Le hard rock en Suisse a la peau dure comme le rappelle régulièrement les « American friendly » Gotthard. Avec un nouvel album sous la ceinture, les vétérans se bonifient avec le temps et ils signent quelques jolies pépites (« Unconditional Faith », « Break Away », « Right From Wrong » ou « Rebel Soul »). Freddy Scherer, le second guitariste du line-up actuel, nous parle de quelques-unes des recettes de fabrication de ce groupe à part de la scène européenne.
Le titre de votre nouvel album, Need To Believe, est-il un remède anticrise (rires) ?Freddy Scherer : Non, ce n’est pas un message spécifique. C’est sûr que dans le monde actuel il y a pas mal de problèmes d’économie ou de guerre. Je trouve que c’est un bon titre pour ces temps troubles. Il faut croire à quelque chose sinon on perd la boule ! De plus, Gotthard joue ensemble depuis vingt ans et une des forces majeures de ce groupe est de continuer à y croire. Nous savons que nous pouvons encore ouvrir deux ou trois portes ! Donc, pas de signification spécifique mais juste un message d’espoir : si tu crois à quelque chose, tu peux y arriver.
Pas de connotation religieuse, donc ?
Freddy Scherer : Non, non. Pas du tout.
Ceux qui s’intéressent au groupe savent que tu n’en es pas un membre fondateur et que tu es l’élément le plus récent de Gotthard. Encore aujourd’hui, y a-t-il des fans qui te prennent pour le petit nouveau qui n’a pas vraiment sa place dans le groupe ?
Freddy Scherer : C’est vrai que les quatre autres sont ensemble depuis vingt ans. Moi, je ne fais partie de Gotthard que depuis cinq ans et demi… Enfin, il y a certains groupes qui ne durent même pas cinq ans, donc ça me rassure (rires). Il arrive encore que des gens me considèrent comme le nouveau car ils connaissent Gotthard depuis tant d’années. C’est tout de même de moins en moins fréquent. 70%-80% des cas, en gros.
Au début quand tu venais d’arriver, ça t’a posé des soucis d’intégration ?
Freddy Scherer : Un peu. Mes fans étaient contents que j’intègre un groupe comme Gotthard. Mais naturellement, lorsque tu remplaces quelqu’un tu froisses forcément les fans de cette personne. Les fans de Mandy Meyer – plus que nombreux – étaient tristes qu’il parte du groupe mais je n’y pouvais pas grand-chose ! Je n’ai pas eu à faire face à trop de problèmes car les réactions ont été globalement positives à mon égard. Les gens avaient plutôt tendance à saluer le fait que j’apportais quelque chose de différent de Mandy. Nous avons ouvert un chapitre à nouveau plus rock avec le groupe et cela a plu.
Pour ceux qui ne situent pas encore l’importance que tu as dans Gotthard, comment définirais-tu ton apport par rapport aux quatre autres gars ?
Freddy Scherer : Je compose beaucoup et je m’entends très bien avec les autres. Nous sommes un groupe très démocrate. Naturellement, nous sommes suisses et la démocratie c’est notre rayon (rires) ! Il n’y a pas de véritable leader. Nous nous répartissons beaucoup les tâches musicales ou de business, etc. Je suis donc l’homme aux compos qui s’assure que nous marchions bien en tant qu’équipe soudée. Je n’aime pas la bagarre. Je recherche plutôt l’harmonie pour aller de l’avant et que chacun tire la même corde !
Sur Need To Believe, tu dirais que vous êtes arrivés à ce résultat sans difficultés ?
Freddy Scherer : Naturellement. Les chansons sont toutes venues de Steve, Leo et moi, comme pour tous nos derniers albums. Personnellement, j’ai écrit sept ou huit morceaux. Avant d’écrire et d’enregistrer nous nous posons beaucoup de questions. Dans quelle direction aller ? Qu’est-ce que nous devrions faire ? Qu’est-ce que nous ne devrions pas faire ? Qu’est-ce que les gens attendent de nous ? Qu’est-ce que nous ne voulons absolument pas faire ? Mais la théorie est une chose, la pratique une autre. On peut mettre en place dix mille théories, au final l’album se fera d’une autre façon. Néanmoins nous sommes contents du résultat. Pour nous le plus important après vingt ans est de ne pas sonner comme un disque en boucle, en copiant notre propre répertoire. Il est impossible de dire que telle ou telle chanson ressemble à tel ou tel morceau de G Spot par exemple. Nous trouvons de nouvelles voies pour exciter le fan de Gotthard de la première heure. Les ventes de disques baissent tellement ces dernières années qu’il est encore plus important qu’avant de proposer des choses que les gens n’ont pas déjà entendues. Comme je le dis toujours : un disque est à chaque fois une photographie du groupe à une certaine date, nous en sommes contents mais c’est seulement dans une dizaine d’années qu’il nous sera possible de dire de façon objective si ce disque était juste ou pas (rires).
Gotthard change parfois légèrement parfois profondément d’approche pour sa musique. Est-ce que ces changements de style sont quelquefois uniquement initiés par les différents producteurs avec lesquels vous avez pu bosser ? Prenons déjà l’exemple du dernier en date, Rick Chicky.
Freddy Scherer : Rick n’était pas le seul producteur qui nous intéressait pour ce disque. Nous avons fait des sessions de deux ou trois jours avec différents types pour voir avec qui ça collait le mieux. Ça ne colle pas avec tout le monde alors « il ne faut pas acheter un chat dans un sac fermé » comme on dit chez nous (rires) ! Donc nous prenons souvent quelqu’un avec qui le feeling passe mais qui sache également nous « réveiller » car après vingt ans il faut parfois se prendre quelques secousses pour se réinventer. Nous étions assez d’accord sur la manière de nous y prendre pour que ça fonctionne même si lui avait toute la responsabilité. Tu sais bien qu’il imprime des directions musicales à suivre, au final ça reste Gotthard qui écrit les chansons !
Tu es connu en tant que guitariste. Mais est-ce que tu joues d’autres instruments qui pourraient être utilisés sur un prochain disque de Gotthard ?
Freddy Scherer : Un peu de batterie et un peu de basse mais pas suffisamment bien pour en faire sur scène ou sur disque d’autant qu’il y a d’excellents musiciens dans Gotthard pour tenir ces rôles. En fait, je veux bien jouer en live mais uniquement à partir de trois heures du matin dans un pub (rires). Je fais un peu de piano aussi car finalement quand tu es musicien tu développes une sensibilité qui peut s’exprimer sur des instruments dont tu ne connais rien à la technique.
Gotthard – Need To Believe
Nuclear Blast
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