Trivium incarne pour beaucoup la relève du metal actuel, en mettant la technique au centre de la musique, comme aux grandes heures du thrash américain. Leur album The Crusade devrait les aider à obtenir un rang digne de leur talent. Matthew Heafy, guitariste du groupe, nous détaille titre par titre cette nouvelle galette. Par Nicolas Didier Barriac
Guitare Live : Globalement The Crusade sonne plus épique que tout ce que vous avez pu faire par le passé. La pochette de l’album va également en ce sens. Tu es d’accord ?
Matthew Heafy : Nous n’avions pas spécialement d’objectif en termes de style. Nous avons simplement suivi notre instinct. Nous étions sans doute dans un état d’esprit assez technique et progressif car cet album possède incontestablement ces deux caractéristiques.
Guitare Live : Cet album sonne comme du Metallica des années 80 remis au goût du jour. Pourquoi n’avoir pas essayé de « camoufler » un peu plus cette influence ?
Matthew Heafy : C’est vrai que les gens n’arrêtent pas de nous dire ça. Tout ce que j’ai à répondre à cela est que c’est fantastique d’être comparé à un des meilleurs groupes de tous les temps plutôt qu’un combo insignifiant qui n’a sorti qu’un seul album. De plus, quand les gens me disent que l’influence de Metallica est trop présente, je leur demande quel riff ou quelle chanson est selon eux trop proche de leur style. Généralement, ils ont du mal à me répondre tout simplement parce qu’il n’y a aucun passage qui fasse vraiment penser à une chanson existante de Metallica.
Guitare Live : C’est plus au niveau du chant que ça me gène…
Matthew Heafy : James Hetfield et moi avons le même timbre. De plus, quand on chante du heavy metal je trouve qu’on sonne plus ou moins soit comme James Hetfield soit comme Bruce Dickinson. Et je ne suis pas le chanteur de Maiden… Ces groupes sont tellement emblématiques de leurs courants de metal qu’ils sont inévitables. Tous les chanteurs de combos de power metal sonnent à un moment comme Bruce et tous les groupes de thrash comme James.
Guitare Live : Tu ne m’as pas trop convaincu sur ce point mais passons (rires). Détaillons maintenant titre par titre le disque en commençant par Ignition.
Matthew Heafy : C’est un des titres les plus rapides et agressifs de l’album. Il est assez dur à jouer. Les rythmiques de la guitare et le phrasé du chant fonctionnent à contre-temps et c’est difficile de ne pas se tromper. J’adore ce titre, c’est un hommage à toutes les chansons de thrash qui ont bercé notre enfance. Les gens s’attendent sûrement à ce qu’il y ait une intro sur cet album mais avec ce titre on rentre directement dans le vif du sujet.
Guitare Live : Detonation ?
Matthew Heafy : C’est un titre un peu plus « tranquille » que Ignition. C’est un morceau assez inédit pour Trivium car il n’y a pas vraiment de plans qui se répétent au cours des quatre minutes. Il y a tout de même trois mouvements. C’est le premier morceau que nous avons rendu public et c’est par rapport à Detonation que beaucoup de gens ont commencé à attendre The Crusade avec impatience. Je crois que nous avons surpris beaucoup de monde mais dans le bon sens car nous ne répétons pas bêtement le style présent sur Ascendancy.
Guitare Live : Entrance Of The Conflagration...
Matthew Heafy : Nous venons de tourner un clip pour cette chanson. Ce titre est un peu moins technique d’un point de vue de la guitare. C’est dans l’ensemble très heavy et en même les parties vocales des couplets sont très entraînantes. Le refrain est assez chargé rythmiquement, dans le style habituel de Trivium. Mais ma partie préférée est le break du milieu où nous jouons comme un bon vieux groupe de rock des années 80. C’est vraiment une chanson fun.
Guitare Live : Anthem (We Are The Fire).
Matthew Heafy : Nous avons également tourné un clip pour cette chanson. Ce sera notre deuxième single à priori. Encore une fois, il s’agit d’un hommage au rock des années 80. The Crusade est un album de thrash technique mais ce titre montre notre côté le plus simple et direct. C’est super catchy notamment lors du pont avec les « woo-hoo ». Vocalement, c’est la chanson la plus dure pour moi car je dois atteindre quelques notes un peu hautes pour le baryton que je suis (rires).
Guitare Live : Unrepentant.
Matthew Heafy : Voilà une chanson très difficile à jouer (rires). C’est super chaud rythmiquement mais aussi pour les soli. Ignition et Unrepentant seront les deux chansons les plus dures à jouer tout en chantant mais elles seront bien entendu toutes les deux présentes sur la tournée. Anthem (We Are The Fire) aussi, d’ailleurs. La structure de ce titre me rappelle quelque peu Like Light To The Flies. C’est fun à interpréter. Au niveau des paroles, je me suis inspiré de faits divers concernant des meurtres commis au sein de familles d’apparence tranquille. Ce n’est pas le seul titre de l’album qui est fondé sur des faits divers.
Guitare Live : And Sadness Will Sear.
Matthew Heafy : Un titre assez direct. C’est le premier morceau du disque pour lequel nous avons utilisé des guitares à sept cordes. Je trouve que ça sonne très heavy et minimaliste à la fois. Ca parle de Matthew Sheppard, un garçon qui a été tué par deux types à cause de sa sexualité. Je voulais vraiment écrire quelque chose à ce propos. C’est une affaire qui a été très médiatisée il y a quelques années.
Guitare Live : Becoming The Dragon.
Matthew Heafy : Beaucoup de gens pensent que ça parle de Donjons Et Dragons (rires). Il s’agit en fait de la mythologie asiatique qui accorde énormément d’importance aux dragons. Ca explique la façon dont on peut devenir un « dragon » à partir d’un simple poisson dans cette mythologie. Les gens pourront faire un parallèle avec leur propre vie, donc. Musicalement, c’est très direct et heavy à nouveau puisque nous avons les guitares à sept cordes. La section intermédiaire est assez compliquée : il s’agit presque d’un solo rythmique de guitare.
Guitare Live : To The Rats.
Matthew Heafy : Là c’est du thrash pur jus de A à Z. Le refrain est très chantant. Les paroles vont avec la musique : « ne nous faites pas chier ! » Nous nous adressons aux « rats » qui voudraient nous pourrir la vie. N’essayez même pas !
Guitariste : This World Can’t Tear Us Apart.
Matthew Heafy : Une chanson rock très positive et très mélodique jouée avec des guitares sept cordes. Nous n’avons pas tant de chansons positives que cela mais je trouvais que c’était important d’inclure celle-ci. Je pensais à Journey en écrivant cette chanson (rires). Souvent les gens font le parallèle avec Dying In Your Arms de notre précédent album. Je le conçois tout à fait.
Guitare Live : Tread The Floods.
Matthew Heafy : Du vrai heavy metal qui a bien tourné ! Le pont est vraiment super technique à jouer (il chante le passage). Le refrain a un petit côté Guns n’ Roses, je trouve, mais plus dans les mots employés que dans la manière de les chanter.
Guitare Live : Contempt Breeds Contamination.
Matthew Heafy : Un morceau technique à l’extrême et qui est centré sur son riff de départ. J’ai même donné un surnom à ce riff : le « hell riff » (rires). Nous devons nous concentrer sur cette chanson où nous utilisons à nouveau des sept-cordes. Contempt Breeds Contamination me fait penser à un long solo de guitare.
Guitare Live : The Rising.
Matthew Heafy : La chanson la plus différente de ce que nous jouons traditionnellement. C’est du hard rock, non ? Les deux guitares sont extrêmement complémentaires et c’est assez agréable pour nous de jouer de cette manière. Le riff est en fait composé de deux riffs que Corey Beaulieu et moi jouons séparément mais ils se combinent magnifiquement pour former une ligne mélodique forte. Nous trouvions que The Rising était parfaite pour terminer l’album mais nous voulions y glisser une dernière petite surprise…
Guitare Live : The Crusade.
Matthew Heafy : Nous n’avions encore jamais fait un morceau instrumental en dehors d’une plage d’intro. The Crusade est un morceau-fleuve de huit minutes trente de pure technique. On change tour à tour les clefs, les tempi, les mouvements, etc. Ca remue dans tous les sens et en permanence. Il y a six soli de guitare et c’était une superbe expérience de réaliser ce titre. Je suis fier que ce morceau ne se limite pas à de la branlette technique : il parle de lui-même, c’est pour cela qu’il n’y a pas besoin de paroles. Ca me fait un peu penser à du Dream Theater dont je suis un gros fan. Il y a des passages très progressifs dans cette chanson. Je pense que certaines personnes, principalement les non-musiciens, risquent de ne pas comprendre tout ce qu’il s’y passe. J’offre cette chanson à tous les vrais amateurs de musique.
Pour en savoir plus
Site officiel du groupe :http://www.trivium.org
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