Jorn Lande : L’album a été écrit entre août et octobre 2011 et la plupart des chansons ont été enregistrées au Monnow Valley Studio de Rockfield au Pays de Galles en novembre. J’ai découvert ce studio légendaire lorsque j’ai répété avec Heaven & Hell en juillet 2010 pour leur dernier concert de Victoria Park, à Londres, donné à la mémoire de Ronnie James Dio et pour lever des fonds pour la recherche contre le cancer. En décembre, nous sommes partis en tournée pendant trois semaines et avec les fêtes de fin d’année nous n’avons pas pu bosser dessus avant début janvier. Nous avons fini le disque en mars 2012.
Qu’est-ce qui t’a guidé durant la conception de cet album ?
J. L. : Nous devons continuer à battre le fer. Tant que nous aurons une force créative, une bonne santé et une volonté d’acier, nous ferons des albums de Jorn. Nous sommes un des seuls groupes qui jouent ce genre de musique mais cela ne veut pas dire que le heavy rock classic va mourir. C’est un objectif principal dans ma vie que de faire ce que j’aime sans tenir compte des modes régissant le monde du metal. Je n’ai jamais été politiquement correct dans ce que je faisais de toute manière. Il y a tellement de gens qui partagent ma vision des choses que je ne vois pas pourquoi je devrais me retenir. Dans la vie, il n’y a pas suffisamment de temps pour attendre : je crois qu’il ne faut pas passer trop de temps sur des détails pour rendre parfaite sa musique. Je suis imparfait et je l’accepte !
Bring Heavy Rock To The Land est-il un chapitre particulier dans ta discographie ?
J. L. : Il ne représente pas quelque chose de totalement neuf ou original dans ma carrière. Nous avons fait diverses choses dans les domaines du rock ou du metal sans être trop ouvertement expérimental. L’album est plus rock que metal sans doute et j’ai essayé d’inclure différentes influences que j’ai en tant que chanteur sans pour autant les pomper. Vous devriez pouvoir les entendre. Je pense qu’il est important pour moi de faire des albums aux teintes différentes et ne pas rester dans la même zone musicale. Le morceau éponyme a été composé avec les paroles et la mélodie en premier comme d’autres chansons par le passé : Man Of The Dark, Lonely Are The Brave, War Of The World ou The Inner Road. Quand la musique est écrite en premier, le résultat est généralement assez différent car la musique et le chant se dissocient. J’ai toujours préféré partir d’une ligne vocale ou de paroles et construire la musique à partir de là, contrairement à beaucoup d’artistes. Une grande partie des chansons pour cet album a été enregistrée live en studio comme sur Spirit Black. Cette méthode permet de retranscrire l’énergie et la puissance du son, sans compter que c’est bien plus fun de bosser comme ça. Cela permet d’échanger avec les musiciens et de passer du temps avec eux contrairement aux albums faits par échanges de fichiers informatiques. Nous sommes peut-être de vieux dinosaures mais c’est ce qui marche pour nous !
Bring Heavy Rock To The Land contient une nouvelle version d’une chanson de Masterplan, Time To Be King. Qu’est-ce qui t’a poussé à faire une nouvelle version ? Tu n’étais pas content de l’originale ?
J. L. : J’ai toujours eu en tête un arrangement différent. J’aime l’ancienne version mais je voulais l’adapter à mon style avec un arrangement rock plus simple. J’aime ce rendu et je pense l’incorporer à ma setlist.
As-tu des plans en vue d’un nouvel album d’Allen / Lande ?
J. L. : Nous en avons parlé mais rien n’est encore sûr. Il y a beaucoup d’amateurs de ces albums et cela nous donne forcément envie d’en faire d’autres. Russell et moi sommes très occupés avec nos propres groupes et avons été un peu dépassés par le succès de ces albums. Peut-être qu’un jour nous pourrons même tourner !
En 2013 tu vas fêter tes vingt ans de carrière. Quels sont les hauts et les bas majeurs de cette période ?
J. L. : Cela fait même trente ans que je tourne ! J’enregistre depuis vingt ans. Tous les hauts et les bas ont été essentiels pour ce que je suis aujourd’hui. Les années 90 ont été une période difficile à la fois pour l’industrie et les artistes de hard rock et de heavy metal. Tout le monde voulait réinventer la roue et le résultat était souvent loin de l’originalité recherchée. Quelques groupes ont réussi à se faire connaître avec leurs « nouveautés ». Beaucoup d’artistes ont été influencés par cette nouvelle façon de mélanger les genres. Personnellement je n’ai jamais aimé le grunge à part quelques groupes. J’ai essayé de garder mes racines rock en utilisant une palette plus large d’expressions vocales. Ainsi, je suis resté fidèle à moi-même tout en proposant un style légèrement atypique comme avec Ark, Beyond Twilight ou les deux premiers Masterplan où je changeais d’expression totalement au sein d’une même chanson. Sur Absolute Zero d’Ark je passais d’un registre à la Bjork à un style plus classique très rapidement.
Feras-tu quelque chose de particulier en 2013 pour ces vingt ans ?
J. L. : Chaque année est particulière à mes yeux donc je vais continuer à faire ce que je fais à chaque fois : de nouveaux albums et de nouveaux concerts (rires) !
Tu as bossé avec plein de guitaristes très talentueux. Qui t’a semblé être le plus talentueux ?
J. L. : Tore Moren et Jørn Viggo Lofstad sont des guitaristes exceptionnels. Ils sont très techniques et bénéficient d’un son identifiable. Ils peuvent jouer des soli mélodiques sans perdre le feeling rock ! L’équilibre est parfait. Pas mal de guitaristes m’ont impressionné mais celui qui dépasse tous les autres est incontestablement Tommy Iommi. Nous n’avons jamais fait d’albums ensemble mais quand nous avons répété ensemble pour le concert d’Heaven And Hell, j’ai rapidement compris son génie.
Quels sont tes projets pour le reste de l’année ?
J. L. : Je bosse sur un album de Jorn où nous réarrangerons de vieux morceaux avec un accompagnement orchestral. Et puis, je vais commencer à travailler sur le prochain album studio de Jorn qui verra le jour en 2013.
Jorn - Bring Heavy Rock To The Land
Frontiers
www.jornlande.com