour le faire ! On verra (rires).
Musicalement, The Obsidian Conspiracy lorgne du côté de sonorités nettement plus torturées et progressives par moments, notamment sur And The Maiden Spoke. Comment êtes-vous arrivés à ce résultat ?
J. L. : C'est difficile de répondre à une telle question car je n'ai jamais vraiment d'idées préconçues quand je commence à écrire de nouvelles chansons. La musique que j'écris est véritablement un reflet de ce que je ressens un jour donné. Je me rappelle que Peter Wichers, notre producteur, nous a beaucoup aidé en termes de structure de morceaux par rapport aux démos que nous lui avons soumises. En gros, il a éliminé tout le superflu que contenaient les chansons et il m'a aidé à arranger le tout pour que ça sonne mieux. Les chansons duraient souvent huit ou neuf minutes et il nous a encouragé à en faire des titres de trois ou quatre minutes. Cela rend le plus disque plus « écoutable » comme je le disais toute à l'heure. The Obsidian Conspiracy est globalement une expérimentation artistique intéressante car avant d'enregistrer le disque nous ne savions pas si nous serions capables de faire un disque de la sorte. J'ai vraiment apprécié l'aide de Peter car tous les producteurs que nous avions eus jusque-là ne remettaient jamais en question ma musique.
J. L. : Ce fut génial de bosser avec lui. Il est très patient ! Il m’a particulièrement aidé à rendre mes soli intéressants. J’ai l’impression que chacun d’entre eux raconte une sorte d’histoire et c’est largement grâce à lui ! J’ai été connu pour improviser mes soli et les inclure uniquement s’ils sonnaient bien et qu’ils étaient suffisamment rapides. Sur The Obsidian Conspiracy cela a changé. J’avais à chaque fois le morceau bien en tête et ça m’a aidé à ne pas faire n’importe quoi. Je rebosserai sans mal avec Peter à l’avenir.
Quelle différence ressens-tu maintenant que Steve Smyth n’est plus à vos côtés ?
J. L. : Je peux faire les choses plus rapidement maintenant (rires). J’aime collaborer avec d’autres guitaristes surtout pour la composition car il y a alors véritablement un apport différent et unique. Nevermore a toujours eu un problème de second guitariste donc j’espère pouvoir trouver quelqu’un dans un avenir proche. Actuellement nous bossons sur scène avec un jeune gars de Hongrie, Attila Vörös. Il est très talentueux et peut-être qu’il nous rejoindra plus tard… Nous ne voulons pas nous presser et prendre quelqu’un avec qui ca ne fonctionnerait pas en fait… Nous avons des types qui nous aident sur scène mais pas dans le line-up officiel.
The Obsidian Conspiracy sort dans une édition spéciale avec pas mal de contenu pour les guitaristes. Peux-tu nous présenter cela ?
J. L. : C’est une sorte de « cours de guitare ». On m’a filmé pendant deux chansons - The Obsidian Conspiracy et Your Poison Throne - au festival de musique de Francfort. Les fans auront donc une tablature de ces deux chansons et une version sans guitare des deux titres pour pouvoir facilement jouer avec. C’est un truc en plus pour les guitaristes qui devraient pouvoir donner quelques astuces pour jouer à ma manière.
Aux Etats-Unis, tu es très impliqué dans des magazines de guitare. C’est quelque chose que tu apprécies, de partager ton expérience et ton savoir ?
J. L. : Oui ! Lorsque j’ai sorti mon album solo, beaucoup de portes se sont ouvertes. Schecter m’a fait faire beaucoup de clinics et j’ai pu parler à des tonnes de gens de guitare. Ce n’est jamais trop possible avec Nevermore où nous sommes toujours pressés de rejoindre la prochaine ville de la tournée. J’ai beaucoup aimé faire ces clinics devant jusqu’à deux cents personnes ! C’était presque comme un show (rires).
Century Media
www.myspace.com/nevermorefans