Démarrage en force avec One million big bang’s. Rien que le titre en dit long et ne pouvait qu’exploser avec un beau riff de guitare, le plus rock de l’EP, autant le dire tout de suite. Tout ce que l’on porte en soi de vigueur et d’espoir, parfois contradictoires entre eux, se doit de s’exprimer d’une façon ou d’une autre, on se laisse submerger par cette sensation extrême parce qu’on y croit comme jamais, puis c’est le retour à la réalité et son éternel recommencement… Le refrain sera cette phase d’atterrissage. Ce morceau réussit à monter en puissance tout en proposant des plages plus posées. Le décor est planté, avec Muhadib, exit les étiquettes !
Ah ben oui, parce qu’avec It belongs to us, on sort la grosse machine de guerre mélodique, celle qui prend aux tripes et te garde dans cette savoureuse lévitation qu’on ne quitterait pour rien au monde, soulevée jusqu’aux chœurs de fin, celle avec laquelle tu t’échappes et qui t’appartient. Opus magnifiquement illustré par le clip réalisé par Cahuate Milk qui travaille sur tous les visuels du groupe. Mais le voyage est loin d’être terminé, et suspendu tu n’as pas fini de l’être car cet état ne va pas aller en s’arrangeant avec The Scales. Même les instruments et la voix de Ian semblent étranges, venus d’ailleurs. Possible que tu sois en osmose avec ton for intérieur à ce moment précis… D’aucuns seront surpris, troublés même par ce sentiment, mais laissez-vous faire, ça va bien se passer…
Bien que… Le monde aujourd’hui, nous amène justement à ne pas se laisser faire par le « système ». Un extrait on ne peut plus explicite tiré du roman d’anticipation d’Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, fera l’objet d’une pause de réflexion, et non des moindres, sur la conduite à tenir pour notre avenir. Ça n’a pas été placé là au hasard sur l’EP. Chacun en tirera ce qu’il veut, certes, mais les faits sont là. Est-il utile de rappeler que ce texte a été écrit en 1931 ? Suivra le bien nommé Chaophonics, un instrumental au clavier, comme un épilogue, ou serait-ce au contraire, comme un prélude ? A vous de voir, d’écouter, et de suivre votre idée.
Conduit de main de maître par Ryan Hewitt, producteur des Red Hot Chili Peppers, Grown up nous amène en douceur à la fin de cette belle aventure. Déjà présent sur l’EP précédent To the End qui a fait l’objet d’une interview [Scène Ouverte], le titre a été remasterisé et déploie encore toute sa beauté, celle du regard de l’enfant que nous devrions préserver, nous autres, adultes. Ryan Hewitt a remis ça avec eux récemment, ça promet !
Ce 3e EP de nos Montpelliérains, dont le line-up a changé depuis, a entièrement et soigneusement été enregistré « maison ». Son intensité prend toute son envergure sur scène. A vous de découvrir cette atmosphère qui leur est propre, riche, aérienne, captivante, pleine de rage mais aussi de générosité. Il est bon de savoir que Muhadib tire son nom d’un personnage, Muad’dib, du roman de science fiction Dune de Frank Herbert (David Lynch l’a adapté au cinéma, le groupe Toto en a fait la BO. Ceux qui me connaissent sauront pourquoi je fais cet aparté !). En l’espace d’une petite demi-heure, In Equilibrium nous aura fait faire le tour de l’univers le plus difficile à traverser, le plus inquiétant peut-être, le plus angoissant aussi, le nôtre. Je m’en vais le réécouter et m’élever, délivrée de la pesanteur, tout est question d’équilibre.
Line-up
Ian Rousset : guitare, piano, chant
Fabio Charvet : batterie
Ludovic Cres : basse, synthé, chœurs
Discographie
In Reverse (2011)
To the End (2014)
In Equilibrium (2016)
Tracklisting In Equilibrium
1. One million big bang’s (5:02)
2. It belongs to us (4:41)
3. The Scales (6:23)
4. Le monde, aujourd’hui (0:51)
5. Chaophonics (5 :23)
6. Grown up (remaster) (5:14)