Nickelback, la machine à hits canadienne

Pour un groupe comme Nickelback, appeler son disque Dark Horse prouve qu’il manie l’humour avec une certaine élégance ; le titre faisant référence aux chevaux mal côtés qui gagnent malgré tout des courses. Avec la triplette de disques composée de Silver Side Up, The Long Road et All The Right Reasons, le label des Canadiens devait s’attendre à 1,5 contre un que leur prochain opus dépasserait la barre des cinq millions d’exemplaires vendus. Alors on met les petits plats dans les grands et on embauche le mythique producteur Mutt Lange (AC/DC, Bryan Adams, Def Leppard, Foreigner et bien sûr Shania Twain qu’il va même jusqu’à épouser) pour bosser sur cette sixième galette.

Mais plus que de galette, il s’agit malheureusement ici de soufflé. Derrière un son monumental et une alternance méthodique de titres hard rock accrocheurs et de ballades gentillettes, tout retombe à plat. Le groupe semble meubler à tout prix si bien que Dark Horse se prend inéluctablement aux mêmes pièges que ceux qui avaient été fatals à Curb ou The State. Les deux précédents albums de Nickelback avaient déjà tout pour énerver (formatage, répétitivité, prévisibilité, etc) mais mus par la force généreuse de Chad Kroeger, ils parvenaient tout de même à se rendre intéressants.

Les paroles, souvent originales, drôles ou justes (parfois les trois à la fois sur l’exceptionnel single « Animals » d’All The Right Reasons), n’étaient pas étrangères à ce succès et sur Dark Horse on ne peut que constater le manque d’inspiration à ce niveau. Seuls « Just To Get High » et « This Afternoon » se montrent à la hauteur de la verve simple et nord-américaine d’un Kroeger un peu trop confiant sur le grain masculin de sa voix pour se soucier de choses aussi « secondaires » que les lignes de chant, les riffs de guitare ou l’originalité de ses textes.

Dark Horse a tout du disque réalisé en pilote automatique et l’on se demande bien quel a été le rôle de Mutt Lange, pourtant si méthodique, consciencieux et tyrannique en studio… On ne saura si un quelconque choc des égos a eu lieu entre ces deux étalons du Billboard Top 200, mais le disque ne possède aucun morceau qui se rapproche un tant soit peu de la qualité des plus grands succès de Nickelback. Si cela n’empêche pas Dark Horse de révéler quelques bonnes chansons (« Next Go Round », « Something In Your Mouth », « Just To Get High » et « This Afternoon »), il laisse l’auditeur dans l’expectative. Un peu comme le fan d’Indiana Jones qui découvre l’intrigue à base d’extraterrestres du dernier volet, il y a ici comme un ingrédient de trop.

Et dans le cas des Canadiens, il s’agit sans aucun doute d’une prudence excessive. Les frères Kroeger n’avaient pas encore été sanctionnés et si Dark Horse ne leur vaut pas un avertissement de la part de leurs fans, il n’y aura plus aucun espoir d’entendre un jour Nickelback innover sur un de ses disques…

Line-up :
Chad Kroeger (chant, guitare)
Ryan Peake (guitare)
Mike Kroeger (basse)
Daniel Adair (batterie)

Discographie :
Curb (1996)
The State (2000)
Silver Side Up (2001)
The Long Road (2003)
All the Right Reasons (2005)
Dark Horse (2008)

Tracklist de Dark Horse (en gras les morceaux phares) :
1. Something in Your Mouth
2. Burn It to the Ground
3. Gotta Be Somebody
4. I'll Come for You
5. Next Go Round
6. Just to Get High
7. Never Gonna Be Alone
8. Shakin' Hands
9. S.E.X
10. If Today Was Your Last Day
11. This Afternoon

Nickelback – Dark Horse
Roadrunner
www.nickelback.com