Serj Tankian : C’est une symphonie complète. Ca m’excite énormément. Nous allons enregistrer la totalité de l’œuvre avec un orchestre professionnel fin octobre. C’est le même orchestre qui a joué sur Elect The Dead Symphony (Auckland Philharmonia Orchestra). Ce show était phénoménal. En tout cas la version studio d’Orca sortira l’année prochaine, certainement en juin. Nous avons fait une campagne sur Kickstarter et nous avons eu suffisamment de donations. C’est dingue de se dire que 700 personnes ont été prêtes à me soutenir dans un tel projet alors que je ne chante même pas dessus ! C’est magnifique et une belle façon de promouvoir des formes d’art parfois moins mainstream. La tournée sera également très intéressante car je pourrai mélanger des passages d’Orca avec des morceaux d’Elect The Dead Symphony. A l’époque d’Elect The Dead Symphony nous n’avions pas pu venir en France pour je ne sais quelle raison. Je veux absolument venir ici faire un concert symphonique pour les fans français.
L’idée d’Orca a-t-elle germée au moment où tu as joué sur Elect The Dead Symphony ou est-ce qu’au contraire tu avais déjà quelques idées de musique classique qui t’ont amené à retravailler tes morceaux existants pour un format symphonique ?
S. T. : Tout a été impulsé avec Elect The Dead Symphony. Les sessions d’Imperfect Harmonies ont confirmé ce penchant car certains morceaux que j’écrivais duraient trois ou quatre minutes alors que d’autres faisaient neuf ou dix minutes et nécessitaient la complexité d’un orchestre complet. Je les ai mis de côté à l’époque en pensant qu’ils pourraient servir éventuellement en fin de disque. Un ami les a écoutés un jour et m’a dit que je tenais là les deux premiers mouvements d’une symphonie (rires) ! Ce à quoi je lui ai répondu : « Ah oui, vraiment ? » (rires) Je suis allé sur Wikipedia car je ne savais pas ce que ça voulait dire, n’étant pas un musicien de formation classique. De combien de putains de mouvements allais-je avoir besoin ? (rires) Les fans de musique classique vont me détester pour parler comme ça… Je me suis documenté sur la marche à suivre, les tempi, les règles, etc. Je n’ai pas tout suivi au pied de la lettre car je n’aurais jamais pu mais c’est tout de même grosso modo une vraie symphonie. J’ai réussi à écrire les quatre mouvements et à les peaufiner avec le temps. En tout, le processus a duré environ trois ans. Même maintenant à dix jours à peine de l’enregistrement, je checke encore les enchaînements avec le chef d’orchestre pour éviter les « bugs ». On va le jouer en live ! J’ai véritablement écrit cette symphonie par accident car je cherchais à écrire un album solo au départ…
S. T. : Presque, oui. Mais en réalité, c’est souvent la démarche que j’adopte. Harakiri est arrivé par hasard car je ne cherchais pas à faire un nouveau disque de rock. C’est l’actualité environnementale et humaine qui m’a donné envie de faire cela. Harakiri est littéralement venu à moi. Je l’ai donc aussi écrit par accident. Pour moi c’est ça le véritable art.
Le travail de longue haleine sur Orca t’a-t-il donné envie d’écrire des bandes originales de films ?
S. T. : Oh oui ! Actuellement je bosse sur la musique d’un jeu vidéo qui sortira début 2013. Ca se situe entre de la musique orchestrale et de l’électro. Je bosse pour Industrial Toys, une start-up qui va faire parler d’elle je pense. Je suis aussi de près quelques projets de films qui m’excitent tout particulièrement. J’ai très envie de mettre un pied dans ce monde. C’est carrément ce que voudrais faire plus que tout autre chose actuellement. Bien sûr, j’ai d’autres albums qui vont arriver et une tournée mais j’adorerais me pencher sur la musique de films. Donc j’en profite pour passer un appel à tous ceux qui me lisent ! S’il y a des réalisateurs français parmi vous, n’hésitez pas à m’appeler (rires) !
Chronique de l'album Harakiri :
« Si System Of A Down refuse pour le moment d'aller plus loin que les quelques concerts donnés depuis un an, nous devons nous contenter de l'album de Scars On Broadway et de la carrière solo de Serj Tankian. Fort heureusement, cette dernière est très remuante et en l'espace de trois disques a déjà touché à pas mal de styles en attendant d'élargir encore son scope en 2013. Harakiri se situe dans la droite lignée des pratiques musicales de Serj Tankian. On y trouve un melting-pot de sonorités moyen-orientales, rock, pop, punk voire hip hop dans des formats libérés de chansons.
Certes, la folie s'exprime avec moins de justesse qu'aux côtés de Daron Malakian et la démarche apparaît parfois un peu forcée (Cing Chime, Reality TV). Toutefois, quelques titres directs valent le détour comme Occupied Tears, Figure It Out ou Cornucopia. On regrette quelque peu que Tankian revienne systématiquement aux relents punk alternatif du premier album de System Of A Down, de très loin le plus basique, sans prendre la peine d'incorporer suffisamment d'attaques metal comme cela avait été si brillamment réalisé sur Mezmerize / Hypnotize.
Mais les moments décevants parviennent à transmettre un semblant d'intérêt grâce à sa voix toujours aussi originale et reconnaissable. Tankian manie le chant avec intelligence, mettant en valeur ses textes, pas forcément très bien écrits malgré l'importance des messages à délivrer, par une emphase unique. Bien qu' Harakiri soit incontestablement l'album solo le plus faible de son géniteur, on ne peut qu'être confiant sur la suite qui apportera un vent de fraîcheur bienvenu sur le monde musical de « l'homme à la tête de fou ». »
Serj Tankian - Harakiri
Serjical Strike
www.serjtankian.com