Inlassables et passionnés, les Français d’Heavenly perpétuent une tradition en voie de disparition : le speed/power metal à la sauce happy. Et ils font honneur à la tradition, progressant constamment d’album en album. Leur dernier en date, Carpe Diem, se veut un peu plus varié mais, fondamentalement, tous les traits de caractère du groupe demeurent : refrains épiques, effets grandiloquents et thèmes lyriques restent au menu. Pas de quoi révolutionner le genre mais certainement de quoi passer un bon moment.
L'album est déjà sorti depuis quelques mois. Quels sont les premiers retours ?Ben Sotto : Pour le moment, nous n'avons pas assez de recul pour donner des chiffres en termes de vente d'albums car le disque vient juste de sortir et c'est encore trop tôt. Mais les retours que nous en avons au niveau des médias et des fans sont très positifs. Nous travaillons avec plusieurs labels pour les différentes parties du monde et les retours que nous en avons sont très encourageants. Pour le reste, il faudra encore attendre plusieurs mois je pense.
Sont-ils en accord avec tes attentes ?
Ben Sotto : Avec nos attentes, bien sûr, car nous n'avons pas vraiment d'attentes si ce n'est de faire notre musique et de satisfaire nos fans. Je pense que ce sont les labels qui ont des attentes précises, car ce sont eux qui misent sur le groupe. Et compte tenu de l'effondrement de l'industrie du disque, ils doivent suivre leurs groupes de près. Pour l'instant tout se passe bien avec nos différents labels donc ils doivent être satisfaits.
Carpe Diem n'avait pas été conçu comme un concept album au départ. Comment l'est-il devenu ?
Ben Sotto : La phrase « Carpe Diem », du poète romain Horace, provient d'une maxime latine "carpe diem quam minimum credula postero" qui signifie "cueille le jour présent en confiant le minimum au futur". Par la suite, cette explication a été détournée et c'est devenu non pas "cueille le jour" mais "profite du jour présent" ce qui renvoie au culte du plaisir, et bien évidemment du plaisir sexuel. C'est cette définition-là que nous voulons exprimer ici. Mais ce n'est pas vraiment un concept album car tous les titres ne traitent pas de ce sujet – trois morceaux seulement évoquent ce thème –, donc on peut dire que Carpe Diem est une compilation de plusieurs titres indépendants qui parlent de différents thèmes comme l'adolescence, l'amour, l'environnement, la guerre ou bien le désespoir.
Tu te sens plus à l'aise dans le cadre d'un album conceptuel ?
Ben Sotto : Nous avons réellement fait un concept album avec l'album Dust To Dust, qui relate l'histoire d'un homme devenu vampire. Cela a été une très bonne expérience mais cela peut devenir parfois un peu enfermant car il faut toujours suivre la ligne directrice et l'ambiance. C'est pourquoi Carpe Diem n'en est pas vraiment un ; nous avons voulu garder la liberté d'aller où nous voulions sans nous limiter au cadre du concept.
Comme tu l’as dit, le terme "carpe diem" peut-être associé à pas mal de choses. Qu'en est-il pour toi au niveau personnel ?
Ben Sotto : D'un point de vue personnel, nous voyons les choses ainsi au sein du groupe : on "profite du moment présent" sans trop penser à l'avenir. On profite en ce moment de la sortie de l'album sans se demander où nous serons dans cinq ans et si le groupe existera encore, surtout avec l'industrie du disque qui tombe de plus en plus... Bref on ne se projette pas trop en avant et on se concentre sur l'instant présent.
Un membre du groupe a-t-il un tatouage "carpe diem" (rires) ?
Ben Sotto : (rires) Non, aucun membre du groupe n'a un tel tatouage... En revanche, le président du fan club du groupe, Lionel Reygner, a un énorme tatouage d'Heavenly ! C'est la seule personne que je connaisse qui a un tatouage Heavenly.
Un mot sur « Ode To Joy », votre réinterprétation de Beethoven. Il y a un côté assez Helloween dans le rendu final... Tu es d'accord ?
Ben Sotto : En fait, il ne s'agit pas vraiment une reprise de l' « Hymne à la Joie » de Beethoven. Nous avons seulement repris l'intro et le thème principal dans le refrain. Sinon, pour le reste, c'est un morceau à part entière. C'est plus un hommage à Beethoven qu'une simple reprise. Après, c'est également un clin d'oeil à Helloween, en effet, parce que le chant sur le refrain fait très Michael Kiske. On a voulu ce côté Helloween seulement après avoir écrit le morceau car on s'est aperçus que la progression d'accords de l’ « Hymne à la Joie » est la même que sur « Eagle Fly Free » de Helloween. On a donc relevé cela en donnant un certain côté Helloween période "Keepers".
Les chœurs sont très travaillés sur l'album et sonnent parfois à la Queen. Un gros boulot semble avoir été accompli : tu confirmes ? Comment se passe le travail sur les lignes vocales ?
Ben Sotto : C'est vrai, il y a un gros boulot de fait sur les chorales. On essaie de reproduire la formation d'une vraie chorale, c'est-à-dire que je m'enregistre en essayant de varier les timbres de voix en recréant les harmonies comme une chorale le ferait. En fait, je fais une voix après l'autre alors ça prend pas mal de temps. Sur certains titres comme « Farewell » ou « A Better Me », les chorales ont été directement inspirées par Queen. J'ai beaucoup écouté dernièrement l'album A Night At The Opera et ça m'a beaucoup influencé pour les chœurs.
Quels sont tes guitaristes préférés de la scène actuelle ?
Ben Sotto : Il y en a beaucoup donc c'est dur de choisir. Je dirais Marty Friedman, Kiko Loureiro ou bien Eric Johnson.
Et tes bassistes préférés ?
Ben Sotto : Là, en revanche, j'en connais moins (rires)... Alors ce serait Jari Kainulainen, Victor Wooten et, pour faire plaisir à Matthieu, notre bassiste, Gary Willis.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Ben Sotto : Dans un futur proche, on aimerait bien partir en tournée non seulement en France mais aussi en Europe car on veut vraiment défendre cet album sur scène. Concernant un futur plus lointain, on espère être toujours présents sur la scène metal française et surtout prendre toujours autant de plaisir à faire de la musique.
Heavenly – Carpe Diem
AFM Records
www.heavenly.fr
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