Idoles de la presse people et comptant parmi les porteurs de flambeau du punk rock « commercial », les frères Madden de Good Charlotte ont tout pour plaire. Mais, comme pour Mark Zuckerberg, on ne se fait pas des millions d'amis sans quelques ennemis, principalement dans la presse spécialisée qui s'est toujours amusée à dézinguer cette formation américaine. Pourtant, il faut apprécier Good Charlotte pour ce qu'ils ont à apporter : quelques tubes bien sentis au milieu d'une bonne mélasse de remplissage. C'est d'ailleurs exactement le créneau dans lequel se situe Cardiology, le nouvel album.

Votre public a en grande partie été surpris par la direction prise sur Good Morning Revival. C'était important de revenir au son qui vous a fait connaître et dans lequel vous êtes, avouons-le, nettement plus à l'aise ?
Joel Madden : C'était naturel. Nous n'avons pas dû nous forcer. La musique nous a ramenés à ce style que nous pratiquions.
Benji Madden : Nous nous sommes éloignés pour mieux revenir.
J. M. : Un peintre ne ferait jamais cinq fois d'affilée le même tableau et nous avons donc eu envie de réaliser un disque très différent. Nous ne voulons pas sortir le même album deux fois. Nous avons voulu ici faire un disque entre le vieux et le nouveau. Nous avons exploré des éléments anciens pour les remettre au goût du jour et obtenir un truc frais. De toute façon c'est impossible d'écrire les mêmes chansons à trente ans que celles quand nous en avions dix-sept. Nous savions en finissant certains titres que les fans de la première heure allaient aimer car ça sonne comme nos débuts par moments.
B. M. : J'ai toujours pensé que les fans aimeraient Cardiology en l'écrivant. Il y a des morceaux forts. C'est un disque plus personnel duquel nous nous sentons nettement plus proches que Good Morning Revival. Les fans peuvent entendre ça. Je ne cherche pas à dire du mal de notre disque précédent car je trouve que Dance Floor Anthem est un morceau vraiment fun qui passe très bien sur scène mais il est loin d'être aussi personnel que certaines chansons de Cardiology.


Vous avez dit ne pas vouloir faire le même album deux fois... C'est faux en fait puisque vous avez dû faire Cardiology... deux fois (rires) ! Racontez-nous donc cela.
B. M. : (rires) C'est vrai !
J. M. : Nous avions commencé à bosser sur le disque avec Howard Benson mais sa méthode de travail ne nous convenait pas trop. Ca changeait trop nos habitudes et nos préférences. Nous aimons bien être critiqués et poussés à bout pendant que nous faisons le disque. Howard n'est quasiment jamais là et nous pousser vers un assistant qui nous faisait refaire nos démos... Ca n'avait pas grand intérêt mis à part d'améliorer légèrement le son des démos. J'ai besoin que quelqu'un nous challenge sur ce que nous jouons pour rendre les titres meilleurs. Ainsi, quand nous écoutons le disque final, le résultat pète au casque et change radicalement de ce que nous avions fait artisanalement. Ce n'était pas le cas avec nos sessions avec Howard. Nous avons alors réalisé qu'il fallait s'y prendre autrement.

Vous avez eu besoin de faire l'album en entier pour réaliser cela ?!
J. M. : Oui. Mais tout de suite nous avons compris qu'il fallait tout recommencer. Nous avons gardé les chansons que nous jugions les plus importantes et nous en avons composé de nouvelles. Parmi les nouvelles on trouve Like It's Her Birthday le premier single. Let The Music Play a été écrite directement suite à cette frustration et ce coup dur. Cette chanson nous a encouragés à reconstruire le disque. A l'inverse, 1979 était là dès le début et ça a toujours été un morceau important pour nous mais dans une version un peu moins juste. Travailler avec Don est toujours aussi bon. Chaque jour avec lui est très agréable et en plus ça donne naissance à de la très bonne musique. Je ne sais pas ce que nous pourrions espérer de plus !

Comment se fait-il que vous ayez choisi d'aller vers Howard Benson au départ alors que Don vous avait toujours bien réussi ?

J. M. : C'était une suggestion de notre entourage. C'est un producteur à succès et il a fait du bon boulot donc nous étions forcément intrigués. Au fond de moi, je n'étais pas super convaincu mais j'étais tout de même curieux. Une fois que notre choix s'est définitivement porté sur Howard, nous avons essayé d'aller au bout du processus mais ça n'a pas fonctionné. Nous sommes revenus à nos instincts. Les albums de Howard sont souvent de gros succès mais si tu les écoutes vraiment tu t'aperçois qu'ils sont relativement chiants... Nous aurions dû nous douter que ça ne mènerait nulle part.



Rick Rubin, autre grand producteur renommé, est connu pour être un « producteur fantôme »...

B. M. : C'est vrai, j'ai entendu la même chose. Toutefois je trouve quand même que ses disques sont en fin de compte nettement plus innovants que ceux de Howard. Rick qui est plus un gourou qui montre la voie à suivre et qui laisse ensuite le groupe y arriver par lui-même. Il amène tout de même quelque chose au départ alors que Howard a simplement eu un gros coup de bol. Je ne me rappelle plus comment il a percé. Je crois que c'est un des plus gros veinards que j'ai rencontrés. Dieu le bénisse ! Dieu bénisse l'Amérique car c'est seulement chez nous qu'on pourrait voir de telles choses (rires) !

Comment avez-vous choisi Like It's Her Birthday comme premier single. C'était le choix évident ?
J. M. : Nous avons écrit le titre en cinq minutes.
B. M. : Au départ, nous ne pensions même pas le mettre sur le disque. C'était simplement pour l'éclate.
J. M. : Ensuite, une fois que nous avions toutes les autres chansons, nous l'avons réécoutée et tout le monde l'a aimée. Tout le monde extérieur au groupe trouverait que ça sonnait comme le single. C'était un avis unanime. Donc nous avons suivi cet avis.
B. M. : De toute manière le titre était fini donc nous l'aimions. Je m'explique. A partir du moment où un groupe termine l'enregistrement d'une chanson, elle paraîtra à un moment où un autre donc nous ne finissons que les morceaux qui nous paraissent suffisamment forts. Sur Cardiology, donc, nous aimons toutes les chansons et nous aurions été satisfaits avec n'importe quel choix de single.

Lorsque vous êtes en studio est-ce vous écoutez de la musique d'autres groupes pour vous rafraîchir les idées ?

J. M. : Complètement ! Nous écoutons des trucs non stop. Nous aimons écouter des groupes qui aiment jouer leur musique. Ca nous inspire systématiquement car nous voulons faire aussi bien. Souvent dans ces cas-là, nous obtenons une chanson très différente de l'objectif initial mais ce n'est pas grave ! J'ai environ vingt mille chansons sur mon ordinateur portable donc j'ai de quoi faire : de la soul, du metal, etc.
B. M. : Nous cherchons tout le temps de nouveaux groupes qui nous inspirent. Je me rappelle lorsque nous avons entendu Saves The Day – Stay What You Are : cela a eu un impact majeur sur nos deuxième et troisième album. Sur Cardiology nous étions à la fois à la recherche de nouveaux groupes mais également en pleine phase de redécouverte de vieilles formations. Un bon mix.


Good Charlotte – Cardiology
Capitol
www.goodcharlotte.com 
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