Via l’ARENH, EDF est dans l’obligation de vendre aux fournisseurs jusqu’à 100 TWh par an d’électricité nucléaire (soit environ 25% de la production nucléaire française) à un prix régulé de 42 €/MWh càd aux même conditions tarifaire que pour EDF. Certaines années, les opérateurs alternatifs ont préféré se tourner intégralement vers les prix marché plus compétitifs.
Selon l'ancien PDG, l'Arenh a eu un impact négatif sur les investissements à long terme d'EDF : "La situation [de l'entreprise] s'est dégradée parce que l'histoire de l'Arenh, cette pilule empoisonnée, a très sérieusement remis en cause le business model d'EDF, qui n'avait plus les moyens de faire des investissements non immédiatement rentables." Un état de fait qui aurait des conséquences sur l'état actuel du parc nucléaire français : "Si vous voulez ne pas avoir de pénurie, il faut une surcapacité (...) à partir du moment où vous avez la concurrence sur le marché et la pression sur les prix, personne n'a envie de bâtir une surcapacité."
Cela reprend les points décrits dans l'article du Monde, que le marché européen encourage à dimensionner les capacités de production au plus juste, avec les risques de délestages associés.
Je reprends également une autre partie de l'article :
Le marché européen permet d’importer massivement au meilleur prix, un prix harmonisé au niveau européen. Quand la France est exportatrice, en revanche, il nous garantit qu’il y aura toujours des débouchés, même quand nos centrales nucléaires produisent à plein régime, parce que cette électricité est moins chère que les énergies fossiles et que la France peut utiliser ces interconnexions pour exporter. Dans ce cas, on n’entend personne dire qu’il faut en sortir.
Ce marché européen a donc un double bénéfice : lorsque nous sommes surcapacitaires, il nous permet d’exporter à très bon prix et de faire rentrer des devises ; quand nous sommes sous-capacitaires, ce qui est plutôt le cas en ce moment, notre approvisionnement reste garanti au meilleur prix.
Je précise que je ne suis pas un partisan de la libéralisation de l'électricité, qui n'est pas une marchandise comme les autres, mais l'interconnexion européenne nous permet de stabiliser notre réseau.
Je rejoins également les conclusions de l'article :
Le marché a été élaboré dans une logique de grande libéralisation, à un moment – les années 1990 – où la lutte contre le changement climatique n’était pas la préoccupation première et où le système électrique européen était très surcapacitaire. Il a contribué à la fermeture de moyens de production, en particulier les centrales à charbon, mais n’a pas incité à investir.
Ce système est myope. Il n’encourage pas à voir les choses à long terme.
On a besoin d’une réforme pour stimuler les investissements dans des productions bas carbone et garantir la sécurité d’approvisionnement, ce qui permettrait aussi de limiter les effets de la spéculation. En temps normal, le marché européen nous en protège, parce qu’il n’y a pas lieu de spéculer quand la sécurité est garantie ; ça n’a pas été le cas cet été, quand le risque de pénurie a émergé, ce qui a ouvert la voie à la spéculation. Parmi les pistes de réforme, il y a donc celle d’imposer des règles prudentielles aux fournisseurs d’électricité pour qu’ils se couvrent à long terme et soient moins sujets aux soubresauts du marché.