Michael Amott : C’était assez étrange, en réalité, car je n’avais jamais fait un projet de la sorte avant ! Réenregistrer ses propres chansons n’est pas forcément très courant (rires). C’était épineux par moments aussi car sur nos vieux disques il y a énormément de pistes de guitares qui sont empilées les unes sur les autres et une grande partie d’entre elles ont été faites selon l’inspiration du moment ! Par définition, nous ne nous en rappelions plus vraiment. Nous avons mis les mains dans le cambouis pour nous y retrouver et au final c’était assez marrant car nous avons redécouvert notre façon de voir les choses il y a plus de dix ans.
Dans ce que tu as redécouvert, notamment dans ton jeu de guitare, y a-t-il eu de bonnes surprises ? Des petits gimmicks dont tu avais oublié l’existence et dont toi et le reste du groupe pourriez vous servir à nouveau ?
Michael Amott : Tout à fait. Ça s’est produit à plusieurs occasions. Il y avait des bribes de riff ou de solo où je me suis dit que nous avions eu de bonnes idées. Il y avait aussi pas mal de trucs que j’étais bien content d’avoir gommé de mon jeu. J’écoutais les disques et je faisais « ouch… ooops… heureusement que je ne fais plus ça… ouille… » (rires) ! Je crois qu’être guitariste est une évolution permanente. On n’est jamais totalement satisfait de son niveau. Tous les guitaristes d’un certain niveau s’imaginent qu’au bout d’un certain temps ils ne progressent plus. Qu’ils écoutent donc un disque vieux de cinq ou dix ans et ils verront que ce n’est sûrement pas le cas et qu’ils auraient certainement une approche totalement différente vis-à-vis des mêmes morceaux.
Pour la plupart des gens, néanmoins, la différence de The Root Of All Evil avec les anciens albums se situe dans le chant maintenant assuré par Angela. Qu’as-tu pensé du chant des premiers disques en t’y replongeant et qu’as-tu demandé à Angela de « corriger » ?
Michael Amott : Je ne lui ai rien dit de spécial car elle savait exactement ce qu’il y avait à faire. Elle est fan des vieux albums donc ça ne posait aucun souci. Elle a toujours demandé au reste du groupe de jouer davantage de ses vieux morceaux donc elle les connaît. Elle chante de manière assez proche des versions originales tout en mettant sa propre patte.
Est-ce que la sortie de The Root Of All Evil est censée nous faire patienter pour le prochain « véritable » album du groupe ? Celui-ci prend-il plus de temps que prévu pour être finalisé ?
Michael Amott : Nous avons beaucoup d’idées pour ce disque. Mais nous avons décidé de prendre notre temps sur ce nouvel album. De plus, nous n’avons jamais été aussi demandés pour faire des concerts et nous allons dans de nouveaux pays. Le monde s’étend, musicalement parlant. Nous allons même plusieurs fois sur une même tournée dans des endroits comme l’Afrique du Sud et la Russie. Les tournées se rallongent donc forcément l’attente pour un nouvel album s’allonge également. C’est plutôt un bon problème à gérer car nous adorons tous la scène. Pour moi le metal prend tout son sens sur scène. Néanmoins nous avons déjà des idées pour le disque et nous allons commencer à travailler dessus l’année prochaine. Je ne pense pas qu’il sortira avant 2011 toutefois…
The Root Of All Evil arrive donc au bon moment pour vous et pour vos fans…
Michael Amott : C’est vrai. D’ailleurs nous avions cette idée en tête depuis quelques années mais nous cherchions le moment idéal pour la concrétiser. L’idée à la base – qui remonte à 2006 je crois – vient de nos fans qui nous écrivaient sans cesse des emails et des messages sur MySpace pour nous dire qu’ils aimeraient vraiment entendre Angela sur les vieux morceaux. Nous n’avions juste pas le temps de le faire immédiatement. Nous avons donc enregistré lorsque nous avions quelques moments de relâche entre les tournées.
Vous n’avez jamais envisagé de ré-enregistrer les trois albums en entier et de sortir un super coffret ?
Michael Amott : Oui, cela a été considéré. Mais ça fait beaucoup de boulot (rires) ! De plus, certaines chansons devraient simplement rester dans leur version d’origine. Elles ne correspondent pas toutes à ce que le groupe fait aujourd’hui. C’était plus facile pour nous de choisir les éléments marquants des trois disques que de tout refaire.
Aimerais-tu également ré-enregistrer certaines chansons de tes autres groupes, Carcass et Spiritual Beggars ?
Michael Amott : (rires) L’idée me plaît. On ne sait jamais. Si ça se trouve je rentre dans un cycle égocentrique où je ne ferais plus que ré-enregistrer ce que j’ai déjà fait (rires). Evidemment, je n’ai plus aucune inspiration donc pourquoi s’en priver (rires) ?! Non, évidemment j’ai encore la passion de l’écriture et je veux plutôt me concentrer sur de nouvelles compositions à présent. Je pense que The Root Of All Evil restera une exception dans ma discographie. On verra…
Michael Amott : Pas vraiment. Nous en avons beaucoup en particulier pour les Spiritual Beggars mais nous sommes tous bien trop occupés. Nous aimerions vraiment pouvoir en faire un car nous savons que nous prenons beaucoup de plaisir. Nous avons tous un « plus gros groupe » qui nous occupe la majorité du temps avec les tournées, notamment celles d’Arch Enemy et d’Opeth. Il faudrait que nous arrivions à nous poser car étrangement nous avons déjà pas mal de trucs écrits qui pourraient être exploités pour un album. Mais il ne faut pas se presser car ce groupe doit rester quelque chose de fun avant tout. Quant à Carcass, rien n’est prévu car nous nous sommes surtout réunis pour des concerts…
Les Spiritual Beggars nous montrent vraiment un autre côté de ton jeu de guitare, plus bluesy et cool…
Michael Amott : Merci ! Je crois qu’on y distingue aussi un autre aspect de ce que j’aime en tant que compositeur. Néanmoins ça n’aura jamais la même importance que ce que je peux faire avec Arch Enemy qui reste mon projet principal tout comme Opeth reste celui de Per Wiberg, notre claviériste.
Tu as récemment changé de guitare et tu joues maintenant sur une Dean. Une « signature model » doit voir le jour bientôt. Que peux-tu nous en dire ? Quelles sont les principales différences avec l’ESP à laquelle on t’associait jusque-là ?
Michael Amott : A bien des égards elles sont similaires. Quand je suis arrivé chez Dean, j’ai joué sur des modèles existants, en particulier la Michael Schenker V. Par la suite je suis allé en Floride pour réaliser mon propre modèle. Nous sommes partis du ESP-Ninja Michael Amott signature series dont j’aimais pas mal de caractéristiques. Nous sommes arrivés à un Flying V baptisée Tyrant. Le manche est plus fin et en ébène. Le corps également est plus fin et moins lourd ce qui donne à l’ensemble une touche sexy que j’avais du mal à décrire (rires). En tout cas ça fonctionne pour moi. Je l’adore !
Arch Enemy – The Root Of All Evil
Century Media
www.archenemy.net