Oui enfin, trio, étant donné qu’ils sont tous les trois multi-instrumentistes, on ne se contente pas d’un simple guitare-basse-batterie. Viennent s’ajouter harmonica, banjo, percus, là, quand il faut où il faut, tout en subtilité, comme toujours avec eux. Ah… mais je ne résiste pas à démarrer cette chronique par une plongée directe dans le 4ème titre, "Swimming", qui figurait déjà sur l’EP. Cette mélodie, grandiose à mon sens, qui, sans prévenir, t’enveloppe doucement, continue sa montée, ne lâche rien, puis t’embrase intégralement… Imparable. L’enivrante voix rocailleuse de Gunnar stimule ces sensations, et puisqu’il est question de se surpasser dans le texte, de faire évoluer l’être que nous sommes, c’est cohérent et une réussite totale dans l'intention.
Nul besoin d’être chercheur d’or pour trouver d’autres pépites. Rien de plus simple que de se laisser aller sur «"Daydreams" dont la batterie de David cadencera vos rêveries à belle allure. Ou bien encore de vivre intensément avec "Rainchild" jusqu’à laisser la pluie vous pénétrer jusqu’aux os. Peu importe si c’est bon ou mauvais pour vous, l’essentiel étant de ressentir. Il en est un qui a voulu partager cette intensité le temps d’un clip, c’est Hugh Coltman dont Gunwood a fait la première partie au Trianon il y a quelques mois. Les harmonies y sont subtiles et encore une fois, minutieusement travaillées. Oh et puis je vous mets au défi de ne pas chantonner "Da da da da da"…
A chaque morceau son émotion propre, chacun d’eux vous réserve une surprise, d’un son bien lourd (I Wanna betray myself) à des riffs maîtrisés (Traveling Soul, Tales), en passant par une rythmique parfaitement tenue (Hey Little Brother, Rescue) ou encore un moment d’intimité partagé (Afraid of the Dark). Bercées au son de Neil Young, Janis Joplin ou Feist, leurs influences ont néanmoins grandi avec Rage Against the Machine et Radiohead. Enfin, tout ça est bien réducteur car ces garçons sont tellement férus de musique et leur culture est si large, qu’il est malvenu de les cloisonner, d’autant qu’ils sont tout autant épris de liberté.
"Traveling Soul" est une invitation au voyage au sens propre comme au figuré, empreint de littérature (nommons Hermann Hesse entre autres) et de grands espaces. C’est aussi une ode à la vie, aux instants dont nous devrions autant que possible saliver chaque seconde, ou au moins trouver des échappatoires à la réalité. Les différents jeux de guitare et les trois voix comme un seul homme vous y aideront car les chœurs y tiennent une place prépondérante. En allant les voir en concert –parce que j’insiste, vous irez (à Rock en Seine par exemple)– vous découvrirez trois musiciens pointilleux, la présence notamment de Jeff à la basse ou à l’harmonica est enthousiasmante. Gunwood nous offre là un album riche, aux atmosphères variées et finement réalisé en grande partie par Gunnar himself. Je continue ou bien vous allez acheter cet album intemporel ?
Line-up
Gunnar Ellwanger : chant lead, guitare, claviers, percussions, chœurs
Joao Francisco ”Jeff” Preto : basse, banjo, harmonica, percussions, chœurs
David Jarry Lacombe : batterie, percussions, claviers, chœurs
Discographie
Gunwood Circle (E.P. - 2015)
Traveling Soul (L.P. – 2017)
Tracklisting Traveling Soul
1. Traveling Soul (4:00)
2. Daydreams (2:55)
3. Tales (2:49)
4. Swimming (4:11)
5. Rainchild (3 :41)
6. I wanna betray myself (3:00)
7. Sweet holy road (3 :22)
8. Hey little brother (3 :19)
9. More (3 :24)
10. Rescue (2 :56)
11. Old man song (4 :01)
12. Afraid of the dark (3 :17)