Quand on y réfléchit, la démarche des Dropkick Murphys est la passation actuelle de la musique traditionnelle irlandaise. En la boostant de sonorités punk, elle ne fait que lui redonner la vigueur caractéristique de ses origines. Et, aux côtés de Flogging Molly, aucun groupe ne réalise mieux cette fusion que Dropkick Murphys. Preuve en est encore faite avec « Signed And Sealed In Blood » et un concert au Zénith de Paris. James Lynch, le guitariste des joyeux drilles, était là pour nous tenir informés.
Les premières paroles qu'on entend sur Signed And Sealed In Blood sont « the boys are back... the boys are back... ». Vous aviez l'impression de nous avoir momentanément quittés (rires) ?James Lynch : Nous sommes perpétuellement en mouvement. Nous sommes toujours loin de chez nous et partis quelque part. Ce titre ne doit pas être interprété comme une quelconque turbulence dans le groupe : nous étions simplement de retour chez nous pour faire de la bonne musique. Le seul truc négatif quand on fait partie d'un groupe international comme le nôtre est que nous ratons tous les événements importants dans nos familles : les naissances, les morts, les anniversaires, etc. Heureusement, nous rendons les gens heureux à travers notre musique et cela fait passer la pilule sans mal.
Going Out In Style, votre précédent disque, était un peu différent de votre répertoire habituel et n'enfonçait pas vraiment le clou après l'excellent The Meanest Of Times, qui vous avait fait franchir un cap. Vous aviez besoin d'expérimenter ?
J. L. : Nous n'avons pas vraiment conscience de ce que nous faisons avant de le faire. Nous avons bossé avec Ted Hutt qui nous a ouvert de nouvelles possibilités dans notre son. Il voulait nous éviter de faire le même disque à chaque fois. Nous avons mis en place une sorte de concept qui nous a permis de focaliser nos idées sur quelque chose de bien précis. Tout le monde commence un groupe car il y a des choses à dire. Après, avec le succès qui arrive, se pose le question de ce qu'il reste à dire. Going Out In Style nous a permis de faire les choses un peu différemment. Mais avec Signed And Sealed In Blood nous sommes de retour avec notre same old shit (rires) ! Il a autant de force que nos premiers albums, mais nous avons maintenant plus d'expérience et une meilleure maîtrise de ce que nous faisons.
Vous avez toujours une grande facilité à proposer des chansons qu'on mémorise tout de suite...
J. L. : Exactement ! J'ai l'impression que nous venons de faire notre deuxième album studio et pas notre huitième. La plupart des groupes ont déjà disparu après tout ce temps alors que nous nous sommes toujours aussi excités !
« Peg 'O My Heart », le duo avec Bruce Springsteen, a usé les claviers de vos détracteurs qui s'expriment en ligne... Pourtant, je trouve qu'il s'agit du meilleur morceau de Going Out In Style. Quel est ton avis ?
J. L. : Je le partage. Nous ne faisons même plus attention à tout ce qui est écrit sur le groupe. En plus, la plupart du temps, les commentaires négatifs viennent d'un gamin de 14 ans qui n'a jamais travaillé de sa vie... Nous préférons porter notre attention sur les milliers de fans qui apprécient nos démarches plutôt que de satisfaire ce genre de cons. Il y aura toujours quelqu'un pour venir critiquer de toute manière...
Il y avait aussi des gens parmi vos fans qui trouvaient qu'en jouant avec Bruce Springsteen vous « vendiez votre âme au diable » en quelque sorte...
J. L. : Est-ce vraiment possible pour Dropkick Murphys de se vendre (rires) ? Après, il faut reconnaître que l'industrie musicale n'est plus ce qu'elle était. Il faut trouver de nouvelles façons de se promouvoir. Nous y sommes parvenus de manière assez incroyable. Nos fans savent que nous n'allons pas devenir un autre groupe même si nous faisons des duos un peu inattendus. Ça fait presque 20 ans que nous faisons notre truc et nous ne sommes pas prêts d'abandonner et encore moins de changer ! Si un de nos titres se retrouve dans une publicité ou dans un film ça ne change rien au fond. Nous jouons de la musique irlandaise qui est faite pour être transmise. Je n'ai aucun problème avec le fait qu'un fan nous découvre par le biais de « Shipping Up To Boston » dans Les Infiltrés. C'est un excellent titre, très représentatif du groupe, et il est très bien employé dans le film. Nous sommes capables de surprendre tout en restant fidèles à ce que nous représentons.
Signed And Sealed In Blood contient un titre surprenant, justement, « The Season's Upon Us ». Une chanson de Noël qui rappelle un peu The Pogues avec « Fairytale of New York », que vous avez d'ailleurs repris en live...
J. L. : Il nous a été plus facile d'écrire une chanson de Noël marrante que poignante. Nous n'avons pas en nous la magie de cette chanson des Pogues. Nos fans et nos familles nous tannaient depuis de nombreuses années pour avoir une chanson de Noël. Certains morceaux s'imposent ainsi. Dès que nous avons trouvé le riff de « The Season's Upon Us », nous avons compris que nous tenions enfin cette pièce manquante de notre puzzle. Les fans auront donc pu passer Noël 2012 en compagnie de Dropkick Murphys, ce qui nous ravit, bien entendu. D'autant qu'après les fêtes, l'album sera dans les bacs pour bien qu'ils commencent leur année (rires) !
Vous avez joué quelques morceaux de Signed And Sealed In Blood sur scène avant la sortie de l’album, comme « Rose Tattoo ». C’est nouveau pour vous, non ?
J. L. : Relativement. L’idée était d’enregistrer quelques titres, d’en tester quelques-uns en tournée et de revenir pour finir l’enregistrement de Signed And Sealed In Blood. L’Europe a adoré nos nouveaux morceaux et nous a convaincus de finir le disque. Je n’avais jamais vu un public aussi enthousiaste face à des chansons qu’il ne connaissait pas. Généralement, c’est le moment mou du set, non ? Nous sommes rentrés à bloc à la maison et nous avons tout enregistré dans la foulée. Notre management nous a conseillé de prendre l’été pour partir en vacances et ne pas penser une seule seconde au groupe. Finalement, nous avons passé tout notre été à bosser pour Dropkick Murphys et nous assurer que Signed And Sealed In Blood soit aussi bon que possible. Ce disque est plus « nous » que d’habitude.
Que veux-tu dire par là ? Vous avez des disques moins bons que d’autres, certes, mais le son du groupe est assez ciblé et ne permet pas vraiment d’errances stylistiques… Enfin, si, il le permet, mais à ce compte-là, je pense que vos fans ne suivraient pas…
J. L. : C’est vrai. Mais nous n’avons pas envie de proposer quelque chose de différent. Dropkick Murphys est l’exemple parfait du « if it ain’t broke, don’t fix it » ! Nous voulons être connus comme l’AC/DC du punk rock. Nous ne sommes ni ennuyés ni contraints par notre style musical. Ce nouvel album est bon exemple de notre motivation intacte. C’est un disque drôle sur lequel tout le monde va vouloir chanter.
Ton père faisait partie d’un groupe de punk. Tout le monde dans ta famille est musicien. Tu es né pour faire ça ?
J. L. : Sans aucune hésitation possible, oui. Mon père montait les Ramones à fond à deux heures du matin, parfois. Ça donne le ton. Mon oncle et lui se battaient tout le temps à propos des disques à écouter. Pendant ce temps, j’ai commencé à gratouiller. Néanmoins, malgré cet environnement, je n’étais pas préparé à ce que le groupe devienne si gros. C’est irréel. Je trouve qu’il y a dans ma famille plein de musiciens plus talentueux. Mais je suis hyper reconnaissant sur tout.
Dropkick Murphys - Signed And Sealed In Blood
Born & Bred Records
www.dropkickmurphys.com
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