Quand on parle de death mélodique scandinave, la conversation tourne rapidement autour des albums de Dark Tranquillity. Les maîtres du genre, avec In Flames, sont toujours aussi actifs après moult albums à la recherche de l’équilibre parfait entre agressivité, mélodie, expérimentation. Malgré ses qualités, Construct ne devrait pas figurer parmi les meilleurs opus du groupe mais son approche légèrement plus « sonique » pourrait titiller l’intérêt de ceux qui avaient apprécié la période Haven / Projector au tournant du siècle dernier… Martin Henriksson un des deux gratteux, qui était alors bassiste, nous présente la nouvelle réalisation du sextette devenu quintette suite au départ de Daniel Antonsson.
Construct est le dixième album studio de Dark Tranquillity. La plupart des groupes ne peut que rêver d’atteindre un tel chiffre. C’est un sentiment de fierté que ressent le groupe en regardant en arrière sur cette carrière déjà bien remplie ?Martin Henriksson : C’est certain qu’il y a de la fierté. Pour autant, nous ne sommes pas tout le temps en train de nous congratuler d’avoir réalisé dix albums ! Personnellement, je n’y avais même pas pensé avant que quelqu’un ne nous le souffle juste avant les sessions d’enregistrement de Construct. Mais chacun de nos disques possède quelque chose de spécial et je suis très content de notre discographie.
Construct se situe dans la suite de logique des derniers albums avec ce mélange fort bien dosé entre mélodie et agressivité. Est-ce qu’après ces années d’expérimentation et d’albums très variés vous vous êtes enfin trouvés (rires) ?
M. H. : Je trouve tout de même qu’il y a encore des éléments d’expérimentation sur Construct quand on le compare aux deux derniers CDs. Une part de agressivité est partie pour faire place aux atmosphères propres à chaque titre. Certaines personnes comparent l’album à Projector. Pour ma part, je ne trouve pas qu’il lui ressemble mais la démarche rappelle sans doute cet album car dans les deux cas nous laissons de côté des albums très agressifs pour réaliser des compositions s’appuyant davantage sur les ambiances.
Pour moi le lien le plus évident entre Projector et Construct se situe dans l’approche électronique de certaines parties. Pour le reste je trouve les deux disques plutôt différents…
M. H. : Chacun le voit à sa façon c’est clair. Nous avons gommé les parties rapides et en cela les deux albums sont similaires. Les éléments électro sont effectivement très importants comme tu l’as dit. L’album n’a pas beaucoup de riffs. Il met plutôt l’accent sur l’interaction des guitares et des claviers.
Dark Tranquillity a passé moins de temps en studio que d’habitude sur cet album. C’est vrai ? Et pourquoi ?
M. H. : C’est l’inverse ! En fait, ça dépend de ce qu’on entend par « temps passé en studio ». Ecrire un album est une chose, l’enregistrer en est une autre. Pour l’enregistrement, c’est à peu près la même chose depuis Character : nous y passons environ deux mois et nous savons exactement ce que nous avons à faire. Construct a été écrit en studio et ça c’est nouveau. Avant nous écrivions tous ensemble en salle de répètes mais cette fois-ci nous avons décidé d’écrire par petits groupes et en studio dans une session séparée de l’enregistrement lui-même.
Dark Tranquillity a eu le temps de peaufiner son style mais aussi sa production au fil des ans. Les techniques de production et le matériel ont quelque peu évolué depuis Skydancer (rires). Toutefois ces premiers albums ont été très influents notamment sur les groupes de metalcore américains de ces quinze dernières années. Est-ce que tu trouves qu’au point de vue du son vos albums actuels sont toujours aussi importants ?
M. H. : Oui. La production de nos jours est nettement plus importante. Il y a quinze nous n’y pensions presque pas. Aujourd’hui presque tout le monde a les outils pour faire un album dont le son atteint la quasi perfection. Il faut réellement s’investir à fond pour se démarquer de la foule. C’est vrai que The Gallery et The Mind’s I ont eu un impact significatif sur la scène internationale à tel point que des groupes du monde entier venaient à Göteborg dans les studios Fredman !
Construct est un nouvel exemple de la puissance dont vous êtes capables…
M. H. : Oui. Les deux albums précédents ont été mis en boite avec l’aide du Danois Tue Madsen. C’était un bon pas en avant car jusqu’alors nous n’avions connu que les studios Fredman. Nous voulions à nouveau changer car tout évolue constamment : les équipements, les techniques, etc. Nous voulions être à la page et le nom de Jens Bogren s’est imposé car c’est le producteur de pas mal de nos groupes préférés.
Les vieux fans se rappellent de toi en tant que bassiste puisque jusque sur Projector tu tenais la quatre-cordes. Lorsque tu as dû passer à la guitare, c’était une épreuve difficile pour toi ?
M. H. : Non car je jouais déjà tout le temps de la guitare notamment quand je composais de nouvelles chansons. Pour le groupe c’était assez naturel aussi car je remplaçais souvent notre ex-guitariste quand il n’était pas là. J’étais sans doute un peu meilleur à la basse mais uniquement car je pratiquais plus. Quand j’ai pris le poste de guitariste, au bout de quelques mois les rapports se sont inversés.
Dark Tranquillity - Construct
Century Media
www.darktranquillity.com
Écrire un commentaire