Que ce soit Dillinger Escape Plan, Mastodon ou Between The Buried And Me, les groupes de metal barré américains finissent tous, après quelques années plus ou moins longues à se complaire dans l’extrême, par sortir un disque plus posé et cohérent que les autres. Pour les derniers cités, ce moment arrive avec The Great Misdirect, l’album le plus homogène et progressif de leur discographie. Il se trouve également être leur plus intéressant. Alors à tous ceux qui avaient vu en Colors une magnifique réussite : préparez-vous à redéfinir vos références.
De prime abord, Between The Buried And Me a simplement troqué une partie de ses principales influences contre d’autres. Dream Theater arrive en tête des ressemblances et quasiment aucun des nombreux passages instrumentaux de The Great Misdirect ne fait penser au jeu de basse de John Myung et / ou au shred contenu de John Petrucci. Heureusement, Between The Buried And Me se montre sacrément inspiré sur les six compositions et ne met jamais en péril l’intérêt de l’auditeur malgré des titres de dix minutes en moyenne. De plus, il rehausse systématiquement le tempo lorsque les mélodies clonent un peu trop la bande à Mike Portnoy. Le groupe rappelle alors que des noms tels que Morbid Angel et Napalm Death ne sont pas étrangers à sa culture.Autre évolution : les passages calmes. Plus olympienne, la musique du combo prend le temps de développer les ambiances alors qu’elle ne faisait que les mélanger, avec une certaine part d’aléatoire, par le passé. « Mirrors », « Desert Of Song » et la sublime partie acoustique de « Disease, Injury, Madness », où plane le lointain fantôme d’Opeth, renvoient plus ou moins directement à la scène grunge et à Alice In Chains en particulier dans leurs interprétations tout en émotion.
Morceau le plus proche de l’ancien Between The Buried And Me, « Fossil Genera – A Feed from Cloud Mountain », mixe avec une approche quasi « DJesque » des genres n’ayant sur le papier pas grand-chose à voir, seulement reliés entre eux par une performance vocale de Tommy Giles Rogers de premier choix. Sur ce titre uniquement il nous convainc d’être l’homme de la situation pour remplacer un Danny Elfman invité sur un disque de Fantômas tout en se montrant le plus menaçant du monde avec des growls hardcore meilleurs que jamais. Le final, symphonique et hasardé, achèvera d’attester du talent de ce quintette aux marques stylistiques inhabituelles.
En dépit des grands progrès et pas en avant effectués par Between The Buried And Me sur ce cinquième album, le groupe tombe peu ou prou dans les mêmes travers, à savoir qu’à force de multiplier les références, les clins d’œil, voire les plans pompés, il peine à imposer une authentique patte musicale alors qu’il possède toutes les qualités pour y arriver et s’imposer comme un chef de file. Toutefois, The Great Misdirect, mieux que jamais, se recentre sur les forces des Américains – en augmentant l’importance des passages faisant appel à un toucher fin et en poussant plus loin encore les parties heavy – et trace ainsi pour ses géniteurs une voie royale vers l’excellence.
Line-up :
Tommy Giles Rogers (chant, claviers)
Paul Waggoner (guitare)
Dustie Waring (guitare)
Blake Richardson (batterie)
Dan Briggs (basse)
Tracklist de The Great Misdirect (en gras les morceaux essentiels) :
1. Mirrors 3:38
2. Obfuscation 9:15
3. Disease, Injury, Madness 11:03
4. Fossil Genera - A Feed from Cloud Mountain 12:11
5. Desert of Song 5:34
6. Swim to the Moon 17:54
Discographie :
Between the Buried and Me (2002)
The Silent Circus (2003)
Alaska (2005)
The Anatomy Of (2006)
Colors (2007)
The Great Misdirect (2009)
Between The Buried And Me – The Great Misdirect
Victory Records
www.betweentheburiedandme.com
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