Manigance et Récidive !

Lorsqu'en 2002 Manigance sort Ange Ou Démon, la bande menée par Didier Delsaux et François Merle redonne de l'intérêt au hard rock / metal chanté en français. Presque une décennie plus tard, le groupe arrive avec son cinquième opus, Récidive, et passe en revue toutes les marques de fabrique de Manigance. Un moyen de combler les fans et d'amorcer un retour en force sur une scène hexagonale prête à soutenir un de ses seuls représentants en matière de power metal. Didier, le chanteur, et François, un des deux guitaristes, se sont livrés pour nous à un entretien dont vous découvrirez la seconde partie le mois prochain. Au menu ce mois-ci : présentation de Récidive et retour sur ses cinq années de gestation.

Il aura fallu presque cinq ans pour que Récidive voie le jour. Que s'est-il passé depuis 2006 ?
Didier Delsaux : Il est vrai que notre précédent album L’ombre Et La Lumière a vu le jour en mai 2006 et que plus de quatre ans et demi se sont écoulés depuis. Il faut savoir que d’avril 2002 à mai 2006, nous avons réalisé trois albums, une réédition avec des inédits et un live enregistré à l’Elysée Montmartre. Nous étions donc en « chantier permanent » pour créer de nouveaux morceaux en studio et à répéter pour mettre au point les tournées. C’est pourquoi fin 2006, après la tournée avec DragonForce et Firewind, une partie du groupe avait besoin de prendre un peu de recul par rapport à tout ça.

Notre label, à l’époque Replica Records, a compris ces raisons et il nous a laissé le temps de faire une pause. Nous avons donc eu très peu d’activité en 2007. Malgré tout, nous avons continué à répéter et donner des concerts de 2007 à 2008. En 2008, Bruno et François ont attaqué la mise en boîte de nouveaux riffs de guitares. En 2009 nous avons enregistré des inédits inclus dans le boîtier de réédition de nos albums. Nous nous sommes remis naturellement à la composition et à l’écriture de Récidive, avec cette envie de créer à nouveau.

Vous avez un nouveau label depuis un an, XIII Bis Records. Est-ce que ce fut difficile pour vous de trouver un bon partenaire pour vous aider à franchir un nouveau cap ?
François Merle : La rencontre avec le boss XIII Bis records (Mehdi El Jai) s’inscrit dans la continuité de ce que nous avons vécu avec NTS et Replica Records. Les activités de Replica devenant majoritairement axées sur la promotion, Olivier Garnier nous a proposé de rencontrer Mehdi pour discuter d’un projet avec XIII Bis. Le premier contact a été excellent, et nous nous sommes mis d’accord pour démarrer notre relation en rééditant tous nos albums dans un format Box. Olivier, qui a beaucoup investi au travers de NTS et Replica sur notre groupe, reste dans le paysage. Il travaille notamment avec Mehdi sur les groupes de XIII Bis et prend en charge la promotion de notre album. Maintenant nous bénéficions d’une structure bien rodée avec des gens très réactifs. Par exemple, avant même d’avoir le mix final de Récidive, Mehdi était déjà au Japon pour discuter de l’année à venir avec notre label japonais Avalon / Marquee.

L'industrie musicale actuelle passe-t-elle encore forcément par des maisons de disques « traditionnelles » ?
F. M. : Oui. Le terme « maison de disque traditionnelle » est un peu gênant car il fait référence aux belles années de l’industrie du disque mais le monde a bien changé. Les labels qui arrivent à passer la crise sont ceux qui arrivent notamment à s’adapter aux nouveaux formats et aux nouvelles technologies. C’est difficile car les technologies changent vite et il vaut mieux avoir un coup d’avance. Je pense que l’explosion du téléchargement illégal finira un jour par se réguler d’une façon ou d’une autre.

Le format CD est en fin de vie, mais il laissera la place à autre chose et tout le travail fait par un label autour d’un CD et applicable à un autre support. Leur boulot principal n’est pas simplement de faire presser des CDs mais surtout de te faire connaître partout dans le monde. Effectivement, Internet est une super opportunité pour promouvoir les groupes. En contrepartie ceux-ci sont de plus en plus nombreux et arriver à se démarquer par ses propres moyens relève presque d’un coup de poker. Une maison de disques est là pour ça. Elle construit de vraies relations avec les professionnels et te permet de te concentrer sur ta musique. Il y a toujours une tentation de tout faire tout seul, mais il faut savoir déléguer et bien s’entourer pour pouvoir avoir une chance de réussir.

Comment définissez-vous Récidive ?
F. M. : C’est un album qui rassemble tous les ingrédients de ce que nous avons fait depuis Ange Ou Démon et qui est à l’image de ce que nous aimons. Nous avons volontairement fait des titres courts et d’autres assez longs en privilégiant la diversité. Il contient quinze titres. C’est notre façon de remercier tous nos fans qui sont restés présents pendant cette longue période d’absence.



Contrairement à Ange Ou Démon ou L'ombre Et La Lumière : il n'y a pas d'opposition dans le titre de ce disque... Il semblerait que ce soit quelque chose qui porte pourtant plutôt chance à vos albums...
D. D. : Il est juste de dire que d’une manière générale, nos albums sont basés sur l’opposition entre le bien et le mal, entre l’ombre et la lumière. Mais quel que soit leur titre, je pense qu’ils restent résolument humains en traitant de altruistes. L’homme est un être à la nature tellement contrastée que c’est une source d’inspiration quasi inépuisable pour un auteur comme moi. En ce qui concerne l’album Récidive, nous nous sommes basés sur l’idée d’un mot court, d’un titre fort résumant le retour du groupe sur le devant de la scène métal.

Concernant l'écriture : est-ce toujours toi François qui « mène la barque » tandis que chaque membre contribue ? Si oui, avez-vous déjà essayé de changer ce fonctionnement ?
F. M. : L’essentiel de l’écriture des compositions a été réalisé par Bruno Ramos et moi. Comme pour les autres albums, nous avons partagé avec le groupe les arrangements et chaque membre a apporté sa touche personnelle aux compositions. Marc Duffau, par exemple, s’est beaucoup impliqué dans la composition des parties de claviers. Nous avons profité des technologies de home studio actuelles pour échanger des fichiers et que chacun puisse travailler sur l’album de façon autonome.

Manigance - Récidive
XIII Bis Records
www.manigance.org