Il y a de ces groupes qui n’ont pas le sens du timing. Après l’ouragan Muse, après la vague Biffy Clyro, The Joy Formidable aurait du être un tsunami. Pourtant, avec trois albums au compteur, les Gallois n’ont créé que peu de remous, la faute à une lassitude du public pour ce genre d’arena rock. Pourtant, leur label a fortement cru en eux comme peut en attester la production grandiloquente de Wolf’s Law. Le trio a toujours signé une musique soignée, manquant certes de concision, et sur Hitch, la formule continue de s’appliquer.

Pour une formation se vantant à la fois d’avoir eu plus de soixante compositions parmi lesquelles choisir les douze finalistes de son album mais aussi d’incorporer des structures prog’ dans ses morceaux, trop souvent Hitch emprunte des chemins étrangement similaires à ceux déjà parcourus. Radio of Lips, tout excellent soit-il, n’est-il pas une nouvelle version de This Ladder Is Ours ? C’est en fait la quasi entièreté de l’album qui nous fait plonger dans des ambiances familières. Le rock en hyperbole de The Joy Formidable avait étonné en 2011 car il sonnait comme celui d’un groupe déjà mûr. Depuis, les changements sont peu nombreux et le trio ne semble pas spécialement bâtir sur ses forces.

Cela ne veut nullement dire qu’il y a sur Hitch une quelconque carence en hits. Ils sont toutefois particulièrement prévisibles. On a déjà évoqué le cas de Radio of Lips mais il en est de même pour It’s Started. Son riff énorme n’a rien de surprenant et le virage atmosphérique durant le final tombe quelque peu à plat. Tout l’inverse de Blowing Fire, en fin de disque, qui explose tout sur son passage. C’est assez basique, comme souvent un brin trop long, mais diablement entraînant.

Hitch propose aussi une sorte de ballade alternative où le sens de l’arrangement du groupe parvient à extirper les chansons de la mélasse. The Brook qui peut compter sur une mélodie fil rouge qui file des frissons ou même Liana et son piano gothique sont incontestablement des titres de caractère. Autre réussite, Running Hands with the Night qui démontre la parfaite compréhension du concept nirvanien de « quiet/loud ». La partition vocale est sublime et multi-facettes. C’est une des rares fois où The Joy Formidable arrive à remplir la durée qu’il s’est alloué pour un morceau à rallonge. Don’t Let Me Know passe à deux doigts des mêmes qualificatifs mais son intro country interminable où l’on ne ressent aucune émotion et une outro étirée l’empêchent d’accéder à un statut similaire.

En dehors de tout cela, on trouve une mauvaise imitation de Pink Floyd (The Gift), une ballade bancale (Fog (Black Windows)) et un ouvreur virevoltant (A Second in White). The Joy Formidable vise sur ce disque un style plus brut. Mais, en laissant mûrir ses compositions sur la durée avant de les enregistrer, il retombe indirectement dans la veine des deux opus précédents. On aurait aimé entendre le trio franchir un nouveau cap ; au lieu de cela on assiste à une sorte de surplace où tout est fignolé mais n’excite pas plus que cela.

Discographie :
The Big Roar (2011)
Wolf's Law (2013)
Hitch (2016)

Tracklist de Hitch (en gras les morceaux essentiels) :
1.    A Second in White      3:56
2.    Radio of Lips      6:23
3.    The Last Thing on My Mind      6:20
4.    Liana      5:42
5.    The Brook      5:50
6.    It's Started      5:06
7.    The Gift      3:20
8.    Running Hands with the Night      6:56
9.    Fog (Black Windows)      4:45
10.    Underneath the Petal      5:45
11.    Blowing Fire      4:22
12.    Don't Let Me Know      7:37

The Joy Formidable - Hitch
C’Mon Let’s Drift
www.thejoyformidable.com

The Joy Formidable - Hitch