Les plus francophiles d’entre vous se rappeleront certainement du Daniel Puzo sévissant dans Vulcain dans les années 80. Et bien sachez que ce même Daniel Puzo est de retour avec son nouveau groupe, Mr. Jack. Epaulé par deux amis de H Bomb, il ressort ses tenues vintages et triture des riffs de hard « boogie » rock d’une manière qui ne pourra pas laisser les fans d’AC/DC indifférents. Et si le monsieur avait mis sa carrière entre parenthèses, sa passion pour la guitare, elle, ne s’est pas érodée…
Peux-tu rappeler ton parcours musical pour les lecteurs les plus jeunes ?
Daniel Puzo : Mon parcours musical se résume à Vulcain à qui j’ai consacré pratiquement vingt-cinq années de ma vie. On a créé le groupe à l’orée des 80’s. Très rapidement, on a commencé à jouer un peu partout, avec de plus en plus de monde à nos concerts. Le bouche à oreille fonctionnait bien. Ensuite, on a su avoir à nos côtés les bonnes personnes qui nous ont permis de progresser et d’enfoncer le clou… On a donc fait quelques démos pour passer sur des radios, dont Radio 7 qui programmait à l’époque tous les groupes de metal français. Et en 1984, on signait chez Ebony, un label anglais. Puis, vient la sortie de Rock’n’Roll, secours qui nous a propulsé sur les devants de la scène. A l’époque, on nous décrivait comme le Motörhead français. A partir de là, on a enchaîné les albums et les tournées, que ce soit en France ou à l’étranger puisque nous avons pu jouer avec des groupes comme Chariot (futur Dirty Deeds puis Deeds) et Rogue Male, et ce, notamment au mythique « Marquee » de Londres, mais encore ouvrir pour Maiden à Bercy en 1986 avec WASP… En tout, Vulcain aura sorti sept albums studio, deux live, quelques 45 tours et singles et un album compilation. Vulcain s’est séparé en 1998, sans que je le décide ou le veuille d’ailleurs. Les choses sont ainsi faites. A partir de cette date, j’ai pris un peu de recul sur la scène rock française, mais comme tu te doutes, les démons du rock sont revenus à la charge et en 2002, j’ai décidé de remonter un nouveau groupe : Mr. Jack est né !
Après ta participation à Vulcain, on ne t'a pas entendu sortir de la nouvelle musique. A quoi t'es-tu adonné durant cette période ?
Daniel Puzo : Rien de bien particulier… Ce fut un véritable break. Avec Vulcain, on a passé la majeure partie de notre temps sur la route. J’en ai profité pour prendre du repos et du recul, car mine de rien, on a enchaîné tournées, albums pendant quasiment quinze ans. Donc, j’ai pris du bon temps et me suis ressourcé. Mais jouer c’est la seule chose que je sache faire, donc très vite, l’idée de remonter un groupe s’est vite imposée à moi. Et depuis 2002, avec Philty et Jay Jay, nous travaillons sur Mr. Jack, à apprendre à nous connaître, à faire vivre ce feeling que nous avons en commun, à travailler le live et à composer… Ce sont des bases importantes pour nous et qu’il ne fallait pas négliger. Mr. Jack, à l’image de nos autres groupes, c’est une unité, une osmose forte. L’album est la suite logique et c’est tout naturellement que Jack’n’Roll sort cette année.
Comment en es-tu venu à jouer de la guitare plutôt qu'un autre instrument ?
Daniel Puzo : Cela vient des colonies de vacances. On était en plein dans les années hippies, les Stones étaient partout, ainsi que les Beatles. A l’époque, tu avais toutes ces soirées où, en plus d’écouter de la musique, tu trouvais toujours un gars dans l’assistance avec une gratte. Et moi, systématiquement, de rester bouche bée devant lui. Je m’investissais alors pour chanter, mais c’est à ce moment là que j’ai appris les bases de la guitare. Et aujourd’hui, plus que jamais, tu peux entendre dans Jack’n’Roll toutes nos influences ressortir. On exprime complètement ce qu’on avait envie de faire avec cet album. Du bon hard’n’roll, puissant, énergique et efficace. Et je peux t’assurer qu’à voir les mines réjouies quand on joue en live, c’est que le public semble partager ce plaisir avec nous.
Te rappelles-tu de ta première rencontre avec les deux autres membres de Mr. Jack, l'ex-section rythmique de H Bomb ?
Daniel Puzo : Très bien même ! C’est lors d’un festival en région parisienne en 1981. Phil Touchard nous avait pris en management. Ça rappellera de bons souvenirs à certains car avec Daniel Garcia, Labadie et Jeff Jimenez, c’est toute l’ossature d’Enfer Mag qui était là ! Jeff manageait H Bomb et forcément, on s’est rencontrés à plusieurs reprises. Toute cette équipe bougeait autour de nous et nous soutenait. Avec Phil Touchard au management, on a commencé à jouer tous les week-ends. Pareil pour H Bomb, qui eux jouaient régulièrement en Hollande (festival de Poperinge avec Metallica, Lita Ford, Motörhead, Twisted Sister, Dynamo Open Air avec Anvil, première partie de Rose Tattoo…). Toute cette équipe bougeait et nous soutenait. Avec Phil’ Touchard, les dates tombaient tous les weed-ends.
Finalement, nos routes se sont croisées et on ne s’est jamais réellement perdus de vue. Quand j’ai voulu remonter un groupe, j’ai pensé à eux rapidement. Car le plus important à mes yeux, c’est ce feeling qui se dégage entre les musiciens. Avec Philty et Jay Jay, c’est du pur bonheur. On a les mêmes influences, les mêmes envies. Et pour quelqu’un comme moi à la guitare et au chant, avoir une section rythmique solide, avec ce groove pour faire tourner les morceaux, c’est un régal !
L'origine de Mr. Jack est-elle une forme de nostalgie ou simplement l'amour inconditionnel du hard rock (ou un peu des deux) ?
Daniel Puzo : Nostalgie ? Jamais ! Mr. Jack n’est pas un groupe qui se retourne sur son passé ; c’est un nouveau groupe, avec lequel nous comptons construire notre avenir. La solution de facilité, c’est justement de regarder derrière. Nous, on va de l’avant et comme tu le soulignes, c’est véritablement un retour aux sources pour nous, aux sources de cette musique qui nous fait vibrer et qui nous a poussés à devenir musiciens. Ce n’est pas pour rien que le groupe s’appelle Mr. Jack et non Vulcain, H Bomb ou un peu des deux. Certes, on joue toujours une reprise de Vulcain en live, mais Mr. Jack c’est notre nouveau bébé et c’est ce qu’on veut défendre.
Vous avez deux chanteurs dans le groupe. Cela aussi rappelle une certaine époque avec des groupes comme Queen, Aerosmith, Styx ou encore les Rolling Stones…
Daniel Puzo : Que des groupes récents, en effet. Ça s’est fait comme ça, naturellement. Au feeling ! On travaillait sur les lignes de chant, Philty s’y est collé et j’ai tout de suite aimé son feeling, son grain de voix. C’est peut être quelque chose qu’on développera encore plus sur le prochain album, qui sait ce que l’avenir nous réserve. Avec Mr. Jack, les choses ne sont jamais figées et, à l’image des groupes que tu cites et de tant d’autres, on essaye de ne pas être formaté par un standard précis. Tant que tu as l’inspiration, le rock c’est simple : du feeling, de la spontanéité et de la sincérité.
Qu'espères-tu accomplir avec Mr. Jack ?
Daniel Puzo : On a déjà fait une bonne partie du chemin. A l’image de nos groupes précédents, j’ai l’impression qu’avec Mr. Jack on s’inscrit dans un créneau qui n’est pas forcément le plus représenté aujourd’hui. Alors certes, AC/DC restera toujours AC/DC… Et même si on voit pointer des groupes comme Airbourne, nous ne sommes vraiment pas nombreux à défendre une musique qui est avant tout basée sur des fondamentaux. Mr. Jack se construit petit à petit, lentement mais sûrement. J’ai créé le groupe en 2002, et il a fallu tout ce temps pour sortir notre premier disque. Ca n’est pas un problème d’inspiration, loin de là. C’est juste qu’un groupe, ça n’est pas un kleenex qu’on prend et qu’on jette. On fonctionne comme tout groupe devrait fonctionner. Trouver les bons zicos, laisser transpirer le feeling et ensuite se forger un bon répertoire, le faire tourner et avancer. On est à la croisée des chemins. On est très optimiste avec Jack’n’Roll qui représente parfaitement ce que nous sommes aujourd’hui et ce qu’on veut défendre. Et là, on est dans les starting blocks, prêts à bondir sur toutes les scènes que l’on nous proposera. Car c’est pour ça que Mr. Jack existe. Le live est notre raison d’être.
Quel regard portes-tu sur la scène française actuelle ?
Daniel Puzo : J’ai l’impression qu’aujourd’hui, il est plus facile pour un groupe de sortir un disque. Cela va plus vite. Par contre, tourner semble beaucoup plus difficile, moins de public, et moins d’endroits pour jouer et il y aussi tellement de groupes présents. La tendance s’est inversée. Avant, il fallait faire ses preuves en live pour espérer faire un disque. Aujourd’hui, tu fais des disques et le live n’est pas automatique. Je n’apporte aucun jugement de valeur à cela. Si nous démarrions aujourd’hui, nous serions certainement confrontés à ces mêmes problèmes. A l’époque de Vulcain et H Bomb, nous avions la chance d’avoir un public nombreux qui nous suivait et nous soutenait. Cela nous a toujours permis de continuer et d’avancer.
Et quel regard portes-tu sur la scène metal en général ? S'amuse-t-elle autant qu'à « votre époque » ?
Daniel Puzo : Nous, nous nous amusons et c’est le plus important. Si tu fais du rock et que tu ne veux pas t’amuser, c’est ton souci. En tout cas, chez Mr. Jack, le leitmotiv numéro un c’est de jouer et quand on joue, on est heureux. Cela fait vingt-cinq ans que mon sac est prêt pour partir sur la route. C’est notre raison d’être. Et tant qu’on jouera, on sera heureux. Après, tu peux toujours trouver les détails pour te prendre la tête. Mais ce sont des choix de vie. Nous profitons pleinement de toutes les opportunités qui se présentent. Quand on nous demande si on regrette des choses, on répond non. On s’est marrés dans les 80’s et aujourd’hui, c’est le même plaisir, même si les conditions peuvent être différentes. Mr. Jack ne vit pas dans la nostalgie de nos deux anciens groupes ou d’une époque révolue.
Quels sont tes guitaristes et bassistes français préférés ?
Daniel Puzo : Pour les bassistes, sans aucune hésitation, je dirais mon frère, Vincent. J’ai tout de suite pensé à lui pour fonder Mr. Jack. Il ne souhaitait plus s’investir musicalement. Je respecte son choix. Mais je n’ai pas perdu au change avec Philty ! Quant aux guitaristes… Hum, difficile à dire. Je dirais Christophe Marquilly, le leader de Stocks, car ce gars possède un feeling qui n’appartient qu’à lui.
Comment définirais-tu ton style en tant que guitariste ?
Daniel Puzo : Quand j’ai démarré la gratte, on m’a rapproché de guitaristes comme Joe Perry d’Aerosmith ou encore Ted Nugent. C’est le son rock, à la Detroit City. J’allais oublier une de mes idoles de toujours, Fast Eddie Clarcke, le guitariste de Motörhead bien sur ! Mon style est quelque part par là, entre énergie et feeling.
Tu n'as pas eu trop de mal à reprendre l'instrument après avoir arrêté Vulcain ?
Daniel Puzo : Je n’ai jamais arrêté de gratter. Ma Les Paul ne me quitte jamais et tous les jours, on partage quelques instants ensemble… Quand je regarde la télé par exemple. Je n’ai jamais posé ma guitare. Certains riffs de Jack’n’Roll viennent tout droit de cette période. Pour être tout à fait précis, il y a même certains plans que je voulais faire avec Vulcain et qui pour certaines raisons n’ont pas été retenus. Donc, ça n’a absolument pas été dur de m’y remettre à plein régime. Au contraire.
Mr. Jack - Jack’n’Roll
Bernett Records
www.mrjack.fr
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