À ses débuts, Hatebreed était un véritable précurseur en matière de metalcore. Avec les années, des groupes plus jeunes et plus aventureux ont tiré la couverture à eux mais l'expérience des Américains parle pour eux. Avec le très médiatique frontman Jamey Jasta, Hatebreed continue de jouer la carte du metalcore, en prenant juste un peu de recul avec les influences metal. Alors que la formation de Nuclear Blast s'apprête à arpenter de nouveau les routes du monde entier, Jamey Jasta était avec nous pour un making of de leur sixième album studio.
Est-ce que le public français réagit différemment des autres pays à The Divinity Of Purpose ?Jamey Jasta : Je trouve que les réactions ont été uniformément bonnes. J'ai fait 20 interviews aujourd'hui et plus de la moitié des journalistes m'ont dit qu'ils préféraient The Divinity Of Purpose à l'album éponyme. C'est révélateur à mes yeux. Quand un groupe attend plus de trois ans pour concevoir et enregistrer un disque, il espère certainement faire mieux que toutes ses précédentes réalisations.
L'enregistrement de cet album ne s'est pas fait de manière tout à fait traditionnelle et linéaire. Vous bossiez dessus la semaine et vous partiez jouer en live le week-end dans des festivals d'été. Cela a-t-il eu un impact sur la musique et la direction artistique générale ?
J. J. : Oui. Cela est clair sur les parties de chant. Prendre l'avion pendant huit heures fait vraiment prendre du recul rapidement sur les choses (rires). Il y a de multiples exemples sur l'album où j'entendais un truc durant le trajet que je voulais absolument changer dès mon retour. Cela pouvait être une mélodie, une parole, un cri, etc. C'était une bonne expérience. Cela nous a fait changer notre manière de considérer les tournées également. Nous avons joué moins de shows, nous nous sommes fait désirer. Résultat : les fans crèvent vraiment d'envie de nous revoir. Ça tombe plutôt bien vu que nous avons The Divinity Of Purpose qui arrive !
Je crois que nos prochains concerts auront une ambiance vraiment spéciale. Presque comme une reformation. Notre webmaster nous a expliqué que dès que les premières dates ont été annoncées, tous les fans de tous les pays demandaient à ce que nous venions aussi chez eux. C'est une ambiance d'hystérie qui fait vraiment plaisir. Nous avons sans doute joué trop de concerts par le passé. Notre présence sur scène n'avait plus rien d'extraordinaire aux yeux du public.
Durant les shows de l'été, étais-tu toujours à 100% concentré sur le concert ou y avait-il des moments où tu pensais à ce qu'il fallait changer sur l'album dès ton retour aux États-Unis ?
J. J. : Non. Je pensais plutôt à l'inverse : que certaines idées de The Divinity Of Purpose allaient vraiment bien fonctionner sur scène. Un soir, en Allemagne, le courant a été coupé pendant que nous jouions. C'était pendant notre troisième morceau et cela a coupé l'engouement de toute la foulée à un moment peu stratégique (rires). Pourtant, après, les fans se sont manifestés de manière très positive. Cela m'a fait penser à notre fabuleux public de Detroit sur notre DVD live. J'ai voulu retranscrire ce super sentiment dans des paroles de l'album. Je l'ai fait sur « Own Your World », un morceau à double sens qui rend entre autres hommage à notre public. J'ai tellement hâte de chanter ce titre avec lui. Après tout, qui a plus de cœur et de passion que les fans de Hatebreed ? Ce sont les meilleurs. « Own Your World », musicalement, nous a guidés dans l'ensemble de The Divinity Of Purpose. C'est un album mélodique et heavy, tout étant très catchy et facilement mémorisable aussi.
C'est une assez bonne façon de résumer l'album. On y entend le son traditionnel de Hatebreed, peaufiné pendant toutes ces années, mais l'équilibre entre le hardcore les influences mélodiques est très bien maîtrisé. On dirait presque que cet équilibre a été calculé et entièrement voulu par le groupe...
J. J. : Oui. Je pense que notre influence principale sur cet album est Hatebreed. Les gens pardonnent toujours aux groupes qui se copient eux-mêmes car en définitive ça ne sonne pas faux. Parmi la multitude de démos que nous avions pour fabriquer The Divinity Of Purpose, nous avons choisi les morceaux qui certes étaient forts mais aussi ceux qui se situaient dans la lignée de nos disques précédents. Il fallait que les chansons aient juste ce qu'il faut de différences avec nos disques d'avant. Bien que l'album précédent contienne un paquet de mes titres préférés de Hatebreed, je peux comprendre qu'il ait décontenancé car il était hyper metal et rapide, comme sur « Between Hell And A Heartbeat », « Not My Master », « Merciless Tide » ou « Hands Of A Dying Man ». C'était un disque très en colère. The Divinity Of Purpose est bien plus positif. « Merciless Tide » parlait de la fin du monde alors qu'ici tout a une approche plus joyeuse.
Cet aspect positif se ressent particulièrement dans les paroles, plus que dans la musique à mon sens. Peux-tu nous donner quelques informations sur les thèmes les plus récurrents sur le disque ou sur les chansons les plus importantes ?
J. J. : « Put It To The Torch » est important car c'est le premier titre du disque et celui qui a été communiqué au public en premier. La symbolique est intéressante car, de toute évidence, une torche est quelque chose qui guide quelqu'un dans un endroit sombre. C'est exactement le rôle que joue la musique dans ma vie ! De plus, une torche ne s'allume pas toute seule et ne peut rester allumée sans attention. Rallumer le feu et prendre part à un nouveau voyage est un peu ce qui nous arrive. C'était parfait pour ouvrir l'album ! Beaucoup de gens doivent faire face à la négativité et à des énergies néfastes : il faut savoir et pouvoir s'en dégager. C'est quelque chose que j'exprime dans cette chanson et dans quelques autres par filigrane.
« The Language » traite des discours de haine auxquels je ne veux absolument pas prendre part. Aux États-Unis, nous avons été victimes de calomnie sur un documentaire de CNN nous faisant passer pour un groupe raciste. CNN a publié un erratum et nous avons obtenu les excuses de personnes interviewées. C'était très frustrant pour moi d'entendre parler de ce truc-là. De cette frustration est né le texte de « The Language ». Son message est simple : si tu es sexiste, raciste, antisémite, je ne veux pas de toi dans ma vie et surtout, surtout, ne m'inclus pas par amalgame dans ton discours de haine.
Terminons sur une note plus légère. Différents producteurs ont contribué à The Divinity Of Purpose : le groupe lui-même mais également Zeuss et Josh Wilbur. Tu peux nous expliquer la démarche ?
J. J. : Josh Wilbur est bien connu par chez vous grâce à son travail avec Gojira ou Lamb Of God. C'est un fan de Hatebreed donc il nous a constamment poussés dans la bonne direction. Il n'avait pas le point d'un vue d'un producteur de rock ou de metal mais bien le point de vue d'un fan. C'est ce qui fait toute la différence. Zeuss a toujours été comme ça avec nous également. Je les compare à des peintres qui veulent peindre chaque tableau avec plus de précision et un meilleur rendu que les prédécents. Nous n'avons pas cherché à avoir un son metal. Juste un gros son, méchant et précis. Mission accomplie.
Hatebeed - The Divinity Of Purpose
Nuclear Blast - PIAS
www.hatebreed.com
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