On vous parlait ce mois-ci du chant du cygne de Pink Floyd avec The Endless River. Se pourrait-il qu'AC/DC suive le même chemin sans vraiment l'avoir choisi ? Conçu avec Malcolm Young, Rock Or Bust a dû être enregistré par son neveu, Stevie Young, qui accomplit un travail de mimétisme exceptionnel. Mais entre jouer sur un disque d'AC/DC et le composer, il y a une nuance de taille sur laquelle cet opus ne se prononce pas. Bien entendu, le quintette n'est pas l'exemple typique de créativité, remettant à plat tout ce qu'il sait faire à chaque session, mais la formule automatique de leur musique résulte d'un savoir-faire éprouvé. Pas sûr qu'un élément extérieur, même de la famille, soit le bienvenu.
Toujours est-il que Rock Or Bust contient tout ce que les fans voulaient. Des fans qui ont depuis The Razors Edge appris à vivre avec des sorties parcimonieuses. C'est grâce à ce rythme peu élevé que leur tolérance augmente à l'égard de morceaux comme le titre éponyme usant successivement de tous les codes du groupe. Simple et classique comme un ouvreur d'AC/DC, il ne surprend en rien mais montre que Brian Johnson n'a rien perdu de son mordant. Play Ball et sa touche bluesy est une vitrine pour le jeu d'Angus Young. Là non plus, aucun choc. Tout juste une exécution au poil et une énergie communicative. Les copieurs auront beau imiter : seule la bande des Young est capable de remuer un stade avec son rock optimisé.
La choix de la durée courte de la galette était intéressant. Black Ice se perdait dans une longueur excessive et le remplissage : avec trente-cinq minutes d'action, le curseur passerait à coup dans la zone « intense ». Parti perdu. Certes, on s'ennuie moins que lors de Black Ice mais en dehors des deux premières pistes et de quelques bonnes surprises un peu plus loin (Got Some Rock & Roll Thunder, Baptism By Fire), il y a peu de pistes capables de viser une place sur la setlist de la prochaine tournée. Pire, on aime à jouer aux associations entre les nouvelles compositions et d'autres issues du back catalogue (au hasard un solo copié sur Hell's Bells, un hook à la Black In Back, une progression mélodique dans le genre de Anything Goes, etc.).
Les efforts déployées, honorables, ne suffisent pas à faire de ce disque une pierre angulaire de la carrière d'AC/DC. Même avec toute l'indulgence du monde, on ne peut trouver grand chose de réellement positif sur ce disque et surtout rien qui permette encore au groupe d'aller de l'avant. Finalement, on retiendra davantage Rock Or Bust pour tout le cirque médiatique qui a entouré sa conception et sa sortie que pour sa valeur réelle.
Line-up :
Brian Johnson (chant)
Angus Young (guitare)
Stevie Young (guitare)
Cliff Williams (basse)
Phil Rudd (batterie)
Discographie :
High Voltage (1975)
TNT (1975)
Dirty Deeds Done Dirt Cheap (1976)
Let There Be Rock (1977)
Powerage (1978)
Highway to Hell (1979)
Back in Black (1980)
For Those About to Rock We Salute You (1981)
Flick of the Switch (1983)
Fly on the Wall (1985)
Blow Up Your Video (1988)
The Razors Edge (1990)
Ballbreaker (1995)
Stiff Upper Lip (2000)
Black Ice (2008)
Rock or Bust (2014)
Tracklist de Rock Or Bust (en gras les morceaux essentiels) :
1. Rock or Bust 3:04
2. Play Ball 2:47
3. Rock the Blues Away 3:24
4. Miss Adventure 2:57
5. Dogs of War 3:35
6. Got Some Rock & Roll Thunder 3:22
7. Hard Times 2:44
8. Baptism by Fire 3:30
9. Rock the House 2:42
10. Sweet Candy 3:09
11. Emission Control 3:41
AC/DC – Rock Or Bust
Columbia
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