Deuxième mouvement pour Alissa White-Gluz au sein d'Arch Enemy et première expérience studio avec ses nouveaux copains suédois pour l'ex-Nevermore Jeff Loomis, Will To Power est une sorte de bande-son pour le développement personnel. Chaque note de l'album semble avoir été créée pour soutenir un effort sportif, pour se défouler après un coup dur, pour s'encourager avant une prise de parole en public... Bref, Arch Enemy va de plus en plus loin dans ses gimmicks introduits en 2001 sur Wages Of Sin et se transforme peu à peu en parodie de lui-même.

L'apport d'Arch Enemy à la scène metal est indéniable. Il a été un des premiers groupes à mélanger avec succès death et mélodies tout en affichant un niveau technique des plus impressionnants. Mais, en affadissant progressivement sa musique et en répétant les mêmes schémas musicaux à l'infini, il a peu à peu perdu son pouvoir de séduction. Le départ d'Angela Gossow aurait pu donner de nouvelles envies mais il n'en est rien. Michael Amott balance ses leads avec la même prévisibilité qu'un solo de Slayer. Will To Power est le dixième album d'Arch Enemy et, malgré une relative fraîcheur due aux récentes recrues, il n'aura d'intérêt que pour ceux qui ont oublié (ou n'ont jamais entendu) leur back catalogue.

Les choses commencent pourtant assez bien. The Race et surtout Blood In The Water auraient pu placer le groupe sur la voie du succès. Blood In The Water s'appuie sur un des seuls riffs mémorables de l'opus et un refrain old school énergisant mais pas banal. Amott et Loomis parsèment le titre de leurs guitares thrash avec un dynamisme contagieux. Si Arch Enemy veut mettre de l'eau dans son vin, cela devrait davantage passer par des chansons de ce type plutôt que par les autres exemples de ce millésime...

En effet, les plages suivantes prennent un tournant dramatique. The Eagle Flies Alone étire une mélodie enfantine sur une durée qui paraît infinie avant de laisser place à un refrain digne de la première chanson écrite par un groupe d'adolescents qui découvrent leurs instruments. En termes de qualité et de tics musicaux insupportables, on se situe à peu près au même niveau que le Manowar des années 2000. Reason To Believe parvient à faire pire en compilant un nombre inédit de clichés dans une seule chanson. Faire écouter ce morceau à quelqu'un qui ne prend pas le metal au sérieux ne pourra que le conforter dans ses croyances. Paroles, rythmiques, guitares : tout se situe au ras des pâquerettes. Dans ces conditions, on se demande combien de temps va tenir Jeff Loomis dont le talent est sous-exploité et la présence à peine discernable derrière l'envahissant Amott.

Le reste de l'album se situe dans la norme attendue, ni plus ni moins. Le quintette déploie son savoir-faire sans jamais prendre le moindre risque. Les leads et soli s'efforcent d'être le plus joyeux possibles tout en rappelant des sonorités déjà utilisées. Au chant, White-Gluz apporte un semblant de nouveauté avec une voix moins rauque et plus insidieuse que celle de Gossow. C'est insuffisant pour un groupe avec vingt ans de carrière. La routine semble avoir usé la créativité d'un Amott aujourd'hui plus à son avantage au sein des Spiritual Beggars. Espérons qu'une bonne surprise nous attende dans les années à venir car, pour l'heure, Arch Enemy passe complètement à côté de son sujet.

Discographie :

 - Black Earth (1996)
 - Stigmata (1998)
 - Burning Bridges (1999)
 - Wages of Sin (2001)
 - Anthems of Rebellion (2003)
 - Doomsday Machine (2005)
 - Rise of the Tyrant (2007)
 - Khaos Legions (2011)
 - War Eternal (2014)
 - Will to Power (2017)

Tracklist de Will To Power :

 1. Set Flame to the Night
 2. The Race
 3. Blood in the Water
 4. The World Is Yours
 5. The Eagle Flies Alone
 6. Reason to Believe
 7. Murder Scene
 8. First Day in Hell
 9. Saturnine
 10. Dreams of Retribution
 11. My Shadow and I
 12. A Fight I Must Win
(en gras les morceaux essentiels)

 

Arch Enemy – Will To Power
Century Media
archenemy.net

 

Arch Enemy - Will To Power