Le plus écossais des groupes de heavy allemands n’en finit plus de sortir de nouveaux albums. Après une « escapade progressive » (terme à manipuler avec des pincettes, ça reste Grave Digger, après tout), le gang du charismatique chanteur Chris Boltendahl revient à ses racines et, avec l’arrivée d’un nouveau gratteux, semble mieux armé que jamais pour répandre la bonne parole…
Pour la première fois de votre carrière, vous comptez deux guitaristes dans votre line-up. Comment avez-vous décidez d’intégrer Thilo Herrmann (ex-Running Wild) ?
Chris Boltendahl : Nous avons pris cette décision l’année dernière car après Liberty Or Death nous avons ressenti une certaine stagnation artistique au sein du groupe. Il fallait que nous changions quelque chose. Manni Schmidt était d’accord avec moi et nous nous sommes rapidement mis d’accord sur l’ajout d’un second guitariste et plus particulièrement Thilo Herrmann que nous avions déjà en tête. Nous l’avons appelé et il nous dit « Super les mecs mais je dois vous dire que maintenant j’ai les cheveux courts et je pèse cent dix kilos ! » (rires). Néanmoins c’est un super guitariste car son style est très différent de celui de Manni. Manni se réfère plus au style des années 70 avec Led Zep et Black Sabbath. Thilo est un guitariste typique des années 80 avec la touche heavy. Du coup, ils fusionnent très bien ! C’est en tout cas nouveau pour Grave Digger. Ils ont joué une seule piste de guitare chacun et si vous écoutez attentivement vous entendrez dans le haut-parleur droit Manni et dans le gauche Thilo !
Thilo s’est également impliqué dans la composition. Qu’a-t-il apporté de neuf au groupe ?
Chris Boltendahl: Il n’a pas apporté de nouvelles influences mais il nous a recentrés sur l’aspect metal de notre musique. Il a beaucoup d’idées et notre association a parfaitement fonctionné. Au départ nous avons cherché à nous connaître mais dès la quatrième session d’écriture tout s’est bien passé. Le résultat est un album un peu plus simple mais pas niais avec tous nos trucs habituels à commencer par des refrains qui rentrent dans le crâne rapidement (rires). Je sais que les fans n’ont pas trouvé cela sur Liberty Or Death et étaient déçus.
Liberty Or Death était plus progressif dans un certain sens, non ? J’ai l’impression que vous revenez à quelque chose de plus proche de vos racines avec Ballads of a Hangman. En tout cas c’est un disque dont les chansons seront plus efficaces sur scène, c’est certain…
Chris Boltendahl: Oui, c’était important pour nous, les concerts. Je pense que les titres vont marcher. Pour Liberty Or Death nous avons essayé d’en jouer pas mal mais finalement seuls le morceau-titre et « Silent Revolution » parvenaient à se tailler une place dans nos setlists. Ce disque n’était pas vraiment compatible avec notre son live… Nous avions essayé de faire quelque chose de nouveau avec des morceaux à tiroirs et complexes : exactement ce que nous avons tenté d’éviter avec Ballads of a Hangman, en somme. Les premières versions des chansons de Ballads of a Hangman étaient bien plus longues mais en définitive nous nous sommes rendus compte qu’il n’était pas nécessaire de mettre autant de choses dans les morceaux. Les riffs sont bons, tout comme les lignes de chant : ça suffit amplement pour le genre de metal que nous jouons ! Encore une fois, nous cherchons à être simples sans être niais…
A propos du chant, tu as un duo sur cet album : avec la chanteuse de Benedictum, Veronica Freeman. Comment est-ce que vous vous êtes retrouvés sur « Lonely The Innocence Dies » ? Est-ce votre amour de Ronnie James Dio qui vous a rapproché ou le fait que vous vous soyez croisés au sein de Locomotive Records, votre précédent label ?
Chris Boltendahl: (rires) Je suis en fait la personne qui a amené Benedictum au sein de Locomotive Records. Après toutes ces années, il y a une relation assez spéciale qui s’est développée entre Veronica et moi. Elle s’est même mariée avec un de mes amis allemands. Elle appartient donc à la famille du Grave Digger (rires) ! C’est une super nana qui vient très souvent voir nos concerts quand elle est en Europe. Elle a une super voix et pour moi c’était un peu un rêve de pouvoir faire une « Murder Ballad » dans la même veine que Nick Cave et Kylie Minogue avec « Where The Wild Roses Grow » il y a quelques années… Je voulais juste rendre le truc un peu plus metal… Le rendu est très bon.
Donc si elle vient souvent voir vos concerts, on peut imaginer que vous allez chanter ce titre en duo sur scène de temps en temps ?
Chris Boltendahl: Peut-être (rires) ! C’est une bonne idée en tout cas et si nous jouons quelques festivals ensemble, j’y penserais.
Comment se fait-il que Grave Digger soit passé de Locomotive à Napalm ? C’est surprenant sachant que tu bosses toi-même pour Locomotive en Allemagne…
Chris Boltendahl: En effet je suis manager en Allemagne depuis huit années et j’ai énormément travaillé pour ce label. Néanmoins en conciliant Grave Digger et ce job, je me retrouvais souvent dans un conflit d’intérêts… Je représentais deux entités qui parfois n’étaient pas d’accord. J’ai donc préféré quitter le label avec le groupe et continuer à travailler pour Locomotive.
Que réponds-tu aux gens qui critiquent Grave Digger pour ne pas suffisamment évoluer ?
Chris Boltendahl: Pourquoi des groupes comme Rage, Running Wild et nous-mêmes devraient changer le style que nous avons aidé à créer ? Si les gens veulent du Grave Digger, ils veulent du Grave Digger et c’est tout, pas du Grave Digger qui joue des chansons à la manière d’Edguy ! Je pense que si nous avons autant de succès après vingt-huit ans de carrière c’est grâce à cela. Les gens savent ce qu’ils vont trouver en achetant un album de Grave Digger. Malgré cela il y a des changements subtils dans nos disques : Tunes Of War, The Grave Digger et Ballads of a Hangman sont tout de même relativement différents. Je crois que le chant unifie légèrement le tout. En tout cas, personne n’accepterait que tout à coup nous devenions un groupe de thrash comme Kreator. En 1987, nous avons essayé de faire un disque différent mais tout le monde nous a incendié (rires).
J’ai lu une interview suite à la sortie de Liberty Or Death où tu affirmais que le groupe s’arrêterait dans sept ou huit ans… C’est vrai ?
Chris Boltendahl: Nous sommes entrés dans une nouvelle ère avec Grave Digger grâce à notre second guitariste. Nous avons encore de bonnes idées pour faire des chansons. Si les gens nous suivent, nous continuerons. Je ne cherche pas à ennuyer les gens avec notre musique ou à jouer dans des salles de cinquante personnes. Si les choses restent comme elles sont actuellement, pourquoi ne pas continuer encore dix ou quinze ans ?
Grave Digger – Ballads of a Hangman
Napalm Records
www.grave-digger.de
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