Lorsque la mort de Ronnie James Dio est annoncée dans les journaux télévisés, une grande partie de la France découvre alors un musicien d’exception. Pourtant ce chanteur, le pays entier le connaît ne serait-ce que pour une chanson, Love Is All, déclinée à de multiples reprises depuis 1974. Mais Ronnie James Dio représente bien plus que cela, une musique d’ambiance pour problèmes techniques sur Antenne 2. Entre 1957 et 2010, il fut la voix de pas moins de dix groupes, onze si l’on compte Heaven And Hell, où il côtoya de grands guitaristes. Au moment où on lui rend justement hommage, opérons un retour sur quelques-unes des collaborations les plus marquantes.

Dio avait commencé à fricoter avec les membres de Deep Purple sur The Butterfly Ball and the Grasshopper's Feast mais c’est aux côtés de Richie Blackmore qu’il connaît le véritable succès. Bien entendu ses débuts dans des formations variées comme Ronnie Dio and the Prophets ou Elf avaient permis d’établir sa voix écorchée vive mais c’est avec le précurseur du hard rock qu’il acquiert un statut de star internationale et qu’il entrevoit la légende. Il faut dire qu’avec le classique absolu Rising (1975), Dio et Blackmore fusionnent littéralement et accouchent de morceaux monumentaux de la trempe de Stargazer, point de référence pour tous les groupes qui ont un jour voulu mélanger hard rock et musique classique, ou Tarot Woman et ses claviers aux interventions indélébiles. Alors que Richie Blackmore peut légitimement être crédité comme le révélateur du lutin au célèbre geste de cornes, c’est également lui qui le pousse vers la sortie en orientant Rainbow vers des sonorités jugées trop commerciales.

Tony Iommi (Black Sabbath)

Il découvre à partir de 1979 un tout autre univers, ancré dans le riff lourd et lancinant : celui de Tony Iommi. En un passage éclair de trois ans, le chanteur marque l’histoire du groupe en y laissant sa patte inimitable. Les textes, d’inspiration heroic fantasy, et la grandiloquence de certains titres amènent Black Sabbath dans des territoires inconnus, bien plus hard rock que doom. Aujourd’hui encore, Heaven And Hell et Mob Rules tiennent une place à part dans la discographie des Anglais mais leur valeur artistique est toujours reconnue. Dio retrouvera ses collègues en 1992 pour enregistrer le très pauvre Dehumanizer mais aussi à partir de 2006 sous le nom de Heaven And Hell où le line-up surprit son monde avec le solide The Devil You Know (2009) et d’excellents concerts.

Vivian Campbell (Dio)

Totalement instable dans toutes les formations auxquelles il a participé, Ronnie James Dio entame logiquement une carrière solo en 1983. Il utilisera jusqu’en 2006 pas moins de cinq guitaristes différents. Le plus important d’entre eux ? Sans aucun doute le premier : Vivian Campbell, futur membre de Def Leppard. Il co-écrit, avec le reste du groupe, Rainbow In The Dark et participe et à l’excellence sonore de l’hymne Holy Diver, peut-être les meilleurs morceaux chantés par l’Américain au cours de sa carrière. Les albums suivants souffrent d’un manque criant d’envie. Et Vivian Campbell quitte le bateau en 1986 pour rejoindre brièvement Whitesnake et de connaître plus tard la gloire des charts au sein de Def Leppard.

Doug Aldrich (Dio)

Comme Vivian Campbell, Doug Aldrich est passé par la case Dio avant de rejoindre David Coverdale au sein de Whitesnake. Le guitariste blond n’a eu la chance de jouer que sur un seul album studio de Dio, le plus que moyen Killing The Dragon, mais il contribua grandement à redorer le blason du groupe sur scène. Il prépara le frontman de la meilleure des manières avant qu’il retrouve ses amis de Black Sabbath pour un dernier baroud d’honneur.

De façon peu surprenante, le regretté chanteur s’était entouré durant la majeure partie de sa carrière de musiciens hors pair. C’est souvent grâce à eux que des albums aux compositions faiblardes écrites en monde « commande » ont trouvé une quelconque sollicitude de la part des fans. Ces derniers prendront dorénavant totalement possession de l’héritage du « Master of The Moon » et s’assureront qu’il continuera à recevoir toute l’attention et le respect qu’il mérite.

Discographie avec Dio

Holy Diver (1983)
The Last in Line (1984)
Sacred Heart (1985)
Intermission (1986)
Dream Evil (1987)
Lock up the Wolves (1990)
Strange Highways (1994)
Angry Machines (1996)
Inferno - Last in Live (1998)
Magica (2000)
Killing the Dragon (2002)
Master of the Moon (2004)
Evil or Divine - Live In New York City (2005)
Holy Diver - Live (2006)

Ronnie James Dio : 10 juillet 1942 – 16 mai 2010
www.ronniejamesdio.com
Ronnie James Dio, une voix du heavy qui s'éteint