Difficile de voir Thin Lizzy derrière Black Star Riders de prime abord. Pourtant, derrière ce nom que n’aurait pas renié un groupe de power metal, se dresse quasiment le même line-up qui fait vivre la légende de Phil Lynott auprès d’une génération n’ayant pas connu l’Irlandais. Ricky Warwick qui enquille les bières depuis le début d’une journée de promo bien remplie et nous accueille dans son hôtel parisien pour parler de ce nouveau groupe au background déjà très riche en anecdotes.

Quand est apparue l’idée de changer le nom du groupe et de composer de la nouvelle musique ?
Ricky Warwick : Cela faisait deux ans et demi que nous tournions en tant que Thin Lizzy. On nous demandait constamment quand nous allions proposer des morceaux originaux. Nous nous sentions assez mûrs pour le faire. Quand cela s’est concrétisé, nous n’étions pas à l’aise avec le nom de Thin Lizzy. Il n’y a pas eu d’album studio depuis trente ans et nous avons un profond respect pour Phil. Il nous semblait plus judicieux de laisser les choses intactes pour… comment dire… ?

Préserver son héritage ?
R. W. : Voilà, exactement. Toutefois, nous avions une petite vingtaine de morceaux en lesquels nous croyions. Il fallait tout de même les enregistrer. Brian Downey le batteur de Thin Lizzy nous a quittés à ce moment là car il n’était pas à l’aise avec le surplus de boulot que représenterait un nouveau groupe à côté de la centaine de concerts joués annuellement par Thin Lizzy. Darren Wharton l’a suivi également car il avait d’autres projets. Nous avons donc formé Black Star Riders à partir d’éléments totalement motivés à la perspective de se lancer dans une nouvelle aventure. Nous allons jouer plus de cent cinquante concerts par an à présent. On dirait que nous allons tous mourir sur scène (rires).

Qu’est-ce qui pour toi fait la patte Think Lizzy et comment se matérialise-t-elle au sein de Black Star Riders ?
R. W. : La qualité des chansons. Les morceaux et la personnalité même de Phil étaient totalement uniques. Phil avait tout pour lui : c’était un musicien exceptionnel au charisme débordant et en plus c’était un être humain respectable. C’est une icône. Je crois que les gens, comme souvent, ne réalisent à quel point il était incroyable qu’une fois mort. Nous essayons de faire de même avec Black Star Riders mais c’est difficile. C’est d’ailleurs une des principales raisons pour lesquelles nous n’avons pas gardé le nom d’origine. Tout finit bien car avec cette situation nous pouvons enregistrer nos nouvelles chansons tout en continuant les concerts sous la bannière de Thin Lizzy. Les fans vont être heureux !

S’affranchir du nom permet aussi de gagner en liberté. Vois-tu des éléments sur All Hell Breaks Loose qui n’auraient pas pu voir le jour sur un album estampillé du label Thin Lizzy ?
R. W. : Il y a moins de pression et je peux de nouveau exprimer totalement ma propre personnalité. Après, il y aura toujours des similitudes tout simplement parce que Scott Gorham fait partie de Thin Lizzy depuis quarante ans. Pour ma part, cela ne fait que trois ans mais je ne vis plus que pour le groupe. Les chansons sont constamment dans ma tête. On peut essayer de chasser cette influence mais en fin de compte elle sera est bien là.

Quant au nom du groupe… Vous aviez bien entendu de nombreux choix possibles et…
R. W. : (me coupant) Pourquoi nous avons choisi celui-là ? Parce que nous voulions matérialiser une notion de gang et un logo de première classe. Nous sommes tous fans de western et nous avons cherché dans cette veine. En tout cas c’est un nom qui intrigue car tout le monde nous demande pourquoi nous l’avons choisi.

As-tu joué de la guitare sur le disque ?
R. W. : Non. Bien qu’il y ait pas mal de parties composées et jouées par trois guitares, seuls Damon et Scott en jouent sur All Hell Breaks Loose. Sur scène, je joue de la guitare pendant la majeure partie du set également. Tu sais à côté de Damon et Scott, je n’en mène pas large à la guitare donc ça me va bien de les laisser s’exprimer (rires). Et puis, j’ai déjà pas mal à faire avec les paroles et les lignes vocales. Nous avons enregistré douze chansons en douze jours. Le rythme est rapide donc je suis bien heureux de ne pas avoir eu besoin de faire en plus des parties de gratte !


Black Star Riders, par nature, est un groupe de live. Est-ce que l’acclimatation en studio s’est bien passée ?
R. W. : Oui car nous avons littéralement apporté notre matériel live en studio. Kevin Shirley a aussi été un véritable professionnel en nous permettant de réaliser l’impossible grâce à sa faculté à travailler dans des délais très serrés. Nous avons tous joué dans la même pièce en nous faisant face. En quelques prises, Kevin avait toujours ce qui lui fallait. De toute façon, les choses marchent ainsi à présent. L’industrie musicale va mal donc l’époque où les groupes pouvaient rester des mois à dépenser du fric en studio est finie. Les groupes doivent être extrêmement préparés pour faire leurs albums. Black Star Riders, grâce à la qualité de ses musiciens, le sera toujours. Cela fait quinze ou seize albums que je réalise dans ma carrière et All Hell Breaks Loose est véritablement celui dont je suis le plus fier. En tout cas, je l’écoute sans cesse ce qui n’est pas dans mes habitudes.

Black Star Riders ne compte peut-être que deux guitaristes, en studio, mais j’ai aussi noté l’absence de claviériste. Pourquoi vous en dispenser ?
R. W. : Nous sommes un groupe orientés guitare et Darren l’a sans doute senti. C’est peut être ce qui l’a décidé à nous laisser faire notre truc. A l’écoute de All Hell Breaks Loose je crois que tout le monde sera d’accord pour dire qu’il n’y avait pas de place pour des claviers. Mais je suis sûr que si un jour nous avons besoin d’un peu de piano ou de claviers, Darren viendra nous aider. Rien n’est décidé de manière permanente mais Black Star Riders a vraiment envie de faire crier les guitares !

Black Star Riders – All Hell Breaks Loose
Nuclear Blast
www.blackstarriders.com



Black Star Riders – All Hell Breaks Loose