L'élément le plus étonnant sur cet album est la présence au tout premier plan de Don Airey. What Now?! n'était donc qu'un avant-goût. Longtemps dans l'ombre des quatre autres, Airey tient ici un rôle de vedette. Ca tombe bien puisqu'il n'avait jamais réussi à faire oublier Jon Lord. Et si Infinite est bel et bien le dernier album de Deep Purple (le groupe lui-même ne semble pas certain de cette affirmation), l'occasion était trop belle pour ne pas faire étalage de ses capacités. Autant sur les morceaux aux sonorités exotiques et aux ambitions classiques (The Surprising) que sur les chansons plus simples (One Night In Vegas), il prouve tout son talent. Autre membre du groupe très en vue : Steve Morse à la guitare. Rarement ses leads auront été aussi soignés. Les riffs comme toujours manquent de pêche par rapport à ceux de Blackmore mais l'Américain compense par un groove irrésistible.
Bob Ezrin (Alice Cooper, Lou Reed, Kiss...) rempile comme producteur sur Infinite. Et son travail paie. Sa précision sonore et les orientations blues qu'il fait prendre à Deep Purple fonctionnent parfaitement. Mais, après 15 ans à jouer ensemble sous le même line-up, le MK VIII n'a évidemment plus d'indications à suivre de personne. Alors, si la seconde moitié de l'album délaisse le hard rock et insiste fortement sur les influences blues, on peut imaginer qu'il s'agit d'une volonté commune des Britanniques plus que d'Ezrin. Pourtant, la formation de Hertford demeure plus stérile sur des chansons comme On Top Of The World ou Johnny's Band que sur des rockers tels que Time For Bedlam ou All I Got Is You. On n'accusera pas Ian Gillian, excellent dans les deux registres, mais le plaisir collectif paraît bien moindre sur la seconde partie du disque et particulièrement sur la reprise des Doors (Roadhouse Blues) dont on se serait bien passés.
Avec All I Got Is You, les choses prennent un tournant nostalgique. Heureusement, l'intro lacrymale fait place à une chanson inspirée où les duels Morse / Airey atteignent des sommets. Sur cette piste inhabituelle pour Deep Purple, on pense souvent au regretté Gary Moore qui n'avait pas son pareil pour amadouer le blues dans un cadre rock. Le solo, lui, est vibrant comme tout ce que produit Morse dans ses grands jours. C'est assez différent de When A Blind Man Cries ou Child In Time mais aujourd'hui, on voit mal Deep Purple se rapprocher davantage de ces titres qui ont bâti sa légende.
Si Infinite demeure vraiment le dernier album du groupe, il pourra partir à la retraite sans honte puisqu'il y a au moins trois ou quatre disques de moins bonne facture dans le back catalogue des Anglais. Mais en se remémorant les moments intenses de What Now?! on se dit qu'ils étaient capables de faire mieux encore.
Discographie :
- Shades of Deep Purple (1968)
- The Book of Taliesyn (1968)
- Deep Purple (1969)
- Deep Purple in Rock (1970)
- Fireball (1971)
- Machine Head (1972)
- Who Do We Think We Are (1973)
- Burn (1974)
- Stormbringer (1974)
- Come Taste the Band (1975)
- Perfect Strangers (1984)
- The House of Blue Light (1987)
- Slaves and Masters (1990)
- The Battle Rages On... (1993)
- Purpendicular (1996)
- Abandon (1998)
- Bananas (2003)
- Rapture of the Deep (2005)
- Now What?! (2013)
- Infinite (2017)
Tracklist de Infinite :
1. Time for Bedlam – 4:35
2. Hip Boots – 3:23
3. All I Got Is You – 4:42
4. One Night in Vegas – 3:23
5. Get Me Outta Here – 3:58
6. The Surprising – 5:57
7. Johnny's Band – 3:51
8. On Top of the World – 4:01
9. Birds of Prey – 5:47
10. Roadhouse Blues – 6:00
(en gras les morceaux essentiels)
Deep Purple - Infinite
Plus d'infos :
- earMUSIC
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www.deeppurple.com
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Interview de Roger Glover sur Guitariste.com