LeMonde a écrit :
Que reproche-t-on au marché européen ?
Beaucoup de reproches faits au marché européen sont en réalité le fruit d’une mauvaise compréhension. Ce que disent certains responsables politiques, c’est que les prix de l’électricité sont indexés sur le prix du gaz à cause des Allemands et que c’est la raison pour laquelle leurs tarifs sont élevés, mais c’est faux. Ce système a une vertu, c’est que l’équilibre entre l’offre et la demande se fait au coût le plus faible possible. Chaque producteur a intérêt à proposer le prix le plus bas pour toucher la tarification marginale [la différence entre le coût de production et le tarif du dernier kilowattheure produit]. Cela peut, certes, engendrer des surprofits, mais ils sont aujourd’hui taxés et cette taxation alimente les boucliers tarifaires. Les reproches des responsables politiques sont donc injustifiés et les Allemands n’y sont pour rien.
Ce qu’on peut en revanche reprocher à ce système, c’est qu’il encourage à dimensionner les capacités de production au plus juste. Aujourd’hui, la France importe parfois de l’électricité alors qu’elle pourrait la produire, tout simplement parce que c’est moins cher. Le marché européen garantit cette capacité à importer au meilleur prix, ce qui est une bonne chose pour les consommateurs. Mais cela n’incite pas à investir dans des capacités de production, ce qui réduit nos marges de manœuvre. Quand on rencontre un problème comme celui de la corrosion des installations du parc nucléaire ou des difficultés d’approvisionnement en gaz, il y a un risque de pénurie, comme on le constate aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle des responsables de l’opposition qui ne comprennent pas ce fonctionnement ou veulent l’utiliser à des fins politiques demandent qu’on en sorte en citant, à tort, l’exemple de l’Espagne et du Portugal