No Grave But The Sea, cinquième opus d'Alestorm, comme autant de Pirates des Caraïbes, ne perd pas une seconde pour démarrer : le titre éponyme se lance tel un boulet de canon. Le torse du capitaine est bombé, les requins patientent sous la planche, les forbans s'agitent sur le pont, l'alcool coule à flots... Les mêmes images défilent sans se ternir au cours d'une chanson d'Alestorm et celle-ci ne fait pas exception. Le ton est donné. Cap sur l'aventure !
Sur les neuf pistes suivantes, Alestorm va se démener pour nous faire rire (Mexico, Fucked With An Anchor) tout en repoussant de quelques millimètres les limites stylistiques de son metal folklorique (To The End Of The World, Alestorm, Treasure Island). Le très concluant intermède Gloryhammer a laissé des traces dans la musique du quintette. Ses compositions deviennent diablement épiques et feraient parfois passer les riffs d'Amon Amarth ou les envolées symphoniques de Rhapsody Of Fire pour de la musique de supermarché. Les deux pistes les plus longues sont remplies de chœurs flamboyants et de changements de rythme dynamiques. Le capitaine Chris Bowes semble de plus en plus intéressé par les "vrais" morceaux plus que par la déconne outrancière. Si To The End Of The World passe un peu à côté de son sujet à cause d'une baisse de régime mélodique, Treasure Island parvient à transformer l'essai et met une sympathique touche finale à un album chantant au possible.
Toutefois, Alestorm n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est totalement prévisible. Mexico, que les fans ont déjà pu découvrir en live, commence très fort avec son intro en MIDI. Néanmoins, le refrain est la pépite de l'album. Impossible de l'oublier dès la première occurence. Les paroles, éternellement bloquées dans les mêmes crédos, résument en une phrase toute la raison d'être des Ecossais : "a pirate life is simple: we drink and steal and kill". Heureusement le public, quand on lui livre d'aussi bonnes raisons de faire la fête, n'est pas bien plus compliqué : razzia de Corona et en avant ! Loin d'en rester là, No Grave But The Sea fournit au groupe un morceau à son nom, comme Iron Maiden, Black Sabbath ou Motörhead avant lui, et il ne rate pas l'occasion de le rendre mémorable. Alestrom, dans ses couplets, flirte avec le hardcore avant de retomber sur ses pieds pour un refrain digne d'une bourrée auvergnate.
Bien que leur qualité ait tendance à augmenter avec le temps, les albums d'Alestorm ne feront jamais l'unanimité. Ils n'ont aucune considération pour l'ambition artistique ou l'expérimentation et se concentrent à 100% sur le fun. Mais, en ces temps troubles et incertains, la meilleure réponse ne serait-elle pas de tout plaquer pour devenir flibustier ? Répondez par la négative et ce sera la planche pour vous, marins d'eau douce !
Discographie :
- 2008 : Captain Morgan's Revenge
- 2009 : Black Sails at Midnight
- 2011 : Back Through Time
- 2014 : Sunset on the Golden Age
- 2017 : No Grave But The Sea
Tracklist de No Grave But The Sea :
1. No Grave But The Sea 3:30
2. Mexico 3:10
3. To the End of the World 6:43
4. Alestorm 3:56
5. Bar und Imbiss 4:11
6. Fucked with an Anchor 3:27
7. Pegleg Potion 3:54
8. Man the Pumps 5:51
9. Rage of the Pentahook 3:07
10. Treasure Island 7:48
(en gras les morceaux essentiels)
Alestorm – No Grave But The Sea
Napalm Records