Comment est né In Delirium?
Julien : In Delirium est né en 2001 de la volonté de Martin (guitariste presque virtuose reconnu localement) de s’entourer de musiciens (presque bons sur le plan régional) afin de donner vie à ses compositions biscornues. Le groupe était alors un trio guitare/chant, basse et batterie qui manquait cruellement d’un « frontman » charismatique presque asthmatique. En 2003, nous avons rencontré le chanteur approximatif tant espéré en la personne de Gillian Diez, dont le nom lui va comme une altération. Suite à cette rencontre, le groupe est devenu plus jazz mais sa musique plus rock.
Votre musique fait penser à Mr. Bungle, Primus, Bumblefoot ou encore System Of A Down... Pourtant je suis sûr que ce ne sont pas vos influences principales... Me trompe-je ?
Tous : OUI. Nous rajouterions simplement quelques NON. Frank Zappa, Led Zeppelin, Freak Kitchen, Living Colour, The Beatles, Jacques Brel, Claude Nougaro, Les Monty Pythons... Une petite précision toutefois : System Of A Down n’est pas une influence, c’est en revanche un groupe que nous avons découvert il y a quelques années, que nous apprécions, et auquel nous pouvons faire penser dans une certaine mesure, dixit notre public. En tout cas, nos influences sont nombreuses et variées (metal, rock, jazz, jazz/rock, classique, l’humour…).
Dans la scène française, vous sentez-vous comme les successeurs de Carnival In Coal ?
Julien : Nous connaissons très peu ce groupe. Cependant, si tu fais référence à un second degré dans la musique, nous penchons plus vers l’univers humoristique de Zappa. De plus, nous ne pensons pas appartenir à la scène metal et encore moins death.
Martin (guitare/chœurs) : Donc la réponse à la question est « non ». Nous nous sentons plus comme les successeurs de Trust (rires).
Parlons de votre parcours musical. Avez-vous tous suivi des formations théoriques dans le groupe ?
Martin : J’ai fait le CMCN de Nancy il y a une dizaine d’années et Djou (basse) a suivi une formation au JAM de Montpellier, Julien (batterie) est titulaire du diplôme de la LAMA à Los Angeles et Gillian (chant) est né à Nancy. Nous avons changé de bassiste récemment. Didier, le bleu du groupe a pris des cours de trompette avec Eric Truffaz dans sa jeunesse (ce n’est pas une blague, mais ça ne s’entend pas sur le disque car il n’a pas participé à son enregistrement).
Est-ce que ces formations vous ont aidé pour mieux « déstructurer » les schémas établis et totalement vous lâcher au sein d'In Delirium ?
Martin : Incontestablement. Chez nous la composition est un processus assez intellectuel, de recherche et d’expérimentation dans lequel la maîtrise théorique de la musique est très importante. Nous avons aussi toujours en tête de casser les schémas trop conventionnels, ce qui pourrait avoir un côté un peu naïf sans l’aide de la théorie (ce que je reprocherais un peu à Carnival In Coal). Sur scène, en revanche, tout cela doit être suffisamment intégré pour laisser place à une exécution plus sauvage. L’improvisation est aussi très importante pour nous et nous n’essayons pas de reproduire parfaitement l’album en concert. Les morceaux deviennent un support à l’expression du moment.
En matière de guitares: quel matériel avez-vous utilisé pour l'enregistrement de l'album ?
Martin : Exclusivement Fender pour les guitares, deux Telecaster et une Strat. Les parties ont été enregistrées avec un préampli Tubeman et un boîtier de direct Radial Engineering. Chaque prise était capturée sur deux pistes, l’une contenant le son du preamp et l’autre le son pur de la guitare. Nous avons ensuite emprunté pleins d’amplis et repassé les prises via un Radial Engineering X-amp dans chacun des amplis en essayant différents micros et placements. Ce système permet de se concentrer exclusivement sur le son une fois que les parties sont enregistrées. Le choix final fut un Engl 50 watts à lampe (un screamer ou thunder, je ne sais plus) repris par un SM57. Tous les effets, delays, reverb, wha wha, pains, ont été rajoutés au mixage avec des plugs de Cubase. Sur scène, je prends une des Télés ou la Strat, quelques pédales (Rotovibe, compresseur Carl Martin, un BB preamp, et un octaveur ZVex que je viens d’acquérir) et je branche tout ça dans un triamp Hughes & Kettner.
Quels modèles de guitares avez-vous possédé pour finalement arriver aux modèles actuels ?
Martin : Etant un guitariste assez metal à la base, ma première vraie guitare à été une Ibanez Reb Beach qui m’a accompagné durant mes années d’étude. Puis je me suis payé une Strat car j’aimais le son funky qu’on pouvait obtenir avec. J’ai tourné quelques années avec ces deux instruments puis j’ai commencé à m’intéresser à la guitare country, grâce à la découverte de Danny Gatton. Naturellement il m’a fallu une Telecaster et je suis vraiment tombé amoureux de cet instrument, au point de m’en procurer une deuxième (un modèle James Burton) peu de temps après. Aujourd’hui, je garde l’Ibanez uniquement pour sa valeur sentimentale mais je ne m’en sers plus.
Vous aimez "bidouiller" avec le matériel ou ne le voyez-vous que comme un outil pour retranscrire directement vos idées ?
Martin : J’aime bien bidouiller avec le matériel mais sans but précis, juste pour me familiariser avec et pour connaître toutes les possibilités qui me sont offertes. Lorsque j’enregistre une idée, je ne supporte pas d’être bloqué dans le processus créatif par une mauvaise connaissance technique, je préfère m’en être occupé avant. La musique est dans ma tête et le matériel ne m’influence pas, c’est juste un outil.
Le chant me paraît encore un peu approximatif et pas tout à fait au niveau de l'exécution des parties instrumentales. Etes-vous d'accords avec cela ?
Martin : Il est sûr que Gillian est le moins cérébral d’entre nous. Il est là pour empêcher notre musique de sombrer dans un côté pompeux et chiant. Il apporte la fraîcheur et l’énergie qui nous manquaient lorsque l’on jouait en trio. On ne peut pas faire de comparaison de niveau étant donné que son apport à l’ensemble est totalement autre que les parties instrumentales. Notre grande force est justement de réussir à allier ces extrêmes au sein d’une même musique. Nous ne sommes ni des techniciens de la musique intellectuelle et pédante, ni un groupe de rock punk qui n’arrive pas à aligner trois accords, nous avons pris ce qui nous parlait dans chacun des cas.
Gillian : Toutefois, il ne s’agit que d’un premier album et pour ma part, c’est la première fois que je menais à bien un projet entier d’enregistrement. Je reste conscient qu’il y a quelques « maladresses » et j’aimerais à l’avenir tendre vers quelque chose de plus dense, riche et maîtrisé.
Décrivez-moi un concert type d'In Delirium et vers quoi vous voulez tendre dans ce domaine.
Martin : Nos concerts ont un côté « à l’arrache », on se soucie plus de l’énergie que de l’exécution.
Gillian : On ne peut pas faire autrement de toute façon (rires).
Julien : Nous avons un « dresscode », nous sommes tous en costard afin d’augmenter le « visual impact » du show et on a des accessoires. On voudrait tendre vers encore plus d’accessoires et de nouveaux costards.
Didier : On a un canon à confettis !
Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?
Gillian : Une bonne année 2009 et surtout… la santé !!!
Domitille (tourneuse du groupe) : Que les programmateurs ouvrent un peu leur oreilles, écoutent, ET PROGRAMMENT ! Merde à la fin ! Qu’ils arrêtent de dire que c’est bien mais qu’ils ne sont pas sûr pour le public !
Fiasco Productions
www.indelirium.fr