Avant même d’écouter la musique contenue sur Everything Will Be Alright in the End, la plupart des fans va s’extasier sur le retour du producteur Ric Ocasek. Pourtant, celui-ci n’a sûrement eu qu’à travailler assez peu tant Rivers Cuomo fait partie de ces artistes dont la démarche artistique est cadrée par son unique volonté. C’est certainement à cause d’une majorité de titres qui s’orientaient vers le style des débuts du groupe que Weezer a fait appel à celui qui avait aidé à créer l’ambiance sonore si particulière du Blue Album. Back To The Shack sonne véritablement comme une composition égarée de l’époque bénie. Même les paroles façon « journal intime » rappellent la démarche des américains il y a vingt ans, déjà.
Weezer n’a pas perdu sa faculté à pondre des mélodies efficaces. Simples et directes, rarement dénuées de sensibilité, elles appliquent une formule qui n’a jamais vraiment changé. Il faut une science de l’écriture exceptionnelle pour arriver à ne pas tourner en rond avec des motifs aussi basiques. Et cela ne fait pas sans difficulté comme le laisse entendre le surprenant I've Had It Up to Here, aux relents de Queen : les paroles démontrent une belle capacité humoristique et culminent sur l’hilarante catchphrase « I’m not a Happy Meal ». Sur Cleopatra le groupe déchaîne ses guitares sur un break étonnamment heavy qui se fond sur un solo enlevé.
Aujourd’hui, un album de Weezer ne serait pas tout à fait un album de Weezer sans quelques titres insipides qu’on s’empressera d’effacer informatiquement du tracklisting. The British Are Coming contient un refrain falsetto insupportable, Eulogy For A Rock Band rejoue à la lettre des codes passés (le refrain de Memories, au hasard) et Go Away établit un nouveau maître étalon en matière de mélodies neuneu répétées à l’infini. Tous sont des instruments de torture auditive. Lonely Girl aurait pu être ajouté à cette liste mais le charme parvient à opérer malgré tout sur ce titre extrêmement plat.
On sera plus indulgent sur la triade servant de conclusion à Everything Will Be Alright in the End. Si on reste loin du meilleur niveau de la formation US, il y a pas mal de prises de risque dans cette expérimentation « space rock ». Mais le résultat tourne court : on peut prendre le problème dans tous les sens, Weezer excelle dans un domaine et c’est quand il donne dans ce créneau que la réception est bonne. Everything Will Be Alright in the End contient suffisamment de chansons fun et charmantes pour réaliser l’essentiel, à savoir devenir, de peu devant le Red Album, la meilleure galette du groupe depuis Maladroit.
Line-up :
Rivers Cuomo (chant+guitare)
Patrick Wilson (batterie)
Brian Bell (guitare)
Scott Shriner (basse)
Discographie :
Weezer (1994)
Pinkerton (1996)
Weezer (2001)
Maladroit (2002)
Make Believe (2005)
Weezer (2008)
Raditude (2009)
Hurley (2010)
Everything Will Be Alright in the End (2014)
Tracklist de Everything Will Be Alright in the End (en gras les morceaux essentiels) :
1.Ain't Got Nobody
2.Back to the Shack
3.Eulogy for a Rock Band
4.Lonely Girl
5.I've Had It Up to Here
6.The British Are Coming
7.Da Vinci
8.Go Away
9.Cleopatra
10.Foolish Father
11.I. The Waste Land
12.II. Anonymous
13.III. Return to Ithaka
Weezer - Everything Will Be Alright in the End
Republic
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