Ils s'en sont en tout cas donné les moyens. Les trois membres ont fait un break pour revenir frais et dispo sur ce projet. Musicalement, de cette période, on retiendra avant tout l'excellent album solo de Panda Bear dont nous vous avions parlé à sa sortie (lire la critique de Panda Bear Meets The Grim Reaper). Toutefois, malgré cette pause, Animal Collective apparaît dans une phase descandante. Les ambiances de Painting With sont bien trop familières pour satisfaire un public exigeant. Tout comme cela avait le cas pour Centipede Hz, les chansons donnent l'impression d'avoir été bousculées, pour ne pas dire bâclées.
Mais contrairement à Centipede Hz, il y a ici une vraie carence en accroches mélodiques. La plupart des chansons sont interchangeables, ne dégagent aucune personnalité. Dans le lot, seules Golden Gal et Recycling se démarquent. La première, moins frénétique et doté de couplets incisifs, aurait du être placée en césure d'album pour lui donner une nécessaire zone de respiration. Au lieu de cela, en fin de disque, elle arrive comme une délivrance trop tardive. Recycling rappelle pour sa part des errements plus anciens d'Animal Collective, tout en préservant le traditionnel traitement vocal en échos/canon devenu une authentique marque de fabrique.
Les instrumentations, enracinées dans des templates électroniques, sont particulièrement pauvres et inefficaces. Elles contrastent avec les lignes vocales qui, elles, tentent de dynamiter les morceaux et faire honneur au studio EastWest, dans la pièce même où Brian Wilson avait enregistré Pet Sounds et Smile. Les deux chanteurs rebondissent l'un sur l'autre comme un entre-choc de balles magiques. Leur friction crée invariablement du mouvement. Mais un mouvement identique qui ne surprend plus. Après avoir tant œuvré, Animal Collective est rendu au point où il a le choix entre décliner et se réinventer à nouveau. Jusqu'à preuve du contraire, l'option n°1 a été retenue.
Quelques compositions trient quand même les autres vers le haut. Le premier single FloriDada remplit le cahier des charges : son optimisme débordant combiné à des mélodies aérodynamiques a de quoi rassembler les fans, même déçus, sous un même étendard. The Burglars, qui doit son succès autant à son ambiance cartoon qu'à ses bruitages électro inquiétants, est un ajout de taille aux potentiels hits à jouer en live. Enfin, Summing The Wretch est LE temps fort de Painting With. Démonstration de polyrythmie, ce morceau regorge de détails inattendus et réussites harmoniques. Il rappelle qu'en dépit de quelques signes préoccupants et d'un besoin d'exploration musicale un peu moins pressant, Animal Collective pourrait bien, à la suite de cet opus, se relever et revenir rapidement au premier plan.
Discographie :
Spirit They're Gone, Spirit They've Vanished (2000)
Danse Manatee (2001)
Campfire Songs (2003)
Here Comes the Indian (2003)
Sung Tongs (2004)
Feels (2005)
Strawberry Jam (2007)
Merriweather Post Pavilion (2009)
Centipede Hz (2012)
Painting With (2016)
Tracklist de Painting With (en gras les morceaux essentiels) :
1. FloriDada 4:05
2. Hocus Pocus 3:16
3. Vertical 4:14
4. Lying in the Grass 3:34
5. The Burglars 2:43
6. Natural Selection 2:41
7. Bagels in Kiev 2:48
8. On Delay 3:48
9. Spilling Guts 1:58
10. Summing the Wretch 3:08
11. Golden Gal 4:41
12. Recycling 4:06
Animal Collective – Painting With
Domino
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