Petit tour d’horizon rapide : mais qui est vraiment ce phénomène Pete Doherty ? « Badboy » incompris, choux gras de la presse à scandale, produit « marketé » ou simplement artiste en décalage avec son temps ? Certes, ce n’est pas un « grand » guitariste, mais les concerts sont blindés et le leader des Babyshambles ne laisse pas indifférent. Rock’n’roll, voire punk, une attitude bien à lui en tout cas, qui déroute tant elle semble vraie. Le rapprochement est certes facile, mais il laisse penser à notre Amy Winehouse internationale… Chez ces gens-là, Monsieur, on ne triche pas… Non…
Qui est le meneur des Babyshambles ?
Enfant, Pete Doherty était un garçon parfait, meilleur de la classe, sportif, ayant beaucoup de succès auprès de la gent féminine. Son père, haut gradé militaire, était souvent muté et imposait à ses enfants – Pete et sa sœur – une discipline extrêmement rigoureuse pour leur âge. In fine, Peter a fini par en être excédé et a commencé à se créer un monde parallèle pour se protéger. Il souffrait de ne pouvoir nourrir de vraies amitiés à cause de toutes ces errances. Il se réfugie alors dans la poésie et se marginalise ; les cimetières (premier petit job de Pete, remplir les tombes...) deviennent son « terrain de jeu » favori.Une icône, un mythe vivant, Doherty n’est peut-être pas un musicien hors-pair (il le déclare lui-même) mais son charisme ne laisse pas indifférent. Dans une société où tout est interdit, il shoote dans les principes à coups de « moonboots ». Il boit, se drogue, incarne le rock dans son attitude extrême. Le qu’en-dira-t-on le laisse de glace (il va même jusqu'à se droguer pendant les interviews), il fonce sans réfléchir quitte à perdre des plumes. Il vit comme si chaque jour était le dernier.
Emilie, une fan de la première heure, explique : « Ce n’est probablement pas le meilleur chanteur qui soit, loin de là, mais il est celui dont la voix toujours sur le fil d’un éventuel déraillement me fait le plus mal au bide, elle me touche vraiment plus que n’importe quelle autre. Ses textes sont magiques et prolongent cette sensation. »
Julien : « Au premier abord, ce qui m'a plu chez lui lorsque je l'ai écouté pour la première fois, c'est sa voix et sa façon nonchalante de chanter. Je me suis ensuite intéressé à sa personne et j'ai beaucoup aimé son univers particulier, sa naïveté, son authenticité. Sa musique en était pour moi le parfait reflet. Ça faisait longtemps que je n'avais pas écouté de la musique si authentique, qui m'a franchement ému. »
Le musicien
Fin des années 90, Pete part rejoindre sa sœur à Londres et un jour où elle sortait, elle demande à un copain de le « garder » : le baby-sitter était Carl Barât. Il devient celui avec qui Pete écrira et jouera de la guitare dans les bars avant d’être repéré par une maison de disque.
Les deux comparses fondent The Libertines, un nom reflétant leur façon d'être, libres des restrictions morales et conventionnelles. Au mois de juin 2003, le malaise commence réellement à se faire sentir au sein du groupe. Pete créé alors les Babyshambles, un projet solo, et effectue plusieurs dates. Lors d'une interview, l’artiste avoue être devenu accro au crack. « Un jour, je fais la queue dans la cantine d’une prison à cause de mes conneries pour une assiette de riz-poulet. Le lendemain, je sors en boîte en costume Dior. Tout ça est très étrange…»
Les groupes attachent pas mal d’importance à la propreté de leur son. Lui s’en fiche. Le son est crade comme celui des groupes punks (Mick Jones, qui deviendra le producteur du groupe, jouait un peu de la sorte avec les Clash) comme en témoigne le premier album des Babyshambles sorti en 2005 Down in Albion. Néanmoins dans son dernier opus, Shotter’s Nation, sorti en 2007, les riffs sont parfaitement maîtrisés.
Julien : « Pete n'est pas à l'origine un grand guitariste. Au sein des Libertines, ce poste était plutôt réservé à Carl Barât, mais il a une façon de jouer qui touche ses fans, en tout cas qui me touche moi. Un peu comme sa façon de chanter, il a une façon de jouer à lui, pas très technique certes mais très touchante. Personnellement, je trouve ça plus intéressant qu'un « guitar hero » qui aura une technique parfaite mais qui ne fera passer aucune émotion. Mais ce n'est que mon point de vue. ».
Emilie : « Il n’est pas extrêmement doué mais qu’importe puisque l’émotion est là. Il est sincère. A la Maroquinerie, le 28 novembre 2008, il donnait sur scène comme s’il allait mourir après. Je me souviendrai longtemps de ce moment. »
Précisions sur le matériel des Libertines, Pete Doherty joue sur des guitares demi-caisse type ES-335, Epiphone Casino, Rickenbacker et utilise un ampli Marshall. Carl Barât joue essentiellement sur une vieille Gibson Melody Maker et un ampli Vox AC30. Du matériel très « old school » qui reflète bien les influences rock et punk tirées directement des années 80.
Rester enfant est d’une douleur extrême lorsqu’on est confronté aux réalités de la vie : le mensonge, l’hypocrisie, la rigueur, la tromperie etc. Pete est dans sa bulle avec une bouille de Pierrot lunaire, trop fragile pour tout cela. Alors il se cache, timide, et trouve refuge dans des produits illicites. Ceux qui ont eu la chance de le croiser soulignent son extrême gentillesse et sa disponibilité, si éloignées du personnage décrié dans la presse.
Peur de la mort, angoisses diverses, Pete Doherty ne cache pas son addiction à l’héroïne, pernicieuse béquille qui le consume peu à peu. Un album solo acoustique verrait le jour en mars prochain en référence à sa lutte acharnée contre le produit toxique…
Discographie des The Libertines : Up the Bracket (2002) |
Discographie des Babyshambles : Down in Albion (2005) |
The Libertines (2004) |
Shotter's Nation (2007) |
Prochains concerts les 9 et 10 mars au Bataclan.
Site officiel des Babyshambles :
http://www.babyshambles.net/
Photos : Gaëlle GHESQUIERE.
Remerciements à mon assistant photographe Stéphane WICKERS.
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