45 stands, majoritairement des luthiers, plus quelques artisans, 120 guitares présentées et 35 mini-concerts (démonstration de deux guitares par concert) ont pu régaler les yeux et les oreilles de 1500 visiteurs passionnés de belles guitares venus de toute la France spécialement pour l’événement, mais pas que … Le salon Graine de Guitare sera aussi, nous l’espérons, le berceau d’actions concrètes menées par l’APLG (Association Professionnelle des Luthiers en Guitare) fondée il y a quelques mois à l’initiative de Jacques* Carbonneaux dont l’élection du président a eu lieu au cours de ce week end.
Premier salon du genre : Pari gagné haut la main !
Le soleil s’est mis de la partie, inondant de lumière et de ses chauds rayons le cadre enchanteur de l’évènement. A l’extérieur, on peut tout à loisir profiter de l’ombre des grands arbres ou se rapprocher de la scène pour écouter de plus près les artistes venus jouer sur les 120 guitares exposées. 70 d’entre elles passeront par les mains de guitaristes talentueux : Brice Delage, Alice Decoin, Patrick Rondat, François Scortino, Pierre Kamlo, Ihab Radawn, Ruddy Meicher, Frédéric Favarel, Frédéric Monino, Gilles Coquard, José Fallot, sans oublier Adrien Janiak véritable prodige du ukulélé. Les organisateurs tout comme les bénévoles n’ont pas ménagé leur peine pour faire de cette première édition une vraie réussite. Tout y est pensé pour le confort et le plaisir de tous et pour valoriser individuellement le travail de chacun des participants (photos professionnelles, vidéos entre autres).
Au cœur du domaine, le pavillon des artisans abrite 45 exposants, luthiers ou fabricants, venus de tout l’hexagone et même de la Réunion. Et là, c’est une explosion de talents divers qui s’offre à nous à travers les guitares exposées et les produits novateurs, la confirmation d’un véritable savoir-faire français, non seulement dans la conception et la fabrication même de l’instrument mais également dans la recherche technique et dans l’innovation, avec la présentation du projet PAFI du Pôle Innovation de l’ITEMM. Certains de ces luthiers peuvent être fiers d’être allés au-delà de la conception et d’avoir révolutionné la lutherie traditionnelle (tels
Gérard Audirac,
Christophe Leduc, Jean-Yves Alquier, Fred Kopo,
Julien Régnier et
Nicolas Wilgenbus, entre autres), d’autres comme la luthière
Gaëlle Roffler ont entamé des recherches scientifiques sur l’acoustique, d’autres encore ont créé de nouvelles techniques, de nouveaux produits.
Pourtant, si l’accueil de ces exposants est plus que chaleureux, une chose néanmoins me frappe dans leur discours : c’est une corporation qui souffre d’un manque de moyens énorme pour exercer dans des conditions optimales et promouvoir leur métier. Le domaine de la musique si peu considéré en France y serait-il pour quelque chose ?
Alors une question se pose. Pourquoi ce savoir-faire bénéficiant pourtant d’une reconnaissance internationale s’exporte t-il si peu, si mal ? Pourquoi les ventes de la production de guitares artisanales françaises hors de nos frontières restent-elles proches de l’électrocardiogramme plat ? On exporte largement nos vins, notre gastronomie, notre haute couture mais quid de nos guitares artisanales ?
Un soutien défaillant à l’artisanat français
Une première explication pointe son nez à l’écoute de ces luthiers, de leurs difficultés quotidiennes : le manque de soutien des pouvoirs publics de notre propre pays. Certes, il est dans l’air du temps de vouloir mettre en avant l’artisanat français mais concrètement qu’en est-il ? Sont-ils vraiment pris au sérieux et reconnus à leur juste valeur ? Alors que la lutherie suscite l’intérêt de scientifiques en acoustique renommés (Itemm et les divers laboratoires français de recherche acoustique qui sont les premiers au monde à proposer autant de projets liés à la facture instrumentale dans son ensemble) et donne lieu à divers travaux et découvertes, est-il normal que dans le même temps on laisse ces artisans investir seuls dans le développement d’une activité pourtant porteuse en termes d’apprentissage des jeunes, cheval de bataille de nos gouvernements successifs ? Est-il normal que des subventions soient refusées à des demandeurs offrant pourtant toutes les garanties de sérieux au simple motif que leur statut ne « rentre pas dans les cases »? Est-il normal que les investissements en machines-outils indispensables à l’activité restent entièrement à la charge de ces artisans quand on sait les gabgis qui ont cours par ailleurs ?
La réponse à ces dernières questions semble venir du manque de communication de ces luthiers, de leur isolement faute de temps et de moyens car l’intérêt du public est bien là et le succès de Graines de Guitare l’a encore prouvé.
C’est pour fédérer ces artisans, pour inciter les pouvoirs publics à une reconnaissance concrète et financière de leur métier, autant que pour les aider à valoriser leur travail auprès du public que l’APLG est née et a organisé, dans le cadre de Graines de Guitare, son Assemblée Générale pour l’élection de son Comité d’Administration et de son bureau.
L’Association Professionnelle des Luthiers en Guitare (APLG)
Née en avril dernier, l’APLG a pour vocation de soutenir, encadrer et valoriser la production artisanale de tous instruments à cordes pincées ainsi que les produits artisanaux s’y rapportant.
Pour ce faire, l’association oeuvre au rapprochement des artisans avec divers scientifiques en recherche acoustique en vue d’utiliser le fruit de leurs travaux respectifs pour l’innovation. Elle permet de faciliter la connexion avec le consommateur final en les aidant à communiquer plus largement sur leurs fabrications et surtout, par les actions concrètes qu’elle entreprend (création de salon ou co-organisation sur ceux existants), à faire entendre la voix de toute une profession auprès des pouvoirs publics.
L’Association est ouverte à tous les amoureux de la guitare et des instruments à cordes pincées en général, professionnels ou non, qui souhaitent participer à l’essor d’une profession sous-estimée. Elle va prochainement créer un nouveau collège de membres : les membres guitaristes qui pourront, avec leur carte d’adhérent à l’APLG, bénéficier de nombreux avantages dans les ateliers des luthiers membres.
Nous avons eu la chance de pouvoir assister à cette réunion où les volontés et énergies des uns et des autres, exposants et membres du CA, nous ont paru très prometteuses pour faire bouger les choses. A suivre donc…
Graines de Guitare 2013 est reparti mais il reviendra à coup sûr en 2014.
D’ici là, si vous avez loupé Graines de Guitare 2013 et que les images et vidéos vous ont donné envie d’aller à la rencontre de ces faiseurs de merveilles, si vous avez envie de leur témoigner votre intérêt, rendez-vous aux
Automnales de Ballainvilliers (91) en septembre et au
Festival Guitare d’ Issoudun (36) en octobre (avec Al Di Méola et Biréli Lagrène entre autres s’il vous plaît !).
Plus d'infos sur
le reportage du site Laguitare.com