Il y a deux ans, Pallbearer s'était fait remarquer avec un album de doom totalement magnétique. Les américains de Little Rock sont arrivés de nulle part et ils ont remis le style inventé par Black Sabbath à la mode. Plus surprenant, ils l'ont fait à leur façon, sans suivre les préceptes de Candlemass, Cathedral, Yob ou My Dying Bride. Leur philosophie artistique doit autant à la production metal des années 90 qu'à la fantasy : leurs titres puissants et rageurs pourraient servir de toile de fond à un épisode de Game of Thrones. Foundations of Burden est leur second opus. Il confirme leur volonté de se hisser parmi les groupes qui comptent et, avec ses six morceaux aux ambiances si bien construites, il devrait y arriver naturellement.
Les choses sérieuses commencent immédiatement avec Worlds Apart. Derrière ce titre, point d'hommage au boys band anglais, mais une charge bien trempée où les mélodies de lead effectuent un travail considérable en répondant aux passages plus lourds disséminés tout au long des dix minutes. Pallbearer sait faire naviguer sa barque sur des durées à quatre chiffres. Son savoir-faire garantit qu'aucun passage ne soit ennuyeux. Chaque partie s'imbrique dans la précédente et annonce la suivante en toute douceur. A aucun moment le groupe ne donne la triste impression de coller trois morceaux distincts pour pondre son epic.
Les américains sont une coulée de lave. Comme lors de l'ouverture intrigante de Watcher in the Dark, une sorte d'hommage à Sunn o))) en accéléré, ils avalent tout sur leur passage, à leur vitesse. Ils ne relâchent que rarement la pression et quand ils le font (aux deux-tiers de Foundations, sur certaines parenthèses aériennes de Vanished ou sur la calme transition Ashes) il subsiste encore suffisamment de tension pour ne pas ternir leur aura. Devin Holt se démène pour asséner des leads aussi entêtants qu'hypnotisants comme sur l'excellent The Ghost I Used To Be. Campbell n'est pas en reste. Si Sorrow and Extinction souffrait d'un son un peu distant par moments, Foundations of Burden rectifie cela et met soniquement en avant les deux qualités principales du combo.
Alors que le doom est traditionnellement sombre et triste, la musique de Pallbearer trouve un équilibre inédit, n'étant ni positive ni négative. Il y a quelque chose de réjouissant à entendre des riffs lourds comme deux camions citernes capables sans distinction de mettre la pêche (la partie centrale de The Ghost I Used To Be) ou de faire broyer du noir (Worlds Apart). Les américains peuvent prétendre à tout écrire et ils ne flirtent leurs idées qu'en fonction de leurs qualités pures. Pallbearer parvient à un statut intéressant bien que quelques éléments mineurs parasitent encore leurs transitions ou leurs harmonies vocales.
En analysant le tout sur un spectre plus large, Foundations of Burden propose juste ce qu'il faut de nouveautés pour se hisser au-dessus de Sorrow and Extinction. L'aisance avec laquelle le groupe écrit ses mélodies lui fait tenir naturellement le haut du pavé de la scène doom actuelle. Certains lui reprocheront de ne pas être true, fidèle à l'héritage des grands anciens, mais en réalité, par tout ce qu'il a déjà accompli et semble promettre, Pallbearer ne serait-il pas tout simplement lui-même un futur grand ?
Line-up :
Brett Campbell (chant+guitare)
Devin Holt (guitare)
Joseph D. Rowland (basse)
Mark Lierly (batterie)
Discographie :
Sorrow and Extinction (2012)
Foundations of Burden (2014)
Tracklist de Foundations of Burden (en gras les morceaux essentiels) :
1. Worlds Apart - 10:17
2. Foundations - 8:42
3. Watcher in the Dark - 10:40
4. The Ghost I Used to Be - 10:17
5. Ashes - 3:19
6. Vanished - 11:42
Pallbearer - Foundations of Burden
Profound Lore Records
http://pallbeaererdoom.com
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