Guitariste : Quels sont tes racines musicales ?
John Alderete : C'est la soul music, le rythm'n' blues et le funk qui m'ont donné envie de faire de la basse. Je joue dans un groupe de heavy-metal avec le guitariste Paul Gilbert, mais j'ai découvert ce style musical avec lui. Alors jouer du trip-hop au sein de Big Sir, où je joue en fretless, est une chose très naturelle pour moi.
Guitariste : Avec Big Sir, tu sors un nouvel album remixé. Avec des morceaux inédits ?
John Alderete : Le dernier album, Big Sir, est un remix complet du premier qui s'appellait "Now that's what I call a big Sir". Comme les ventes de CD ont été épuisées, nous sortons une nouvelle version remixée par plusieurs amis, notamment Sugar du groupe japonais POD. Les titres sont les mêmes, avec quelques variations. Ils ont été enregistrés avec Bruce Bouillet à la guitare (Racer X), Lisa Papineau au chant et Tim Cummerford (Rage Against The Machine) en deuxième basse. Nous profitons aussi de notre passage en France pour travailler de nouveaux morceaux en studio.
(ndr : finalement, d'après le label Toxic-Music, l'album Big Sir disponible au premier semestre 2003 en Europe comprendra quatre titres inédits supplémentaires)
Guitariste : Big Sir a participé au festival musical Effervessonne. Tes impressions ?
John Alderete : Tout s'est très bien passé, l'accueil du public était bon. Tous les musiciens de Big Sir n'ayant pu venir en France, seule la chanteuse et moi avons fait le déplacement depuis les Etats-Unis. Or il y a deux bassistes par exemple sur l'album. Nous avons dû employer des bandes d'accompagnement en concert, la prochaine fois j'espère que l'on viendra au complet.
Guitariste : Comment en est-tu venu au metal ?
John Alderete : En rencontrant Paul Gilbert à l'école de musique du MIT à Hollywood, en 1986. Un copain bassiste me l'a présenté et on a jammé ensemble. La première fois que je l'ai vu joué, je me suis vite rendu compte qu'il était différent des autres guitaristes. C'est quelqu'un qui innove, il faisait des trucs techniques que je n'avais jamais vus chez d'autres guitaristes. Il m'a tout de suite proposé de faire un album et de fonder un groupe. En 2002, quand on était au Japon, mon roadie -qui est guitariste- n'arrêtait pas de regarder Paul en pensant : ce type est hallucinant !
Guitariste : Le succès est venu rapidement à vos débuts ?
John Alderete : Un groupe de metal, à Hollywood...les conditions étaient favorables. Après seulement deux concerts, on faisait salle comble à chaque fois.
Guitariste : A quoi ressemble le nouvel album de Racer X, "Getting Heavier" ?
John Alderete : C'est le plus différent de tous. Il explore plusieurs styles du rock, avec des riffs un peu moins rapides que d'habitude à la guitare. Mon titre préféré est le premier, qui s'appelle Dr. X. Tout le monde y joue à la perfection. Pour les effets, j'utilise une douzaine de pédales sur cet album, ce que je ne faisais jamais avant. Une sorte de fuzz Big Muff d'origine russe, une bass wah, une Octave Divider qui joue ta note à l'octave inférieure. J'ai joué sur différentes basses, des Fender notamment.
Guitariste : L'enregistrement a l'air de s'être fait dans de bonnes conditions...
John Alderete : Tout s'est déroulé chez Paul, dans son studio. On s'est fait plaisir tous les jours pendant six semaines, c'était super du début à la fin. On se lèvait vers 11 heures du matin. On montait au studio à l'étage et on enregistrait, pendant quatre heures en général. En cas de fatigue, Paul a une table de ping-pong. Parfois, on y jouait toutes les deux heures. Si bien que tout le monde se défend en ping-pong maintenant (rires).
Guitariste : Universal sort un double-live au Japon. C'était comment là-bas ?
John Alderete : On est resté deux semaines en tournée, pour six concerts. On y retournera vers avril ou mai 2003. Les clubs étaient pleins à craquer, on ne pouvait plus entrer dans les salles tellement il y avait de monde !
Guitariste : Et le public japonais ?
John Alderete : Il est assez particulier, les gens te regardent avec attention, observent où tu poses tes doigts. Les Français sont proches de ça, et ont une attitude assez cool. Lorsqu'il y a du slam, du stage-diving, le public américain est plus physique, plus méchant.
Guitariste : Avec Kazaa, j'ai pu télécharger plusieurs titres de Racer X. Qu'en penses-tu ?
John Alderete : Cela ne me gêne pas. Je pense que les gens qui aiment la musique continueront d'en acheter, par exemple en découvrant un groupe qui leur plait. Les fans apprécient d'avoir la pochette du CD, les vrais titres avec un véritable son, le livret. Moi même je grave des CD-R de musique sur mon PC. Pourtant, quand un album me fait envie, je cours l'acheter. Et je me suis rendu compte qu'un CD gravé résiste moins longtemps qu'un CD acheté. Les gros labels se plaignent de gagner moins d'argent, à cause du piratage. Je pense surtout qu'ils dépensent très mal leur propre argent.
Guitariste : Comment vois-tu Internet ?
John Alderete : Je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse s'échanger des chansons comme aujourd'hui, et je trouve ça fantastique. J'adore les radios en ligne. On trouve de tout, c'est fabuleux. Je rêve du jour où l'autoradio de ma bagnole sera connecté à Internet ! Quant aux mails que nous envoient les fans, on s'efforce toujours d'y répondre.
Guitariste : Pour clore avec la France, une anecdote sur ta visite ici avec Big Sir ?
John Alderete : Je suis végétarien. En coulisse, pour manger un morceau, on m'a proposé du salami, du foie gras. Quand on te tend quelque chose, tu n'as pas toujours le choix. Le foie gras, j'ai trouvé ça bon. Mais ça faisait douze ans que je n'avais pas mangé de viande !
Pour en savoir plus
http://www.toxic-music.com/
Pour des infos, des partitions au format PowerTab et GuitarPro, des vidéos sur Racer X :
http://www.racerxband.com/
http://www.paulgilbert.com/