Le ton général de Kings & Queens of the Underground est étrangement calme. Les guitares acoustiques sont de sortie et Billy Idol privilégie les mid tempos ou les ballades. Ce choix s'explique par une voix qui n'a plus l'agilité d'autrefois. Elle gagne en profondeur et permet de s'attaquer à des titres plus sombres et menaçants. Hélas, certains sont terriblement insignifiants comme Nothing To Fear, One Breath Away, Love and Glory ou Eyes Wide Shut. Les mélodies semblent pondues par des compositeurs de musiques libres de droit. Idol fait de son mieux pour nous convaincre qu'il croit à ce qu’il fait : il appuie sur les nuances, prend sa plus belle voix d'insouciant rebelle, appuie sur l'accélérateur lors de quelques breaks. Rien n'y fait. Trop de morceaux ne tiennent pas debout.
C'est globalement toute la seconde partie du disque qui somnole. Seul Whiskey And Pills tente de réveiller l'auditoire en ultime recours mais trop tard. Le groupe rassemble toute son énergie pour soutenir Idol mais personne n'est dupe, pas même Stevens qui se lance pour l'occasion dans un de ses seuls véritables soli de la rondelle (le meilleur étant réservé à Postcards from the Past). Son travail, polyvalent et propre, est toujours aussi soigné mais il ne montre qu'une infime partie de son talent, à l’instar de Nuno Bettencourt quand il joue aux côtés de Rihanna.
Kings & Queens of the Underground a tout de même quelques arguments solides à faire valoir. Bitter Pill est sans doute le single dont Billy Idol aura besoin pour relancer l'intérêt autour de cet album dans quelques semaines. Mélodies pop, production acidulée signée Trevor Horn : on est loin de l'imagerie punk-cuir du rocker des années 80 mais ça fonctionne. Can't Break Me Down, premier extrait promu du disque, se lance en territoire inconnu. Visiblement, Greg Kurstin qui a produit ce morceau a pensé que son poulain pourrait se frotter à un punk rock à la Panic At The Disco. Résultat, une chanson positive mais dont le refrain s'avérera plus dangereux qu'un sachet de M&Ms pour un allergique aux cacahuètes. Niais au delà du raisonnable, Can't Break Me Down ressemble à une mauvaise blague...
En fait, seul Postcards from the Past parvient à la fois à s'inscrire dans l'héritage eighties et à aller de l'avant. Le groove prend, la machine s'emballe à mesure que les claviers montent en intensité, que les bruitages de Stevens habillent les couplets et que Billy Idol déverse une folle énergie dans un refrain simple, sobre et sulfureux. Le contraste avec le morceau éponyme est saisissant tant ce dernier est la représentation parfaite du mauvais goût, depuis les paroles jusqu'aux arrangements folk bas de gamme. Malgré tout, Billy Idol a encore la niaque comme le montrent ses dernières prestations à la TV américaine et, s'il est encore capable de nous enchanter en live avec ses classiques mélangés avec Bitter Pill et ce fabuleux Postcards from the Past, ce sera amplement suffisant pour notre bonheur.
Line-up :
Billy Idol (chant)
Steve Stevens (guitare)
Stephen McGrath (basse)
Billy Morrison (guitare)
Erik Eldenius (batterie)
Paul Trudeau (claviers)
Discographie :
Billy Idol (1982)
Rebel Yell (1983)
Whiplash Smile (1986)
Charmed Life (1990)
Cyberpunk (1993)
Devil's Playground (2005)
Happy Holidays (2006)
Kings & Queens of the Underground (2014)
Tracklist de Foundations of Kings & Queens of the Underground (en gras les morceaux essentiels) :
1. Bitter Pill
2. Can't Break Me Down
3. Save Me Now
4. One Breath Away
5. Postcards from the Past
6. Kings & Queens of the Underground
7. Eyes Wide Shut
8. Ghosts in My Guitar
9. Nothing to Fear
10. Love and Glory
11. Whiskey and Pills
Billy Idol - Kings & Queens of the Underground
BFI Records
www.billyidol.net