Comment CloverSeeds s’est-il monté ?
Pierre : Au départ, c'est quatre musiciens dont Yan (batterie) et Fabrice (guitare) qui jouaient ensemble depuis l'époque du lycée dans diverses formations. En 2004, avec la rencontre de Cédric (chant), c'est la création de Jellyfish, qui apporte les bases musicales de ce qu'allait devenir CloverSeeds. Mon arrivée fin 2006 et celle de Stéphane (basse) courant 2007 en remplacement des deux membres d'origine allait permettre une nouvelle approche. On connaissait très bien les autres musiciens - c'est avant tout une histoire de potes - et il n'y a pas eu besoin de période d'adaptation. On s'est tout de suite mis au travail, et dans la même direction.
Innocence est un album très varié aussi bien dans ses thèmes que dans la musique proposée. Comment a-t-il été conçu ?
Pierre : Au départ, les morceaux n'ont pas été composés spécialement dans le but de faire un album. Ils étaient surtout là afin d'étoffer le set suite à notre arrivée, Stéphane et moi. La composition avançait relativement vite et sortir un album s'est imposé. On se disait : « Non ! Pas encore un quatre titres ! » On s'est vite retrouvé avec sept ou huit titres en septembre 2007. Pour compléter l'album, toute idée qui tient la route est la bienvenue, d'où une grande diversité des morceaux. Mais composer dans l'urgence est souvent bénéfique et les derniers morceaux composés pour l'album sont parmi mes préférés.
CloverSeeds s’appelait d’abord Jellyfish comme tu l’as rappelé. C’était une forme d’hommage au Jellyfish qui a sévi dans les années 90 ?
Pierre : Non, pas que je sache. L'idée de « méduse » s'accordait plutôt à notre musique et on a parfois utilisé des méduses comme visuels. Il faut dire que c'est vraiment de toute beauté. Mais le nom commençait à nous poser des problèmes – en particulier pour jouer en Angleterre – et on a préféré changer tant qu'il était encore temps.
Comment voyez-vous les cinq prochaines années pour CloverSeeds ?
Pierre : On n’y a pas vraiment pensé. On continue sur notre lancée. Le deuxième album est déjà bien avancé mais cette fois les morceaux restent bien au chaud. On a suffisamment de quoi jouer sur scène. En fait, j'aimerais que les cinq prochaines années puissent nous permettre de trouver un rythme régulier entre composition, sorties d'albums et concerts. Pour moi, c'est la régularité d'un groupe qui fait sa force : dans les années 70-80, les groupes sortaient un album par an !
Les goûts musicaux des membres du groupes sont-ils similaires ou avez-vous chacun vos propres influences ?
Pierre : On a certains goûts en communs, d'autres complètement opposés, tout en restant dans un registre rock. Le seul groupe qui met tout le monde d'accord, c'est Pink Floyd. Pour l'écriture, avoir des sensibilités différentes est un plus : ça ouvre beaucoup de portes musicales, au risque parfois de dérouter certains.
Quelles sont vos influences en matière de guitaristes ?
Pierre : Pour ma part j'ai grandi en écoutant Iron Maiden : Dave Murray est mon modèle en tout point ! Sinon, bien évidemment, David Gilmour mais aussi Ritchie Blackmore sont pour moi les deux guitaristes qui m'ont le plus apporté en les écoutant. Il y en a d'autres, mais sans ces trois là, je n'aurais peut-être jamais fait de guitare.
Fabrice : Pour moi, Jonny Greenwood de Radiohead et Adam Jones de Tool. Pour leur créativité et l'originalité de leurs jeux. Pas forcément des techniciens à proprement parler mais de sacrés musiciens.
Etes-vous sensibles à la scène progressive ?
Fabrice : Sensibles, un peu. Tout du moins nous écoutons des groupes qui pour nous appartiennent à la scène progressive actuelle comme Porcupine Tree, Oceansize, ou Demians pour la scène française. C'est une scène vaste car le terme progressif peut être rattaché à tellement de choses. Chacun peut avoir une perception différente sur ce qui est "progressif" ou ne l'est pas. En tout cas nous aimons et nous nous sentons proches de tous ceux qui sortent des sentiers battus et des carcans habituels du rock.
Qu’est-ce que vous allez essayer d’améliorer sur votre prochain album par rapport à Innocence ?
Pierre : Certainement la cohérence. On réfléchit déjà à certaines transitions entre des morceaux car certaines compos s'y prêtent. On ne compose plus uniquement pour que les morceaux soient prêts à être joués sur scène mais on pense plus à l'album dans sa globalité. On peut se permettre de laisser des chansons de côté pendant plusieurs semaines, quitte à y revenir car on pense qu'elles auront leur place. Au niveau du son et de la production, on a beaucoup appris avec ce premier album. De ce côté là, on ne peut que s'améliorer sans cesse.
Quel est ton avis sur les réseaux peer-to-peer ? Vous vous en servez pour vous faire connaître ?
Pierre : Quand on y pense, le principe est très proche des cassettes qu'on s'échangeait à la récré il y a vingt ans. Sauf que la cour de récré est devenue mondiale : forcément ça effraie ceux dont c'est le business. A notre niveau ce n'est certainement pas un problème. En revanche, je ne nous vois pas nous en servir. Je pense que c'est un outil fait par et pour le public, et qu'il faut le prendre comme tel. Mettre son album sur un réseau et prier pour que quelqu'un l'écoute ne me paraît pas une bonne idée.
La scène : vous y êtes déjà à l’aise ou encore besoin d’un peu « d’entraînement » ?
Pierre : On n’est pas encore aussi à l'aise qu'on le voudrait, c'est évident, mais le set commence à tourner et on prend de plus en plus d'assurance. C'est surtout dans nos têtes qu'on a besoin de se libérer. Les réactions du public sont généralement positives, ça nous permet d'aborder chaque concert plus sereinement et de profiter de chaque minute passée sur scène.
CloverSeeds - Innocence
Pervade Productions
www.myspace.com/cloverseeds