Sparks était le premier tournant dans la carrière de Fiction Plane. Il transformait un groupe de rock capable d'écrire un ou deux bons titres (Sisters, It's A Lie...) en un combo expérimentant avec intelligence et réalisant un quasi sans faute. Misant énormément sur des influences périphériques (funk, électro, folk...) pour doper son rock, Joe Sumner avait réussi son pari. Il avait fait décoller Fiction Plane artistiquement. Commercialement, en revanche, le groupe est toujours resté en retrait. L'énergie qu'il déployait n'avait été récompensée que par des succès d'estime et des représentations dans des salles de taille bien trop réduite pour ce rock qui, avec des titres comme Zero, Talking ou You Know You're Good (La La La Song), avait des prétentions de stade.
Avec ce souvenir en tête, Mondo Lumina a de quoi surprendre. Là où chaque titre de Sparks tentait de proposer quelque chose de différent, ce nouvel effort s'attache plutôt à être cohérent. Exit le rock aux riffs dynamiques : place à des titres plus doux voire apaisants (Places, Listen). Le ton global baigne dans des atmosphères acoustiques, des claviers rétro et n'est pas sans rappeler certaines chansons de Travis voire des débuts de Coldplay. Fiction Plane a perdu en mordant. Le groupe tente de compenser par davantage de sensibilité. Cela fonctionne très bien sur Where Do We Go From Here ou Walk Through The Fire et leurs élans mélodiques mais le plus souvent on flirte dangereusement avec la soupe pop.
Malgré tout, les trois musiciens ont du métier. Ils ont sans doute plus réfléchi à ces dix titres qu'il n'y paraît de prime abord. Ainsi, Real Life, dont les couplets laissaient présager du pire, se relance avec un refrain dansant. La même chose est valable pour Flesh And Bone. Joe Sumner se lâche, toujours dans son style inimitable, mixture de flegme et de fougue où l'on ne sait jamais d'avance qui aura le premier rôle. Dommage quand même que Pete Wilhoit à la batterie et le guitariste Seton Daunt n'aient,eux, pas souvent l'occasion de se mettre en avant. On se souvient de leurs qualités techniques. A aucun moment ils ne trouvent une composition suffisamment riche pour briller autrement que par un rôle de support. Sur No One But You, on a même un peu mal pour eux tant ce titre aux relents folk fait penser à une musique charcutée clandestinement dans un wagon de métro parisien.
Mondo Lumina ressemble à un pas en arrière. Jamais Fiction Plane ne capitalise sur son excellent travail de Sparks. Cela n'empêche nullement l'album d'être agréable à l'oreille mais on attendait beaucoup mieux qu'une quarantaine de minutes de pop rock linéaire. Elles s'enchaînent facilement, sans grand relief ou baisse de régime en dehors de cet horrible No One But You. Plus qu'autre chose, elles nous font regretter que les quatre ans de gestation n'aient pas débouché sur une œuvre un peu plus grandiose.
Line-up :
Joe Sumner (chant+basse)
Seton Daunt (guitare)
Pete Wilhoit (batterie)
Discographie :
Everything Will Never Be Ok (2003)
Left Side of the Brain (2007)
Sparks (2010)
Mondo Lumina (2015)
Tracklist de Mondo Lumina (en gras les morceaux essentiels) :
1. Where do we go From Here3:51
2. Flesh and Bone4:12
3. Real Life3:02
4. Listen4:22
5. No one but you2:21
6. Walk Through the Fire2:56
7. Refuse4:30
8. First Time4:15
9. In my Shoes3:37
10. Places3:33
Fiction Plane – Mondo Lumina
Verycords
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