Thématiquement, l’opus prend sa source dans un essai de Salman Rushdie adressé au six milliardième habitant de la Terre. Mais, preuve que le groupe cherche à atteindre un niveau supérieur, Dredg adresse son disque au sept milliardième être humain. Une façon pour les Californiens de s’inscrire dans la durée ? Sans doute, mais le contenu de la rondelle se suffit à elle-même. A tous les niveaux, le combo s’est retrouvé et a progressé. The Pariah, The Parrot, The Delusion possède des éléments caractéristiques de tous les précédents albums mais ils sont rassemblés par une réflexion plus poussée, dopés par des idées inédites et orchestrés avec une précision diabolique.
Le plus impressionnant reste la facilité pour les quatre membres à passer des titres complètement pop – U2 n’est loin par moments (« Information », « Ireland ») – à des interludes instrumentaux typiquement progressifs (« Long Days And Vague Clues », « R U O K », « Drunk Slide ») sans jamais opérer une dichotomie dans son style. Il y a autant de profondeur dans les arpèges gentillets de « Cartoon Showroom » que dans les ambiances épiques de « Down To The Cellar » ou que dans les brûlants « Saviour » et « I Don’t Know » ou encore dans l’ambivalent opener « Pariah »… Il y a dans chacun des dix-huit titres de ce disque quelque chose à trouver et, bien que ce copieux tracklisting puisse rebuter, la facilité d’accès des mélodies sert de guide.
Alors que la plupart des groupes auraient accouché dans ces conditions de chansons pop sans véritable vocation, Dredg parvient, grâce à des utilisations savantes de slides guitares, d’un vibraphone, d’un clavier Moog, d’un violoncelle, d’un accordéon, d’un célesta et de nombreux effets de production, à créer une authentique identité sonore allant bien au-delà de tout ce que le quartette a pu faire précédemment tant au niveau de la qualité que de l’originalité. Dredg montre qu’il est possible de digérer tout ce que le mouvement néo a pu proposer, outre le chant rappé, et de repartir à la conquête de nouvelles aventures harmoniques. Cette démonstration est tout autant surprenante que puissante et administrée par un groupe qui va sans doute encore faire prendre au tout une dimension additionnelle en live. Il y a de quoi être gagné par l’impatience. Fort heureusement, avec son immense pouvoir de répétition, The Pariah, The Parrot, The Delusion a de quoi combler nos attentes dans les meilleures conditions qui soient : celles d’une écoute chatoyante, savoureuse et consistante.
Line-up :
Gavin Hayes (chant, guitare)
Drew Roulette (basse, claviers)
Mark Engles (guitare)
Dino Campanella (batterie, claviers)
Tracklist de The Pariah, the Parrot, the Delusion (en gras les morceaux essentiels) :
1. "Pariah" 4:07
2. "Drunk Slide" 1:27
3. "Ireland" 3:41
4. "Stamp of Origin: Pessimistic" 0:50
5. "Lightswitch" 3:30
6. "Gathering Pebbles" 4:59
7. "Information" 5:45
8. "Stamp of Origin: Ocean Meets Bay" 0:30
9. "Saviour" 3:56
10. "R U O K ?" 2:12
11. "I Don't Know" 3:45
12. "Mourning This Morning" 5:41
13. "Stamp of Origin: Take a Look Around" 0:58
14. "Long Days and Vague Clues" 1:52
15. "Cartoon Showroom" 4:18
16. "Quotes" 6:04
17. "Down to the Cellar" 3:41
18. "Stamp of Origin: Horizon" 2:20
Discographie :
Leitmotif (1998)
El Cielo (2002)
Catch Without Arms (2005)
The Pariah, the Parrot, the Delusion (2009)
Ohlone Recordings
Dredg – The Pariah, the Parrot, the Delusion
www.dredg.com