Alors que le printemps fait chanter les oiseaux, quoi de mieux qu'un disque de Benighted pour être en totale opposition avec la bonne humeur ambiante ? Carnivore Sublime donne encore une fois dans l'ultra violence mais, au-delà des rythmiques folles et des cris gutturaux, il y a plein de bonnes idées dans ce nouvel album. Olivier Gabriel, le gratteux le plus ancien du groupe, ne dira pas le contraire...

En écoutant le nouvel album, je me suis dit que ça faisait 14 ans que Benighted sortait des disques ! Tu as vu le temps passer ?
Olivier Gabriel : Non du tout. Ce n’est que quand on nous le rappelle qu’on se dit qu’on n’est plus des jeunots de la scène metal. Avec le temps, tout s’accélère pour nous et on a de moins en moins le temps de regarder le passé.

Même si Carnivore Sublime n'a pas été attendu trop longtemps, vous avez travaillé dessus pendant environ neuf mois. C'est plus que pour les autres albums. Comment expliquer cela et quelle différence percevez-vous dans le résultat ?
O. G. : Finalement, je pense que ça a été un de nos albums composés le plus rapidement. Nous sommes de plus en plus sollicités pour faire des concerts et donc nous avons de moins en moins de temps pour nous mettre à la composition. Désormais on se ménage toujours un vrai break pendant lequel on refuse toute proposition de concert. Là il a duré six mois je pense et après on a dû continuer les arrangements et la structuration des morceaux en même temps que le live. Adrien, nouveau guitariste, a été un véritable atout pour la composition. Il a tout le temps des idées, c’est une usine à riffs.

Carnivore Sublime est toujours aussi brutal. Et c'est tant mieux. Slaughter / Suicide est un titre vraiment violent. Il y a une course à la surenchère dans vos compositions ou est-ce que ces morceaux arrivent "par accident" ?
O. G. : On est un groupe de metal extrême et on le restera mais il n’y a rien de calculé. Nos titres sortent de nous naturellement. Je pense quand même qu’avec le temps le niveau technique du groupe s’élève et donc nous permet d’aller toujours plus loin sur certaines parties d’ultra violence.

Au niveau des thèmes des paroles on retrouve, je suppose, ici tout ce que vous aimez : les fées, la botanique et les bulles de savon ? D'autres choses à signaler (rires) ?
O. G. : Tout juste !! On adore tout ce qui touche au romantisme et l’exaltation de la beauté des sentiments qui reflète la beauté du soleil et la frivolité des… blah bla blahhh, tu vois (rires) ? Non, notre truc depuis quasiment le début de Benighted c’est la maladie mentale. Julien, notre chanteur, est infirmier en psychiatrie et donc trouve son inspiration dans son quotidien. Du coup, nos textes c’est pas joli, joli (rires).

Votre tournée actuelle va vous mener dans des contrées étrangères et même certains pays que vous allez visiter pour la première fois. Que peux-tu nous dire sur ces nouvelles expériences ?
O. G. : On est des putains de mordus du live, on adore ça ! Cette communion avec le public, ça peut nous faire entrer en transe et là les concerts prennent une dimension énorme. On aime rencontrer le public et partager. Ce qui est fou c’est de retrouver cette hystérie du public dans des endroits, pays, complètement inattendus. Parfois on a des sacrées surprises dans des villages paumés, dans des pays où l’on vient pour la première fois ou dans des festivals dont l’affiche est plus portée sur l’introspection et les bras croisés qu’au slam. Par exemple, l’Inferno en Norvège où le public restait très passif en matant des groupes de black metal et est devenu complètement fou sur Benighted. Avec le nouvel album, on va enchainer une tournée de 17 dates avec Loudblast dans toute la France, une tournée de 10 dates en Russie, une tournée Européenne fin 2014 et plein de fest partout en Europe. On devrait passer un de ces quatre par le Japon et on espère bien, en 2015, fouler les terres américaines.

Tu confirmes que pour un groupe tel que le vôtre, se faire remarquer à l'étranger est - toute proportion gardée - plus facile que de percer en France ?
O. G. : Nous sommes le contre-exemple. Car Benighted a toujours bien été soutenu par la France depuis ICP. C’est vrai que beaucoup de groupes français sont connus à l’étranger avant la France ou même ne sont connus qu’en-dehors de la France… Je ne l’explique vraiment pas. Par contre, aujourd’hui on sent que Benighted est plus gros dans certains autres pays d’Europe qu’en France. C’est peut-être dû au nombre de fans de metal en France par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne, l’Autriche, les pays scandinaves… Dans tous les cas Benighted a de la chance car on a un vrai soutien du public métal français et on essaie de lui rendre en le privilégiant toujours : on réserve toujours notre première tournée après la sortie d’un nouvel album à la France. On sait d’où on vient et à qui on le doit!

Parlons un peu gratte. Avec Adrien, comment vous répartissez-vous les parties dans Benighted ? 
O. G. : Benighted est surtout un groupe rythmique, il y a peu de soli. On joue très souvent la même partie à l’unisson. Cela dit sur le nouvel album on s’est amusés à rajouter quelques parties leads et c’est essentiellement Adrien qui les joue pendant que j’assure le lourd à la rythmique. Sur les albums précédents par contre, j’étais souvent celui à qui revenait la lourde tâche de composer les soli. De ce côté, j’aime les soli dissonants à la Slayer ou Sepultura, du type coup de poing, et d’autre part les soli qui marquent et restent en tête avec des parties lentes et mélo, ceux que tu peux retrouver chez Death ou Carcass.

Comment avez-vous choisi le matos employé pour les sessions de Carnivore Sublime ? Quel genre de son de guitare vouliez-vous construire ?
O. G. : Pour le son on aime que le son soit moderne mais authentique et naturel. On a beaucoup travaillé ça tout au long de nos prods. Aussi pour le son des les guitares on est vraiment fan du son suédois à la Entombed des débuts, ce que tu peux retrouver aujourd’hui chez certains groupes comme Nasum et Rotten Sound. Le fameux son de la Boss Heavy Metal 2. Pour l’enregistrement on mix toujours une tête Mesa avec un Tube Screamer au cul et une tête Orange en son clean avec une HM2 pour ce fameux son suédois. Pour les guitares, avec notre accordage en Si, nous utilisons des guitares baritones pour s’assurer de la plus grande justesse possible. Avant on utilisait une Viper de chez ESP et sur le dernier une Fernandes Ravelle. Sinon en live, je joue sur une tête Orange Dark Terror qui envoie vraiment sévère malgré son petit format. Petit mais costaud. Je branche dedans une Explorer Gibson de 91.

Il y a plusieurs écoles de pensée sur le son que doit avoir un bon disque de brutal death. Pour certains il faut qu'il soit crade et à vif, pour d'autres il faut qu'il soit énorme et surproduit. Au-delà des choix que vous avez faits pour Benighted, qu'est-ce que vous appréciez en matière de production pour du brutal death ?
O. G. : Dans les productions que j’adore, on peut retrouver Misery Index et Aborted pour le Death, Rotten Sound pour le Grindcore, mais ce qui me fait rêver c’est plutôt les prod du genre Machine Head, Hatebreed. Pas toujours très fan des prods qu’on retrouve dans l’extrême à quelques rares exceptions. Le crade, c’est très vite saoulant et ça ne va pas à tous. Dès que ça va un peu vite ce n’est plus adapté, car on perd la plupart des notes. Je réserve ce type de son a des groupes à ambiance comme dans le Black Metal ou pour le Grind, Crust and co.

Quels sont les guitaristes qui t'ont fait, te font ou te feront toujours rêver ?
O. G. : J’écoute tous les types de musiques donc d’un point de vue guitariste c’est un peu pareil, j’en apprécie certains, pour leur jeu, leur talent de composition, leur son, leur groove, leur classe sur scène…. J’adore John Frusciante, Pat Metheny, Bireli Lagrene, Bill Steer, Jerry Cantrell, Kerry King, Jeff Hanneman, John 5, Ron Thal, Tom Morello, Andreas Kisser, Dimebag Darell… Je dois en oublier mais voici les principaux.

De quelle chanson sur Carnivore Sublime es-tu le plus fier d'un point de vue de la guitare ?
O. G. : Tu me poses une colle, je suis vraiment fier de tout l’album et on a vraiment bossé à fond le songwriting pour que les titres restent en tête et aient chacune leur identité.

Tu connais / utilises guitariste.com ?
O. G. : Oh que oui !! Je suis un fidèle depuis toujours. J’adore les bancs d’essais et les avis, je suis quelques interviews et je scrute les annonces sur le forum ! Après d’un point de vue guitaristique Cerbère n’a pas été simple à enregistrer et permet de bien chauffer les doigts (rires).

Merci à toi. Le mot de la fin ?
O. G. : Vraiment merci à toi de t’intéresser à Benighted et au metal extrême. Notre style n’est jamais vraiment sollicité dans la presse spécialisée musico et c’est bien dommage. C’est certainement parce que notre musique est très extrême et qu’on pense que ça n’intéresse personne, mais c’est tout le contraire, en France, le fan de metal est principalement fan de metal extrême et d’un point de vue de musicien c’est vraiment fun de s’éclater sur des tab de guitare dans les styles extrêmes. Merci aussi aux internautes de lire cette interview et comme on dit par chez nous : Stay Brutal !! N’hésitez pas à nous suivre et nous solliciter sur notre page Facebook.

Benighted - Carnivore Sublime
Season Of Mist
https://fr-ca.facebook.com/brutalbenighted

Benighted - Carnivore Sublime