La deuxième édition des "Guitares pour l’Enfance" au profit de l’association "A chacun son Everest" s’est tenue le samedi 27 septembre dernier au Coteau près de Roanne. Chronique d’un spectacle d’une richesse musicale exceptionnelle
Le soleil était au rendez-vous pour cette seconde édition des Guitares pour L’Enfance. Et c’est tant mieux, car cette année le festival s’est déroulé en trois temps, dont le premier en extérieur, avec un concert gratuit dans les jardins de la Mairie. C'est le groupe Mok qui débute les festivités. Niko, chanteur et batteur aussi « musclé » à la voix qu’à la batterie, Pat à la guitare et Derrick à la basse nous ont offert une belle déclinaison de leurs diverses influences rock.
Puis est venu Maloh, notre « Coup de cœur » actuellement en tournée, accompagné sur scène par Bruno Cariou. Maloh est un artiste songwriter « qui monte, qui monte » depuis la sortie de son album en juin et un passage très remarqué aux Francofolies de La Rochelle entre autres. On retrouve avec plaisir les titres de son album 7200 minutes et quelques nouveautés, superbe moment de complicité avec le public, de plaisir partagé.
Parallèlement, une exposition de luthiers se tenaient dans la salle de l’orangerie avec les fabrications de Pierre-Antoine Roiron (un habitué des Guitares pour l’Enfance) et de Jérôme Casanova spécialisé dans la restauration de guitares. Celui-ci me parle avec passion de la Chittara (ancêtre de la guitare) et d'une exposition exceptionnelle en Italie, retraçant l'histoire de la guitare du début du XVIIeme siècle à la seconde moitié du XXe où l’on peut admirer des instruments d’époque et les très beaux ouds en bois précieux du luthier Alexandre Bioud.
C'est à vingt heuresque le second plateau des « Guitares pour l'enfance » débute. Fidèle à son sens artistique, Denis Vanhecke, Directeur Artistique d’Inackis (qui organise les Guitares pour l'enfance) nous a concocté une fois de plus un sympathique cocktail de musique du monde. Après un second passage plus court de Maloh, c’est Maria Grazia d’origine italienne, collaborant actuellement avec le groupe jazz rock manouche les Doigts de l’Homme, qui nous enchante par ses chansons aux accents tziganes. Allure bohémienne aux pieds nus, la toute frêle Maria que dément une voix puissante, chante en français, en Italien et en langue tzigane accompagnée à la guitare. Elle me confiera plus tard que cette orientation lui est venue tout naturellement, en écoutant des artistes tziganes, comme une évidence.
Nous ne sommes qu’au début de nos surprises, de notre voyage. Marc et Thomas Loopuyt, père et fils, tous deux oudistes prennent la suite. Ils nous emmènent loin, en Perse, en Egypte, on traverse et on s’imprègne de toutes les influences orientales dont bien sûr le Maroc où Marc Loopuyt a étudié le oud dans la tradition maghrébine et arabo-andalouse. Il nous fera d’ailleurs un petit cours fort intéressant sur la genèse de l’oud, ancêtre de la guitare. Mais la cerise sur le gâteau, c’est le Trio Soulayres qui, pour l’occasion était… quatre puisque rejoint par une jeune percussionniste très prometteuse. Dans ce groupe, chacun des membres a apporté sa culture, ses influences, ses émotions. Il en résulte un métissage de sonorités Irlandaises, latines, argentines, andalouses, des ballades au tango, guitare omniprésente bien sûr, servie par la voix exceptionnelle et envoûtante de Séverine qui n’a pas laissé le public indifférent.
Enfin, dernier temps de cette soirée, Sabaly, groupe aux accents teintés de reggae et funk. Difficile de résister à l’appel de leur musique, à ces joutes endiablées de percussions entre Isssouf Mounkoro, le chanteur et Loïc Butterlin, le très talentueux batteur/percussioniste. Ils chantent en français et en djoula (langue du Burkina Faso dont est originaire Issouf) des chansons qui prônent la paix, l’amour, la vie quoi !
Seul bémol dans une journée musicalement aussi riche, le public trop peu nombreux au regard de l'incroyable richesse de la programation. Alors quoi ? On voudrait comprendre pourquoi une sélection aussi soignée, aussi intéressante, aussi variée n’a pas déplacé plus de monde. Certes, la conjoncture actuelle n’est pas au beau fixe, mais quand même. Gardons-nous de nous laisser gagner par la « morosite » dont nos politiques nous contaminent, gardons-nous de passer du fast food au « fast-listen » sous peine de perdre l’oreille comme nous avons perdu le palais, de ne plus écouter que du bâclé, de l’insipide. Goûtons avant de dire « je n’aime pas ça », laissons-nous surprendre, découvrons et apprécions ! L’enthousiasme des spectateurs présents lors de l'édition 2008 des Guitare pour l'enfance est un encouragement à continuer dans la voie du talent et de l'éclectisme .
Le festival reviendra l’année prochaine avec une formule encore différente mais toujours surprenante et riche de talents.
Le blog des GPE : http://www.blogg.org/blog-55001.html
Écrire un commentaire