Le parcours d'Anathema foisonne d'idées que le groupe ne s'amuse que très rarement à exprimer deux fois. Contrairement à ce qu'affirme Nicolas Sarkozy, là où la mer est passée, pour les frangins Cavanagh, elle ne repassera pas. Les dix albums produits forment donc une masse progressive qui commence comme un cri désespéré et s'achève dans un éclat de beauté. Distant Satellites rappelle énormément Weather Systems. Mais les nouveautés sont bien présentes. Le ton est plus réjouissant et les influences électroniques n'hésitent plus à prendre un rôle prépondérant dans le ton global. Toute la seconde moitié de l'album est marquée par des touches éthérées, réellement sublimes, jusqu'au point culminant de Take Shelter, proche de Sigur Ros. Ces incursions sont mises en valeur par les premiers titres bien plus traditionnels.
The Lost Song, divisé en trois parties, fait forcément penser à Untouchable. Lee Douglas interagit avec Vinnie, les montées d'intensité donnent lieu à quelques frénétiques parties rythmiques, le piano temporise... On est en terrain connu. Pour autant, l'exécution est soignée et les émotions se transmettent aisément. La première partie de la trilogie est la plus lyrique tandis que son final est le plus rock. La deuxième partie, quant à elle, joue un peu trop directement la carte de la facilité, tout l'inverse de l'étonnant Anathema.
Alors que cette dénomination typée metal aurait pu faire un excellent titre de morceau sur Serenades ou The Silent Enigma, c'est dans la troisième décennie de sa carrière que le groupe décide, comme Iron Maiden, Motörhead, Talk Talk ou Black Sabbath avant lui, de se doter d'une chanson éponyme. Dans ces cas-là, l'erreur est impardonnable. Heureusement, il s'agit d'un futur classique. La mélodie de piano hypnotise dès l'intro alors que les cordes font leur apparition. Le chant déverse tout ce qu'il peut contenir de sentiments en six minutes quarante. L'interprétation exceptionnelle renvoie au sommet artistique qu'était The Beginning And The End sur Weather Systems. Dans la seconde partie du titre, la guitare se libère, relâchée et spontanée, sur un crescendo parfait. Le nouveau « showstopper ».
Autre grosse claque : Distant Satellites où le groupe semble avoir collaboré avec Ulver. Même ambiance dark électro. Un piano lugubre au loin. Le chant limpide de Vinnie nous ramène en territoire connu. Son « so let it take me away / oh i'm alive i'm alive i'm alive inside of here » n'a pas fini de tourner dans votre tête. Si dans Gravity, George Clooney et Sandra Bullock étaient partis dans l'espace pour animer une émission de radio, ce morceau serait leur générique. A mi-chemin, nous avons droit à l'habituelle rupture qui dématérialise complètement le morceau et l'élève encore plus.
Anathema traverse les époques en se réinventant : voilà pourquoi on ne se lassera jamais de ce qu'ils proposeront. Certains disques sont moins marquants que d'autres, Distant Satellites fait partie du haut du panier et confirme à nouveau que les anglais traversent leur meilleur période depuis leur formation.
Line-up :
Daniel Cavanagh (chant+guitare+claviers)
Jamie Cavanagh (basse)
Vincent Cavanagh (chant+guitare+claviers)
John Douglas (batterie)
Lee Douglas (chant)
Daniel Cardoso (claviers)
Discographie :
Serenades (1993)
The Silent Enigma (1995)
Eternity (1996)
Alternative 4 (1998)
Judgement (1999)
A Fine Day to Exit (2001)
A Natural Disaster (2003)
We're Here Because We're Here (2010)
Weather Systems (2012)
Distant Satellites (2014)
Tracklist de Distant Satellites (en gras les morceaux essentiels) :
1. The Lost Song part 1 (5'53)
2. The Lost Song part 2 (5'47)
3. Dusk (Dark Is Descending) (5'59)
4. Ariel (6'28)
5. The Lost Song part 3 (5'21)
6.
Anathema (6'40)
7. You're Not Alone (3'26)
8. Firelight (2'42)
9.
Distant Satellites (8'17)
10.Take Shelter (6'07)
Anathema – Distant Satellites
KScope
www.anathema.ws