Entre un nouvel album, une tournée marathon (une habitude chez eux) et une préparation de best-of, Bon Jovi a à peine le temps de donner des interviews. Heureusement, pour un de leurs rares passages en France, le groupe américain a pris quelques minutes pour nous rencontrer. C'est un Richie Sambora tout sourire, et dont le discours est animé par la passion, qui nous reçoit pour faire le point sur une des plus belles carrières de groupe de ces trente dernières années. Rien que ça.
La date de Paris de ce soir est coincée entre une dizaine de dates à Londres, à l’O2 Arena. Ca ne vous fait pas bizarre de quitter cette salle momentanément pour jouer pour vos fans français ?
Richie Sambora : Non, pas du tout. Au contraire. J’adore Paris, en plus. Je me suis marié ici même si je suis divorcé maintenant. Je suis dans un hôtel à deux rues de l’église où je me suis marié (rires). Ça faisait un moment que nous n’étions pas venus à Paris et au milieu de ces dates à Londres c’est plutôt un bon break. L’O2 commence à ressembler à un bar où nous allons jouer chaque soir (rires). Vingt mille personnes : un bar (rires). D’ailleurs c’est la première fois que nous venons en Europe depuis je ne sais plus quand sans jouer dans des stades. Depuis 1988, nous avons toujours joué dans des stades donc c’est agréable d’avoir un cadre un plus intime.
Comment se prépare-t-on à jouer douze concerts dans la même ville ? Vous avez répété combien de titres pour faire varier vos setlists ?
R. S. : Nous avons potentiellement une énorme setlist ! Nous sommes partis pour une longue tournée de dix huit mois avec au moins cent quarante concerts en tout. Il faut donc être en parfaite condition physique et avoir beaucoup de chansons sous le coude. Heureusement, le groupe existe depuis vingt sept ans et nous avons fait pas mal de disques déjà. Nous avons donc répété quatre vingt dix chansons pour cette tournée. Nous en avons déjà joué soixante cinq. Évidemment, partout où nous passons nous devons jouer les quelques titres que tout le monde veut absolument entendre : Wanted Dead Or Alive, Living On A Prayer, I’ll Be There For You, It’s My Life, Have A Nice Day, Bad Medicine, etc. Nous jouons aussi pas mal du nouvel album. Pour le reste, tout peut arriver car nous restons à l’écoute de ce que les gens nous demandent sur notre site internet. Parfois ils nous montrent une pancarte avec le nom d’une chanson et nous la jouons.
Vous restez attachés à cette part de spontanéité ? Car vos concerts paraissent pour leur part très orchestraux et chorégraphiés…
R. S. : Nous sommes très relâchés. C’est important de garder cela à l’esprit car nous sommes un groupe de rock après tout ! Nous ne sommes pas Madonna ou Lady Gaga. Je ne les dénigre pas car ce qu’elles font est cool mais nous avons une approche avec plus de jams. Garder et préserver un élément de surprise dans le cadre du live : c’est tout le fun pour nous !
Parfois, dans en concert, vous livrez de nouvelles interprétations de chansons familières aux oreilles des fans et…
R. S. : (me coupant) Oui, je fais des tonnes de soli différents ! Nous rajoutons aussi des intros ou des outros par ci par là. Mais je crois que les gens veulent surtout entendre les chansons de la manière dont ils les connaissent. Et puis pour nous, jouer ces chansons devant notre public est toujours excitant car le contexte est dingue. Tu sais, je ne joue jamais Living On A Prayer tout seul dans mon salon… Mais quand je le joue sur scène, même après ces centaines et centaines d’interprétations, je ressens toujours un plaisir immense ! C’est comme le sexe. Le sexe tout seul : pas très fun. Le sexe avec quelqu’un d’autre : fun (rires). Et moi je fais l’amour à vingt mille personnes par soir, soixante-dix mille parfois, donc je suis comblé (rires).
C’est donc pour cela que tu sembles si fatigué en sortant de scène ?
R. S. : (rires) Voilà ! Mon grand secret !
Pour en revenir à ma question : certains titres de « second plan » sont parfois entièrement revisités. Sur cette tournée, Something For The Pain par exemple, est joué en version acoustique. Y a-t-il parfois des versions alternatives que tu préfères aux versions originales ?
R. S. : Parfois, oui. Parfois, non. Tout dépend vraiment de la réceptivité du public et de l'énergie dégagée. Tu sais ce qui marche en France pourrait ne pas marcher dans un autre pays, par exemple. Rien n'est jamais fait d'avance ! Heureusement, notre carrière a été tellement longue et pleine de disques que nous avons des chansons populaires dans à peu près tous les endroits du monde. Quand nous changeons les arrangements, la plupart du temps c'est une démarche pour nous, à l'intérieur du groupe. Après toutes ces années, il est capital de garder un regard neuf sur ce que nous faisons. C'est comme un mariage, il faut garder une certaine fraîcheur... C'est ce qui me plaît sur The Circle. Nous avons essayé d'être modernes tout en restant fidèles à nos racines. Jon et moi avons été très inspirés durant les sessions d'écriture de ce disque. Nous allons maintenant poursuivre la tournée jusqu'en août 2011 et sortir un best of à l'automne. Celui-ci contiendra cinq nouvelles chansons car nous venons d’ en écrire deux supplémentaires il y a un mois. En effet, nous avons eu quelques semaines de libre – ce qui n'arrive jamais au sein de Bon Jovi (rires) – et nous avons pu écrire quelques titres ! Nous venions de passer à Amercian Idol et Jon m'a proposé d'écrire dans la foulée. Nous avons notamment composé deux très bons titres et nous avons rassemblé le reste du groupe pour aller enregistrer tout ça en studio. Notre best of s'est donc enrichi de deux inédits de plus !
Quand on écrit des inédits pour un Greatest Hits, il vaut mieux ne pas se louper car les autres morceaux, eux, sont déjà des hits (rires)...
R. S. : Nous avions déjà trois morceaux de côté pour cette compilation. Nous les avions écartés délibérément de The Circle pour les inclure à ce moment-là. Tu sais, la tournée se passe si bien et le groupe déborde tellement d'énergie que nous nous sommes demandés si nous pouvions capter ce moment magique de notre carrière sur disque et écrire quelques titres additionnels. On verra ce que les gens en pensent mais j'en suis satisfait.
Vous êtes à nouveau la plus grosse tournée mondiale cette année. Quel sentiment cela fait ?
R. S. : C'est fou. Je vais sur scène chaque soir et je me dis « tout ça, c'est ma vie ! » Quand nous avons fait Slippery When Wet, nous n'avons jamais pensé que nous serions encore là vingt-deux ans plus tard. Nous avons simplement essayé de faire le mieux possible année après année pour pouvoir continuer et nous y voici !
Les albums de Bon Jovi sont une chose mais qu'en est-il de ta carrière solo ? Tu nous prépares enfin quelque chose (rires) ?
R. S. : C'est marrant que tu en parles car oui les gens vont pouvoir entendre de nouvelles chansons très rapidement. Je me lance dans la mode féminine, en fait (rires). La marque est White Trash Beautiful du nom d'une chanson que Jon et moi avions écrite mais qui n'a jamais concrétisé les espoirs que nous avions placés en elle. J'ai donc utilisé ce nom pour ma marque de fringues. J'avais parallèlement une idée de distribuer de la musique sur des clé USB vendues avec des habits. J'ai un disque de prêt sur lequel j'ai bossé avec les producteurs The Matrix (Korn, Britney Spears, David Bowie, etc.). Il faut simplement que je le mixe. Je pense que tout cela sortira à l'automne en même temps que les habits. Je suis très excité par les chansons. J'en chante trois. Je ne sais toujours pas exactement comment tout cela verra le jour car le business de la musique craint en ce moment et je suis en train de me demander quelle est la meilleure façon de la distribuer.
Bon Jovi – The Circle
Mercury
www.bonjovi.com
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