Matthieu : Nous avons enregistré notre nouvel album, Harmonic Distortion, dans de bonnes conditions en studio, en prenant le temps de fignoler, faire des doublages, des arrangements. Lorsque nous sommes revenus à la scène, nous nous sommes très vite aperçu que nous n'arrivions pas à faire sonner les nouveaux morceaux comme sur l'album. Le besoin d'un second guitariste s'est vite fait ressentir pour rajouter de la profondeur et de l'ampleur aux différentes parties.
Votre nom fait penser à une musique encore en développement. C’est votre vision ou pensez-vous que, finalement, Harmonic Distortion soit déjà pas mal travaillé (rires) ?
M. : Nous pensons, effectivement, être toujours en évolution et livrer quelque chose d'assez brut, viscéral. C'est ce côté « premier jet » que nous souhaitons conserver. Après, il est vrai qu'avec l'âge, on commence à devenir un peu plus exigeant avec nous-mêmes, dans notre façon de composer, en essayant de privilégier l'efficacité à la technicité. Fraîchement sorti la tête d'Harmonic Distortion, on est plutôt satisfait du résultat. Les morceaux ont déjà un peu évolué pour être mieux adaptés à la scène, mais dans l'ensemble, c'est une bonne photographie de ce que l'on était capable de faire au moment où nous sommes entrés en studio.
Justement, puisque nous parlons de Harmonic Distortion, comment définirais-tu ce disque par rapport au précédent ?
M. : Après, la sortie du précédent album, nous avons pas mal tourné, et avons assez rapidement abandonné certains morceaux qui ne nous paraissaient pas très appropriés à la scène... Lorsque nous avons commencé la composition de ce nouvel album, nous avons donc directement envisager les morceaux de façon live, privilégier l'énergie. Je dirais que les morceaux sont plus directs. On a souhaité enlever le coté « pleurnichard » qu'il y avait sur « Slow-motion suicide ».
On sent un réel travail qui a été fait en studio. Combien de temps y êtes-vous restés et est-ce que le processus vous a pompé plus d’énergie que vous ne le pensiez initialement ?
M. : Nous avons passé environ dix jours à faire les prises de son, trois jours pour mixer, et un journée pour masteriser. Nous avons souhaité travailler avec des personnes différentes pour chaque phase. Ainsi, les prises de son ont eu lieu à l'Arcade, une salle de concert à côté de chez nous, avec des gens que l'on connait bien, et une pièce très haute de plafond pour avoir une reverb naturelle. Le mixage a été confié à Thierry Von Osselt (Knut, Shora, Shovel...) en Suisse. Le mastering a été envoyé à Alan Douches (Dillinger Escape Plan, Converge...) aux États-Unis. C'était vraiment intéressant de travailler de cette façon car ça a permis à toutes ces personnes de s'approprier une partie de l'enregistrement et de rajouter sa touche et ses ingrédients. Le résultat est satisfaisant !
L’industrie du disque n’en finit pas de se casser la gueule. Pourquoi un jeune groupe comme vous sort encore ses albums par des réseaux traditionnels de distribution ?
M. : L'idée était d'être présent dans tous les réseaux, que ce soit les réseaux traditionnels, mais également via le numérique. Néanmoins, nous nous situons dans une niche musicale et les personnes qui écoutent ce type de musique n'ont pas forcément le réflexe numérique. Et puis nous espérons sortir l'album en vinyle dans quelques temps et pouvoir être présent dans les réseaux parallèles de distribution (distro...)
En termes de guitares, est-ce que Draft permet d’exploiter toutes les facettes de ton jeu ?
M. : Draft est quasiment ma seule expérience de groupe. Je dirais plutôt que je ne sais jouer que du Draft. Je n'ai jamais été explorer d'autres horizons et n'ai jamais vraiment bossé dans ce sens.
Quels sont les guitaristes que tu vénères (ou a vénéré (rires)) ?
M. : Je ne sais pas si on peut parler de vénération, mais j'aime beaucoup les guitaristes qui expérimentent, qui cherchent l'alchimie entre le son, la façon de jouer... Je suis d'une école assez noise, j'aime les larsens. Instinctivement, je te citerais le guitariste de Botch pour l'originalité, les guitares d'Envy pour la mélodie, le guitariste de Doppler pour la maitrise de la dissonance et du larsen.
Vous allez participer au Hellfest après avoir remporté un tremplin. Comment s’est passé ce tremplin ? Des anecdotes particulières à partager ?
M. : Nous ne sommes pas trop « tremplin ». Nous nous sommes inscrits à ce tremplin Hellfest car, pour une fois, celui-ci n'était pas payant ! Après, les conditions étaient vraiment cools ! De très bonnes rencontres, des chouettes groupes, et une belle salle ! Bref, une belle soirée ! Après, on est super content d'avoir remporter ce concours qui nous ouvre les portes du Hellfest, mais également d'autres...
Que représente pour toi le Hellfest ?
M. : Le Hellfest est un événement majeur pour les musiques dites extrêmes en France et en Europe. C'est un peu la plus belle exposition qu'un groupe comme nous peut espérer cette année. Après, je ne suis jamais allé à Clisson, donc ça va être aussi un peu la découverte. Par contre, j'ai bien connu les éditions du Fury Fest au Mans.
Ronnie James Dio, Peter Steele et Paul Gray sont récemment décédés. Etais-tu fan d’un de ces musiciens ? Que représentaient-ils pour toi ?
Matthieu : J'avoue que je ne connais pas vraiment le nom des musiciens... Il a fallu que je vérifie dans quels groupes ils jouaient... Je pense que si la mort de ces personnes fait parler d'eux, c'est que leur façon de jouer a eu une influence sur quelques générations. Personnellement, je ne suis pas vraiment fan des groupes dans lesquels ils ont joué, ce qui ne m'empêche pas d'apprécier quand même leur musique !
Draft – Harmonic Distortion
Les Disques du Hangar
www.myspace.com/draftcore